L’accès à l’Europe toujours plus périlleux

Le 23 septembre dernier, la Commission européenne a dévoilé son nouveau « Pacte sur la migration ». Présenté comme un nouveau départ, il ne fait en réalité que rehausser les murs et renforcer les barrières de la forteresse Europe. Et ne fera qu’aggraver les terribles souffrances de milliers de migrant·e·s.

Lorsque, à Bruxelles, le tant attendu « Pacte sur la migration » a été présenté à la délégation d’Amnesty International au cours d’une conférence de presse, le moins que l’on puisse dire est que la déception fut au rendez-vous. L’inquiétude, même, face à certains aspects de ce pacte, comme l’érection en norme de l’enfermement dans les camps et la coopération avec des gouvernements qui bafouent les droits humains, comme celui de la Libye.

L’enfer libyen des migrant·e·s

Homicides illégaux, disparitions forcées, actes de torture, viols, détentions arbitraires, travail forcé, etc. : voilà ce que subissent en Libye les hommes, femmes et enfants à la recherche d’une vie meilleure. En provenance d’Afrique subsaharienne pour la plupart, il·elle·s échouent dans ce pays déchiré par la guerre, dans l’espoir de rejoindre l’Europe. Or, cette même Europe tente à tout prix de les en empêcher, quitte à coopérer avec les autorités libyennes, enfermant ces personnes dans un terrible cycle de cruauté.

Ainsi, entre le 1er janvier et le 14 septembre 2020, 8435 migrant·e·s ont été capturé·e·s en mer Méditerranée par les gardes-côtes libyen·ne·s pour être ramené·e·s en Libye, pays qu’il·elle·s cherchaient à fuir. Par ailleurs, la situation sanitaire actuelle et les mesures prises pour lutter contre la pandémie de COVID-19 rendent difficiles, voire impossibles, tout transfert en Europe par des voies légales, ou même un retour dans le pays d’origine.

Moria en flammes, un symbole d’échec

Côté européen, sur les bords de la Méditerranée, la situation des réfugié·e·s et demandeur·se·s d’asile est à peine plus enviable, où il·elle·s sont généralement regroupé·e·s dans ce qu’on appelle des « hotspots », en Italie ou en Grèce. Les conditions de vie y sont souvent innommables. Le tristement célèbre camp de Moria, situé sur l’île de Lesbos, en Grèce, en est un exemple extrême et désespérant. Ce camp, qui concentrait pas moins de 12500 personnes (pour une capacité d’accueil de 3000 individus) a été dévoré par les flammes la nuit du 8 au 9 septembre 2020. Ce n’était pas la première fois qu’un incendie se déclarait dans ce camp et Amnesty avait dénoncé à plusieurs reprises ce scandale de l’« accueil » des réfugié·e·s et demandeur·se·s d’asile sur les îles grecques, mais rien n’a été entrepris pour remédier à cette situation. Résultat : des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants se retrouvent aujourd’hui sans toit, et sans accès à l’eau, à la nourriture et aux soins de santé.

L’Union Européenne doit agir

Face à ces tragédies dont elle est responsable ou complice, l’Europe ne peut plus se comporter comme une forteresse indifférente aux malheurs qui frappent ces personnes. S’ils veulent se montrer dignes des valeurs qu’ils prétendent être les leurs, l’Union européenne (UE) et ses États membres doivent totalement revoir leur coopération avec des pays comme la Libye, avec le souci de placer le respect des droits humains au centre des préoccupations. Par ailleurs, il est urgent d’assurer la sécurité des réfugié·e·s et migrant·e·s en Grèce et dans le reste de l’UE. Ainsi, les mécanismes de relocalisation doivent urgemment aboutir, afin qu’un logement sûr et un accès aux soins de santé soient assurés à ces milliers de personnes.

Demandez à la Grèce et aux États membres de l’UE de prendre d’urgence des mesures en faveur des demandeur·se·s d’asile coincé·e·s sur les îles grecques : amnesty.be/incendie-moria

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