GUINÉE-BISSAU République de Guinée-Bissau

La situation économique et sociale désastreuse constituait toujours une menace pour la stabilité politique du pays. La famine a frappé des dizaines de milliers de personnes dans le sud. Au nord, les combats dans la région frontalière ont contraint des milliers de familles à quitter leur foyer. Des atteintes à la liberté d’expression ont été signalées.

Contexte
La Guinée-Bissau figurait toujours parmi les pays les plus pauvres du monde. Dans un rapport publié en octobre, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a indiqué que deux personnes sur trois vivaient dans une extrême pauvreté et qu’un enfant sur quatre mourait avant d’avoir atteint l’âge de cinq ans.
L’année a été marquée par une série de mouvements de grève déclenchés par les enseignants, les employés du secteur de la santé et d’autres catégories professionnelles qui protestaient contre le non-paiement de leur salaire. En septembre, la police a brutalement dispersé une manifestation de travailleurs en grève.
Ce même mois, un projet de loi visant à interdire les mutilations génitales féminines a été déposé à l’Assemblée nationale populaire, mais l’année 2006 s’est conclue sans qu’il soit adopté.

Conflit et déplacements forcés de population
Dans le nord du pays, à la frontière sénégalaise, des affrontements ont opposé, en mars, l’armée guinéenne à une faction du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC), un groupe séparatiste sénégalais. Les attaques perpétrées contre la ville de São Domingos et les villages alentour ont contraint quelque 20 000 personnes à quitter leur foyer. La plupart étaient des femmes et des enfants. Plus de 2 000 civils se sont réfugiés au Sénégal.
Selon certaines informations, le MFDC a posé des mines terrestres, notamment le long de la route principale. Un bus qui transportait des personnes fuyant le conflit a sauté sur l’un de ces engins explosifs, faisant 11 morts et 12 blessés. Des homicides délibérés de la part du MFDC ont également été signalés, mais ces allégations n’ont pas été confirmées.

Libertés fondamentales
Des atteintes à la liberté d’expression ont été relevées. Des journalistes et des responsables politiques qui avaient critiqué le gouvernement ou évoqué les affrontements dans le nord du pays ont été menacés. Au moins quatre responsables politiques auraient été arrêtés et détenus pendant une courte période. En mars, des soldats armés ont pénétré à plusieurs reprises dans un hôtel de São Domingos où étaient logés des journalistes de différents pays, afin semble-t-il d’appréhender un reporter étranger.
Interpellé chez lui, à Bissau, Marcelino Simões Lopes Cabral, un ancien ministre de la Défense, a été détenu durant plusieurs jours au mois d’avril. On lui reprochait d’avoir apporté son aide au responsable du MFDC, mais il n’a été inculpé d’aucune infraction. Il avait déjà été arrêté en 2003, pour avoir critiqué le gouvernement en place.
Soupçonnés de complot contre le chef d’état-major général des forces armées, deux militaires, le commandant Mohamed Laminé Sanhá et le lieutenant-colonel Almane Alam Camará, ont été arrêtés au mois d’août. Ils ont été remis en liberté sans inculpation au bout de trois jours. Depuis 2000, ces deux officiers ont été appréhendés à plusieurs reprises, mais ont été libérés à chaque fois à l’issue de plusieurs mois de prison sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux.

Pénurie alimentaire
La très mauvaise récolte de riz de 2005 – due à l’infiltration d’eau salée dans les rizières et à une pluviométrie irrégulière – a placé des dizaines de milliers d’habitants du sud du pays en situation de famine. En outre, le prix de la noix de cajou, principal produit d’exportation du pays, a chuté. L’appel à l’aide internationale lancé par le gouvernement en mai a été suivi d’effets en septembre. La plus grande partie de la population n’avait toutefois plus de quoi acheter du riz, et ce malgré la politique de prix fixes imposée par les pouvoirs publics.

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