AFRIQUE - EN TOUTE FIERTÉ

PORTRAITS DE TROIS « CRIMINELS »

Faites connaissance de Denis, George et Mary - autant de criminels, au regard de la loi kényane. Ce sont en réalité des militants des droits humains, ciblés pour ne pas avoir dissimulé leur orientation sexuelle.

Se faire attaquer par des inconnus parce qu’on tenait la main de son compagnon dans un bus. Être exclue de son école ou rouée de coups pour s’être conduite de façon « trop masculine ». Sortir d’une fête et rencontrer des policiers qui vous disent : « Nous savons que vous êtes gay - donnez-nous de l’argent, ou nous vous inculpons pour ivresse sur la voie publique. »

C’est la réalité quotidienne si, comme Denis, George et Mary (photographiés ici) vous vivez au Kenya et que vous êtes lesbienne, ou gay, ou bisexuel, ou transgenre, ou intersexué (LGBTI). Ou si quelqu’un pense que c’est le cas.

Au Kenya et dans d’autres pays de l’Afrique subsaharienne, des gens sont harcelés, marginalisés, victimes de discriminations et agressés à cause de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Les personnes qui s’efforcent de protéger les droits des LGBTI s’exposent également à des risques permanents.

Le Kenya fait partie des 38 pays d’Afrique où les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont une infraction pénale. Cela revient à dire que la discrimination est acceptable, qu’il est justifié de faire peur à quelqu’un ou de le harceler à cause de son identité, bref, que les droits humains ne s’appliquent pas aux LGBTI. Amnesty International fait campagne pour mettre fin à cette situation dans toute l’Afrique.

Pour en savoir plus, voir notre nouveau rapport, Quand aimer devient un crime, cliquez ici

@ Pete Muller

MARY, 30 ans, (ci-dessus) est bénévole dans le groupe de défense des droits des LGBTI Minority Women in Action. Un des buts du groupe est de renforcer les capacités sociales et professionnelles des femmes LGBTI. En acquérant de nouvelles compétences, elles peuvent obtenir des moyens de subsistance, prendre en charge leur propre vie et aider d’autres femmes qui vivent des problèmes similaires.

« Je suis lesbienne, j’ai un fils. Je vis positivement depuis onze ans. J’aime beaucoup l’art et l’artisanat. Avec l’aide de ma compagne, j’ai fabriqué une quantité de petits tapis, qui constituent ma source de revenus. »

www.minoritywomeninaction.co.ke

@ Pete Muller

DENIS, 26 ans, (ci-dessus, assis) est un militant gay basé à Nairobi. Il est rédacteur en chef d’Identity Kenya, service d’information pour les minorités sexuelles et de genre, et il a été le porte-parole de Gay Kenya, organisation LGBTI.

« La presse parle souvent de moi. J’ai reçu d’innombrables menaces de mort, par courriel, au téléphone ou sur Facebook. L’une d’elles disait : “On m’a chargé de te tuer”. J’ai aussi été obligé de quitter mon logement à plusieurs reprises. Dans le premier cas, les voisins ont envoyé une lettre qui disait : “Nous soussignés, habitants de l’immeuble, parce que nous savons que vous êtes homosexuel et que vous allez vous en prendre à nos enfants, nous vous donnons trois jours pour partir, après quoi nous appellerons des "boys" pour qu’ils vous chassent.”

Je ne savais pas où aller. C’était très compliqué. Je n’avais pas d’argent pour me loger ailleurs, et j’avais coupé les ponts avec ma famille.

J’ai été agressé deux fois par des inconnus - une fois dans un matatu [un bus] où je tenais la main de mon compagnon. La deuxième fois, je marchais dans la rue et quelqu’un m’a reconnu et m’a lancé des pierres. J’ai pris contact avec le Protection Desk du Kenya (protectioninternational. org), et ils m’ont donné une formation accélérée en sécurité personnelle. La sécurité personnelle, c’est une zone grise. Comment peut-on défendre ses droits si on ne prend pas position publiquement ? »

www.identitykenya.com

@ Pete Muller

GEORGE, 22 ans, (ci-dessus) milite au sein du groupe Out in Kenya.

« Je suis gay, et je vis positivement avec le VIH, à Nairobi. Les gens disent de moi que je suis un jeune homme discret, mais je suis très franc et je m’exprime clairement pour ce qui est de mes préférences sexuelles. Je suis un ancien chanteur de gospel et un mannequin. J’ai dû renoncer à ma carrière en 2011 après qu’un journal local a révélé que j’étais gay.

Ma famille n’a pas pu faire face à ce scandale et m’a désavoué. J’ai mis fin à mes études et je me suis enfui vers la grande ville.

J’avais à peine de quoi vivre, je me couchais le ventre vide et parfois je dormais dehors. J’avais l’impression d’être déjà mort. En 2012, j’ai appris que j’étais séropositif au VIH. Le monde s’effondrait pour moi.

Denis, du groupe Out (photo à gauche) m’a aidé, il a trouvé un conseiller pour s’occuper de moi, et j’ai obtenu un emploi chez Out in Kenya. Je suis chargé de la boutique, et je suis le porte-parole du groupe. Je ne pense plus au passé.

Comme je dis toujours, on n’a pas besoin de tout avoir, on a seulement besoin de donner quelque chose. Je voudrais que le monde devienne meilleur, qu’il existe un traitement pour le sida, et je voudrais ne plus être forcé de me présenter en disant : “Salut, je m’appelle George et je suis gay”. »

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