GUINÉE République de Guinée

En février et en juin, les forces de sécurité ont fait usage d’une force excessive contre des civils qui manifestaient ; de nombreuses personnes ont trouvé la mort ou ont été blessées au cours de ces événements. Des cas de torture et de mauvais traitements infligés à des manifestants ainsi qu’à des détenus ont été signalés. Sept militaires étaient maintenus en détention sans jugement. Neuf condamnations à la peine capitale ont été prononcées.



Contexte
En avril, quelques heures après l’annonce d’un vaste remaniement ministériel décidé par le Premier ministre Cellou Dalein Diallo, la radio et la télévision nationales ont diffusé un décret indiquant que le chef du gouvernement était suspendu pour « faute lourde ». Le président Lansana Conté, en mauvaise santé, n’a fourni aucune explication ; le poste de Premier ministre a été aboli par décret en mai.

Usage excessif de la force
En février et en juin, à trois reprises au moins, les forces de sécurité ont fait usage d’une force excessive contre des manifestants et des étudiants. Selon les informations reçues, les forces de sécurité ont employé des gaz lacrymogènes, matraqué des étudiants et tiré à balles réelles. Des manifestants sont morts à la suite de ces violences, sans qu’aucune enquête indépendante soit menée à ce sujet.
En février, au moins deux personnes ont été tuées et plusieurs grièvement blessées à Guékédou, dans le sud-est du pays, lors des affrontements qui ont éclaté entre la police et un rassemblement de protestation contre la nomination d’un maire issu du parti dirigeant, le Parti de l’unité et du progrès (PUP). Les partis d’opposition ont accusé certains hauts responsables de fraude électorale lors du scrutin local de décembre.
En juin, des étudiants sans armes ont organisé des manifestations dans de grandes villes du pays (Labé, Conakry, entre autres) après avoir appris que les épreuves d’examen ne seraient pas surveillées en raison d’une grève générale contre le prix des produits de base. Un certain nombre d’étudiants ont trouvé la mort au cours d’affrontements avec les forces de sécurité. Le bilan officiel du ministère de l’Intérieur s’élevait à 11 décès. Selon des informations communiquées par les hôpitaux, il y a eu 18 personnes tuées et plus de 80 blessés.
Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, et Alpha Oumar Konaré, président de l’Union africaine, se sont déclarés préoccupés par le comportement des forces de sécurité, qui ont eu recours à une force excessive contre des manifestants non armés. Pourtant, malgré les pressions exercées aux niveaux national et international, il semble qu’aucune enquête indépendante n’ait été ouverte.


Torture et mauvais traitements

Selon des informations concordantes, des manifestants ont été frappés ou malmenés durant les défilés organisés en février et en juin. Des dizaines d’entre eux ont été blessés lorsque les forces de sécurité ont tenté de disperser le mouvement.
Un officier de l’armée arrêté en 2005 a été torturé et a subi d’autres mauvais traitements sur l’île de Kassa. ll a été enfermé dans une cellule minuscule, de moins d’un mètre cube, baptisée « Vietnam ». Comme il lui était impossible de s’y tenir debout ou d’étendre ses jambes, il a dû rester accroupi durant soixante-douze heures ; il n’a reçu pour toute nourriture que des miettes de pain. Il a ensuite été mis dans un petit canot gonflable, ligoté, jeté à l’eau et traîné par les mains à grande vitesse, pendant une demi-heure.

Détention sans jugement
Soupçonnés d’avoir comploté pour renverser le président Conté, sept soldats et officiers, parmi lesquels figuraient Naroumba Kante, Djan Foula Kamara et Mamady Condé, étaient maintenus en détention à la prison centrale de Conakry depuis 2003. Fin 2006, aucun chef d’inculpation n’avait encore été retenu contre eux. Leurs familles ont écrit aux autorités pour demander des droits de visite et la tenue rapide d’un procès équitable. Elles n’ont obtenu aucune réponse.

Libération d’officiers
De mars à juillet, quatre officiers, dont Mamy Pé et Kabinet Kaba, ont été remis en liberté sans avoir été inculpés. Leur arrestation avait suivi la tentative d’assassinat dont le président Conté avait été la cible en janvier 2005. Ils avaient été incarcérés sur l’île de Kassa, où il est extrêmement difficile d’entrer en rapport avec les détenus.


Peine de mort

En septembre, la cour d’assises a condamné à la peine capitale neuf personnes accusées d’avoir assassiné en mai une personnalité politique locale. Aucune exécution n’a été signalée.

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