L’Edito : Un monde fragmenté et pourtant ... Par Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International

Une tendance lourde est en train de s’imposer un peu partout : le rejet de la « mondialisation ». L’impact du resserrement de la richesse entre les mains d’une infime minorité, raclant à travers la planète toutes les ressources disponibles, engendre un refus de considérer la planète comme un système global.

Nombre d’individus – et de leaders politiques – scandent des slogans visant à refermer les frontières. Le protectionnisme est confondu avec le circuit court et s’accompagne d’un rejet de l’autre, surtout si son pays d’origine est lointain. Le sort abominable réservé aux demandeur·euse·s d’asile dans nos pays (et même si le Royaume-Uni touche le fond du panier, la Belgique n’est pas en reste dans le championnat de l’ignominie) est un indicateur effrayant du manque de respect pour le droit à la vie (ne parlons même pas de dignité) dont nous faisons preuve.

Pourtant, notre monde doit être vu, analysé et compris comme un système global. Le conflit en Ukraine a eu des répercussions douloureuses dans le monde entier, qui expliquent en partie les votes mitigés aux Nations unies concernant ce conflit. Les ressources qui nous sont nécessaires viennent bien souvent d’autres pays. Nous n’hésitons pas à installer nos pipelines (voir notre article à ce sujet) pour garantir nos besoins en pétrole et les dividendes d’actionnaires qui n’ont rien à faire du futur même proche de notre planète.

Le sort d’individus comme Olivier Vandecasteele, et des dizaines de milliers de personnes détenues injustement en Iran, par exemple, dépend de la capacité de la solidarité mondiale à s’exprimer, bien au-delà des frontières. Cette solidarité ne signifie en rien le soutien à un système économique global fondamentalement injuste. Mais les effets de cette dictature de l’argent ne peuvent être remis en cause que via une action mondialisée des « citoyen·ne·s du monde ». C’est-à-dire de nos ami·e·s et collègues à travers la planète, de vous et de moi.

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