Féminicides au Mexique : la double peine du deuil et de l’impunité

Le féminicide : l’assassinat d’une femme... parce qu’elle est une femme. Au Mexique, ces crimes barbares relèvent du quotidien et restent souvent impunis, infligeant aux proches, qui portent déjà le lourd fardeau du deuil, des souffrances additionnelles multiples.

Le 28 octobre dernier marquait le dixième anniversaire du féminicide de Karla Pontigo, cette jeune femme violée et grièvement blessée sur son lieu de travail, qui a succombé à ses blessures le lendemain de l’agression. Dix ans plus tard, le crime reste encore impuni : aucune investigation n’a été menée sur les responsables des irrégularités dans l’enquête et la famille de Karla n’a toujours pas obtenu justice.

Cette histoire, c’est tristement celle de trop nombreuses victimes de féminicides au Mexique. Leurs proches, qui luttent sans relâche depuis des années pour obtenir justice, voient par ailleurs leurs droits à l’accès à la justice, à la protection juridique, ainsi qu’à une réparation juste et efficace bafoués.

AU MOINS DEUX FÉMINICIDES PAR JOUR

Le Mexique continue d’être l’un des pays les plus meurtriers au monde pour les femmes. Amnesty International a documenté l’ampleur du phénomène. En 2021, les autorités ont recensé 3427 meurtres de femmes. Pour 887 de ces affaires, une enquête avait été ouverte pour féminicide. Et les chiffres récents ne permettent pas d’espérer la moindre amélioration... Entre janvier et juin 2022, 493 féminicides ont déjà été enregistrés, indiquant une augmentation de 13,4% des cas.

Par ailleurs, les enquêtes pénales menées sur les féminicides, quand elles existent, sont souvent amplement défaillantes. Dans l’État de Mexico, qui avait le taux de féminicides le plus élevé en 2021, les enquêtes sont entachées de graves irrégularités. Les autorités ne collectent ou ne protègent pas suffisamment les éléments de preuve recueillis, n’examinent pas toutes les pistes et ne prennent pas correctement en compte la dimension de genre. Dans ces conditions, les familles n’ont d’autre choix que de sacrifier beaucoup de temps et d’argent aux enquêtes qu’elles doivent souvent mener elles mêmes. En outre, les proches continuent d’être menacé·e·s et maltraité·e·s par les autorités.

LES MÈRES ET LES FILLES DES DÉFUNTES PRISES POUR CIBLE

Elles s’appellent María, Laura, Lidia, Ana. Elles sont les mères ou les filles de Nadia Muciño Márquez, Daniela Sánchez Curiel, Diana Velázquez Florencio et Julia Sosa Conde, victimes de féminicides dans l’État de Mexico. Parfois plus de dix ans après le décès de leurs proches, elles se battent encore pour la vérité et la justice. Amnesty International a décidé de soutenir leur combat, afin de les aider à faire toute la lumière sur les cas des membres de leur famille victimes de féminicides.

À travers la campagne #HastaSerEscuchadas (« jusqu’à ce qu’on soit entendues »), Amnesty souhaite sensibiliser et mobiliser le public face à cette situation dramatique, en particulier dans l’État de Mexico, afin d’exiger que les autorités compétentes agissent face à l’ampleur du problème et garantissent la protection des femmes et des filles et la réparation pour les crimes commis.

Jusqu’à ce qu’elles soient entendues, les Mexicaines lutteront pour que les femmes cessent d’être assassinées et que leurs mères et filles n’aient plus à subir la double peine du deuil et de l’impunité.

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