MOZAMBIQUE

D’après les informations disponibles, des policiers ont exécuté de manière extrajudiciaire des prisonniers et des suspects de droit commun. Dix policiers ont été condamnés à des peines allant de trois à dix ans d’emprisonnement pour des actes similaires. Des affrontements opposant le parti au pouvoir et les principales formations de l’opposition ont fait huit blessés et conduit à l’arrestation d’au moins cinq membres de la Resistência Nacional Moçambicana (RENAMO, Résistance nationale mozambicaine). La liberté de la presse demeurait restreinte et trois journalistes ont été détenus illégalement pendant une semaine.



Contexte

Le Mozambique a ratifié la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption ainsi que la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée et ses trois protocoles additionnels : le Protocole contre la fabrication et le trafic illicites d’armes à feu, de leurs pièces, éléments et munitions ; le Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, et le Protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, air et mer.
Cette année encore, les initiatives visant à lutter contre la criminalité ont été entravées par la mort de policiers emportés par des maladies liées au sida. Dès le mois de mars, les autorités policières auraient exigé de leurs nouvelles recrues potentielles des tests de dépistage du VIH, en violation de la Constitution du pays. Face à la pénurie d’effectifs et aux difficultés d’engager de nouveaux policiers, les autorités ont décidé de recruter dans les centres de formation de l’armée.
Le gouvernement a créé, avec sept organismes de financement, un fonds de lutte contre le VIH/sida destiné à procurer des médicaments antirétroviraux à 50 000 personnes. Selon les statistiques, le taux d’infection par le VIH chez les personnes âgées de quinze à quarante-neuf ans était de 16,1 p. cent.
La violence domestique était en augmentation, avec 3 000 cas signalés entre mai et octobre.


Exécutions illégales

Les informations recueillies faisaient état de plusieurs cas d’exécutions illégales et d’autres violations des droits humains commises par des policiers et un membre de la Garde présidentielle. Ces faits n’ont, pour la plupart, pas donné lieu à l’ouverture d’enquêtes, et quelques fonctionnaires seulement ont été arrêtés ou rétrogradés. Aucun n’avait été jugé à la fin de l’année. Des policiers ont été poursuivis pour des violations des droits humains perpétrées les années précédentes.
En mai, des policiers ont abattu plusieurs prisonniers qui tentaient de s’évader en escaladant les murs de la prison centrale de Maputo. Selon des témoins, les policiers ont tiré sur les fugitifs et les ont frappés à coups de matraque. Certains ont été tués après avoir été repris. À la suite de ces événements, la prison centrale de Maputo a temporairement interdit toute visite des familles et d’organisations de défense des droits humains. La Ligue mozambicaine des droits humains, qui a finalement été autorisée à pénétrer dans l’enceinte de l’établissement, a fait état de trois prisonniers tués lors de la tentative d’évasion et d’au moins 10 blessés graves. Les détenus capturés auraient été placés en cellule disciplinaire et torturés. En octobre, la situation était apparemment redevenue normale, les prisonniers ayant à nouveau été autorisés à recevoir des visites.
En janvier, un policier a abattu Julêncio Gove, vingt et un ans, alors qu’il essayait de porter secours à une femme qu’un autre policier était en train de frapper dans une rue de Matola (province de Maputo). Après avoir tiré, le policier aurait donné plusieurs coups de pied à son corps sans vie. Il a été arrêté à la suite de plusieurs manifestations organisées par la population locale. Il semblerait qu’il n’ait toujours pas été jugé à la fin de l’année.
En juin, un membre de la Garde présidentielle a abattu Abdul Monteiro parce qu’il avait accidentellement endommagé une voiture appartenant au cabinet du président : trois gardes présidentiels l’ont poursuivi et ont tiré sur les pneus de son véhicule, le contraignant à s’arrêter. Abdul Monteiro s’est alors rendu et les gardes l’auraient blessé d’une balle dans la jambe, avant de le rouer de coups et de l’abattre. Une enquête a été ouverte et l’un eux a été appréhendé. Il n’avait pas été traduit en justice à la fin de l’année.
Dix policiers inculpés en 2005 d’agression et d’exécution extrajudiciaire de suspects de droit commun, ainsi que de concussion et de vol, ont été condamnés en octobre à des peines allant de trois à dix ans d’emprisonnement dans la province de Manica. Deux d’entre eux, qui avaient pris la fuite, ont été condamnés par contumace, tandis que trois autres ont été acquittés et un est mort avant la fin du procès.

Violence politique
Au mois de mai, huit personnes ont été grièvement blessées lors d’affrontements entre des partisans du Frente da Libertação de Moçambique (FRELIMO, Front de libération du Mozambique), le parti au pouvoir, et des membres de la RENAMO à Inhangoma, dans la province de Tete, à l’occasion d’une visite du secrétaire général de la RENAMO dans la région. Cinq membres de la RENAMO ont ensuite été arrêtés et auraient été reconnus coupables de légitime défense excessive. Or, d’après les informations reçues, ils n’étaient même pas présents lors des faits. Ils ont été condamnés à des peines allant de huit à vingt mois d’emprisonnement.
Les 20 membres de la RENAMO appréhendés en septembre 2005 à l’issue des violences suscitées par les allégations de fraudes électorales lors des élections à Mocimboa da Praia, dans la province de Cabo Delgado, ont été libérés en octobre 2006, dans l’attente d’être jugés. Leur procès n’avait pas encore eu lieu à la fin de l’année.

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