EN GRÈCE, SAUVER DES VIES PEUT VALOIR LA PRISON Interview

Accusé·e·s d’espionnage, de trafic d’êtres humains et d’appartenir à une organisation criminelle, il·elle·s risquent jusqu’à 25 ans d’emprisonnement. Seán et Sarah ont déjà passé plus de 100 jours en détention avant d’être libéré·e·s sous caution.
En septembre dernier, lors de son passage dans nos locaux, à Bruxelles, nous avons rencontré Seán, qui nous a parlé de son engagement en faveur des migrant·e·s et des réfugié·e·s, et du respect de leurs droits.

En quoi votre action tient-elle de la résistance ? En quoi vous sentez-vous résistant ?

Il ne s’agit pas vraiment de résistance. Contrairement à la façon qu’ont certaines personnes de présenter notre travail, qui serait en contradiction avec la loi, avec les principes de l’Union européenne (UE) et contre la souveraineté des États membres, nos actions sont en réalité une façon de vivre les valeurs de l’UE, en accord avec les lois européennes, basées sur des principes dont beaucoup sont en lien avec le travail que nous réalisons et approuvent le sauvetage d’enfants en détresse, le droit de demander l’asile, etc. Ce sont les États qui devraient faire ce que nous faisons !

Vous êtes un des 10 cas pour lesquels des millions de personnes à travers le monde peuvent se mobiliser pour le Marathon des lettres. Quel est votre sentiment à ce sujet ?

Le Marathon des lettres est quelque chose d’énorme. Pour être honnête, j’ai un peu hésité à participer à la campagne en raison des expériences que j’ai vécues depuis ma sortie de prison : certaines personnes pensaient que j’étais un criminel, ce qui est faux ; d’autres disaient que Sarah et moi avions fait quelque chose d’héroïque, ce qui est faux aussi ! Le problème avec ces deux perceptions, c’est qu’elles donnent à penser qu’aider n’est pas quelque chose de normal, alors que ça devrait l’être. Ce que nous avons fait est simplement normal et nécessaire. Sarah est maître-nageuse, je suis ce qu’on pourrait appeler un sauveteur, nous nous sommes coordonné·e·s avec des médecins, etc. Chacun offre ce qu’il peut en fonction des besoins. C’est simplement normal. Chacun de nous peut faire quelque chose.

Comment le Marathon des lettres peut-il vous aider ?

Avec Sarah, nous voulons que le Marathon des lettres serve à deux choses : attirer l’attention sur la criminalisation des opérations de recherche et de sauvetage et cibler les juges ou le système judiciaire en Grèce pour que les charges soient abandonnées ; ça nous aiderait beaucoup ! Malgré l’absence de preuves, notre dossier s’est alourdi avec maintenant des accusations de fraude. Bientôt, nous devrons retourner en Grèce ; la pression mise par des ONG comme Amnesty International va contraindre les autorités à traiter notre cas de façon transparente.

Quels messages voudriez-vous faire passer aux membres d’Amnesty ?

Tout le monde peut faire quelque chose. Vous pouvez organiser un grand débat confrontant le nationalisme aux valeurs européennes sur la migration, mais vous pouvez tout aussi bien parler à votre voisin à propos de la situation en ayant une approche plus inclusive, en sortant de votre zone de confort : c’est déjà un grand pas, fondamental. Soyez donc impliqué·e·s autant que possible, remettez en question tous les aprioris que vous pouvez avoir sur les réfugié·e·s et restez ouvert·e·s à toutes les opinions de façon à les faire évoluer d’une façon saine.

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