Zimbabwe

Au Zimbabwe, l’année 2008 a été marquée par une très nette dégradation de la situation des droits humains ; après les élections de mars, une vague sans précédent d’atteintes aux droits fondamentaux cautionnées par l’État et perpétrées essentiellement par des membres des forces de sécurité, des anciens combattants de la guerre d’indépendance et des sympathisants de l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF) a été observée. Au moins 180 personnes ont trouvé la mort, des milliers d’autres ont été blessées et plusieurs dizaines de milliers d’habitants de zones rurales ont été chassés de chez eux et ont dû se réfugier dans des centres urbains. De nombreuses personnes prises pour cible durant la période qui a précédé le second tour de l’élection présidentielle, tenu en juin, se sont retrouvées sans hébergement d’urgence, sans aide alimentaire et sans soins médicaux.
L’économie du pays a continué de s’effondrer, ce qui rendait l’accès à l’alimentation, aux soins de santé et à l’éducation très difficile pour une grande partie de la population. Les Nations unies estimaient qu’à la fin de l’année plus de cinq millions de personnes avaient besoin d’une aide alimentaire. Les victimes des vagues d’expulsions forcées de 2005 vivaient toujours dans des conditions déplorables.


CHEF DE L’ÉTAT ET DU GOUVERNEMENT
 : Robert Gabriel Mugabe
PEINE DE MORT : maintenue
POPULATION : 13,5 millions
ESPÉRANCE DE VIE : 40,9 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F)  : 100 / 86 ‰
TAUX D’ALPHABÉTISATION DES ADULTES  : 89,4 %

Contexte

Le 29 mars, des élections présidentielle, législatives et locales se sont tenues dans un climat relativement pacifique en comparaison de précédents scrutins. Ces élections ont eu lieu après une année de dialogue, sous l’égide de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), entre la ZANU-PF et les deux formations du Mouvement pour le changement démocratique (MDC). Les élections du mois de mars ont constitué un revers pour la ZANU-PF qui, pour la première fois depuis l’indépendance du pays en 1980, a perdu la majorité des sièges au Parlement.
Au premier tour de la présidentielle, Morgan Tsvangirai (MDC) a obtenu 47,8 % des voix, Robert Mugabe (ZANU-PF) 43,2 %, tandis que les deux candidats indépendants se partageaient moins de 10 % des suffrages. Morgan Tsvangirai s’est retiré du second tour le 22 juin, dénonçant des violences contre ses partisans. La Commission électorale du Zimbabwe a néanmoins considéré que l’élection du 27 juin pouvait avoir lieu. Les conditions dans lesquelles s’est déroulé le scrutin de juin ont été condamnées par de nombreux observateurs indépendants aux niveaux local et régional.
Les efforts entrepris par la SADC afin de parvenir à un arrangement politique entre la ZANU-PF et les deux formations du MDC ont débouché sur la signature d’un accord politique en septembre. En revanche, les négociations pour la mise en place d’un gouvernement unitaire ont achoppé sur la question de l’attribution des ministères clés, notamment du ministère de l’Intérieur.
Pour la plupart des ménages, le déclin persistant de l’économie s’est traduit par un accès de plus en plus difficile à la nourriture, aux soins de santé et à l’éducation. La situation humanitaire s’est encore aggravée avec l’adoption en juin d’une directive gouvernementale visant à suspendre toutes les activités des ONG sur le terrain. De plus, des réserves alimentaires ont été pillées et utilisées pour nourrir des bandes de partisans de la ZANU-PF qui avaient établi des camps dans tout le pays afin de mener la campagne électorale violente du président Mugabe en vue du scrutin du 27 juin.
La saison agricole semblait extrêmement compromise en raison de graves pénuries de semences et d’engrais. Des membres des professions de santé et des enseignants ont mené des grèves intermittentes pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail et le faible niveau des rémunérations. Une épidémie de choléra due à l’absence de traitement de l’eau et de collecte des ordures a touché l’ensemble du pays ; à la fin de l’année plus de 800 morts avaient été enregistrées et 16 ?000 cas avaient été recensés.
En décembre, le Zimbabwe a voté contre une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies appelant à un moratoire mondial sur les exécutions.

Impunité

Les violations des droits humains se sont multipliées dans le pays après les élections de mars : au moins 180 personnes ont été tuées et au moins 9 ?000 ont été blessées à la suite d’actes de torture, de passages à tabac et d’autres violences perpétrés essentiellement par des membres des forces de sécurité, des anciens combattants de la guerre d’indépendance et des partisans de la ZANU-PF. Des affrontements entre des sympathisants de différents partis et des attaques menées à titre de représailles par des partisans du MDC ont également été signalés. Environ 28 ?000 habitants de régions rurales chassés de chez eux ont gagné des zones urbaines pour échapper aux violences et recevoir des soins médicaux.
La police n’a pas pu ou n’a pas voulu prendre de mesures contre ceux qui avaient violé les droits fondamentaux de personnes soupçonnées d’avoir voté pour le MDC aux élections du 29 mars, ou qui avaient incité à de tels actes. Les autorités se sont souvent abstenues de déférer à la justice les membres des forces de sécurité ou les personnes liées à la ZANU-PF, ce qui a provoqué une escalade de la violence.

Exécutions extrajudiciaires et autres homicides illégaux

Des dizaines de militants et de partisans du MDC ont été enlevés puis tués par des agents de la Sûreté de l’État, des anciens combattants et d’autres sympathisants de la ZANU-PF. D’autres sont morts des suites de leurs blessures après avoir été roués de coups par des membres des forces de sécurité et des partisans de la ZANU-PF.

  • Tonderai Ndira, un militant du MDC, a été enlevé le 14 mai à son domicile, à Mabvuku, dans la banlieue de Harare. Un groupe d’environ neuf hommes, en civil et armés, qui étaient semble-t-il des agents de la Sûreté, l’ont fait monter de force dans un camion Toyota blanc et l’ont emmené. Son corps en décomposition aurait été retrouvé à Goromonzi une semaine plus tard.
  • Joshua Bakacheza, un chauffeur du MDC originaire de la province du Mashonaland-Ouest, et Tendai Chidziwo, un militant du MDC, ont été enlevés à Harare le 25 juin par des hommes armés arrivés à bord de trois camions banalisés. Joshua Bakacheza et Tendai Chidziwo étaient en train d’aider l’épouse de Tonderai Ndira à emménager dans une autre banlieue de la capitale. Les deux hommes ont été emmenés dans une ferme des environs de Beatrice, où ils ont été torturés puis abattus. Le corps de Joshua Bakacheza a été retrouvé le 5 juillet. Tendai Chidziwo, qui avait reçu une balle dans la tête, est resté une semaine dans le coma mais a survécu.
  • Le corps de Beta Chokururama, également militant du MDC, a été découvert à Goromonzi le 13 mai. Il avait été enlevé au début du mois de mai sur la route de Murewa par deux individus soupçonnés d’appartenir à la Sûreté de l’État. En avril, il avait été agressé par des militants de la ZANU-PF et avait eu les deux jambes fracturées.

Disparitions forcées

Des défenseurs des droits humains et des militants politiques connus, ainsi que certains de leurs proches, ont été enlevés par des groupes d’hommes armés qui agissaient apparemment pour le compte des autorités ou avec leur assentiment. Ces enlèvements ont été commis en plein jour et en toute impunité.
La plupart des personnes qui avaient disparu ont été retrouvées dans divers postes de police de Harare, le 23 décembre 2008 ou aux environs de cette date ; elles auraient été livrées à la police par leurs ravisseurs, qui étaient des membres des forces de sécurité. Les hommes et les femmes kidnappés ont été placés en détention, et les auteurs des enlèvements n’ont pas été arrêtés.
Certaines des personnes enlevées ont été torturées par leurs ravisseurs, qui voulaient les obliger à avouer qu’elles-mêmes ou d’autres militants avaient recruté des personnes pour leur faire suivre une formation militaire au Botswana, ou étaient impliqués dans des attentats à l’explosif commis contre des postes de police et une ligne de chemin de fer. Toutes les personnes détenues ont démenti les accusations portées contre elles.
À la fin de l’année, aucune n’avait été libérée malgré des jugements ordonnant leur remise en liberté. En outre, la police n’a tenu aucun compte des décisions de justice autorisant ces personnes à bénéficier de soins médicaux. Pour Amnesty International, ces détenus étaient probablement tous des prisonniers d’opinion.

  • Quatorze membres du MDC et un enfant de deux ans ont disparu à la fin du mois d’octobre et au début du mois de novembre ; ils auraient été arrêtés par la police dans la province du Mashonaland-Ouest et à Chitungwiza, une ville proche de Harare. Ils ont été retrouvés dans différents postes de police de Harare le 23 décembre ou aux environs de cette date, alors que la police avait nié les détenir. Ces personnes ont été déférées devant un tribunal le 24 décembre et accusées d’avoir engagé des recrues pour leur faire suivre une formation militaire au Botswana.
  • Le 3 décembre, Jestina Mukoko, la directrice de Projet de paix pour le Zimbabwe, une organisation zimbabwéenne de défense des droits humains, a été enlevée à son domicile à Norton, près de Harare. Elle a été emmenée de force par une douzaine d’hommes en civil qui ont dit appartenir à la section spéciale de la police nationale chargée de l’ordre public ; certains portaient des armes de poing. La police a nié avoir arrêté Jestina Mukoko et l’on est resté sans nouvelles d’elle jusqu’au 23 décembre, date à laquelle elle a été retrouvée dans un poste de police où elle était maintenue en détention. Le 24 décembre, elle a comparu devant un tribunal et a été accusée d’avoir recruté des personnes pour leur faire suivre une formation militaire au Botswana, ce qu’elle a nié.
    À la fin de l’année, Jestina Mukoko était toujours en détention. Amnesty International la considérait comme une prisonnière d’opinion.
  • Broderick Takawira et Pascal Gonzo, tous deux membres du personnel de Projet de paix pour le Zimbabwe, ont été enlevés le 8 décembre alors qu’ils se trouvaient dans les bureaux de l’association à Harare. Leurs ravisseurs les ont remis à la police le 23 décembre ou aux environs de cette date. À la fin de l’année, les deux hommes étaient toujours en détention. Amnesty International les considérait comme des prisonniers d’opinion.
  • Le 5 décembre, vers minuit, Zacharia Nkomo, le frère de Harrison Nkomo – éminent avocat spécialisé dans la défense des droits humains qui travaillait sur l’affaire Jestina Mukoko – a été enlevé chez lui à Rujeko (province de Masvingo) par quatre inconnus en civil. Ces hommes se déplaçaient dans deux camionnettes vert et argent de marque Toyota. Zacharia Nkomo a été retrouvé vers le 23 décembre ; il était détenu par la police.


Torture et autres mauvais traitements

Après les élections du 29 mars, de nombreux partisans de l’opposition ont été victimes de tortures et d’autres mauvais traitements dans les provinces du Mashonaland, des Midlands, du Manicaland et de Masvingo. Dans la plupart des districts, des anciens combattants, des soldats et des responsables locaux de la ZANU-PF ont mis en place des camps de torture improvisés. Ces camps étaient installés sous des tentes, dans des clairières au sein de localités, dans des salles de classe, ou au domicile de responsables de la ZANU-PF ou de militants du MDC qui avaient été chassés de chez eux.
La population locale était obligée d’assister aux réunions qui étaient organisées dans ces camps et qui duraient toute la nuit. Ces personnes étaient contraintes de regarder leurs voisins se faire frapper, et étaient menacées de subir le même sort si elles ne votaient pas pour la ZANU-PF le 27 juin. Des partisans du MDC ont dû condamner leur parti et remettre tout leur matériel, y compris leurs T-shirts et leurs cartes de membre. Des dizaines d’entre eux sont morts après avoir été roués de coups dans ces camps. Des jeunes ont également été forcés à assister aux réunions et à participer aux passages à tabac.

  • Le 17 juillet, dans le district de Mudzi, Kingswell Muteta, un policier, a été battu à mort par des partisans de la ZANU-PF après être allé rendre visite à la famille de son beau-frère. Ce dernier, qui avait été président d’une section locale du MDC, serait mort après avoir été roué de coups par des sympathisants de la ZANU-PF. D’après des témoins, Kingswell Muteta a croisé le chemin d’un groupe de jeunes partisans de la ZANU-PF qui étaient dirigés par un haut gradé de la police ; ils l’ont emmené dans un camp proche de Kotwa et l’ont accusé de s’être rendu chez un « ennemi ».
    Kingswell Muteta a été frappé par une vingtaine d’entre eux. Il a essentiellement subi des lésions des tissus mous, au niveau des fesses, du torse et des membres inférieurs. Conduit à l’hôpital le 18 juillet, il a succombé à ses blessures le 25 juillet.

Droits économiques, sociaux et culturels

L’année 2008 a été marquée par une persistance des violations des droits économiques, sociaux et culturels commises pour des motifs politiques. Des violations du droit à l’alimentation ont été signalées dans tout le pays.
Le gouvernement a pris des mesures délibérées pour empêcher des opposants présumés d’acheter le maïs vendu à bon marché par l’Office de commercialisation des céréales, un organisme d’État. À l’approche du second tour de l’élection présidentielle, qui a eu lieu le 27 juin, il a également bloqué l’accès à l’aide alimentaire, dont la population avait grand besoin.
Le 4 juin, le ministre du Service public, du Travail et des Affaires sociales a écrit à chaque ONG et organisation bénévole privée pour leur annoncer que toutes les opérations menées sur le terrain par des organisations humanitaires étaient suspendues. Il a déclaré, sans donner plus de détails, que ces organisations n’avaient pas respecté les conditions liées à leur enregistrement. Cette suspension a aggravé l’insécurité alimentaire dans le pays, alors que deux millions de Zimbabwéens avaient désespérément besoin de l’aide alimentaire. Elle a aussi fortement perturbé la fourniture de traitements antirétroviraux pour les malades du sida, de traitements antituberculeux, et de médicaments et de soins pour d’autres maladies chroniques. En juin, l’UNICEF a indiqué qu’en raison de la suspension des actions sur le terrain, 500 000 enfants ne recevaient plus les soins de santé, les traitements contre le VIH/sida, l’aide à l’éducation et la nourriture dont ils avaient besoin. Un grand nombre de ces enfants étaient orphelins. L’interdiction des opérations sur le terrain a été levée à la fin du mois d’août.

Personnes déplacées

Les violences cautionnées par le régime auxquelles on a assisté dans le pays après les élections du mois de mars ont provoqué le déplacement d’au moins 28 ?000 personnes. Les victimes de violences ont rejoint des zones urbaines pour échapper au danger et recevoir des soins médicaux.
La plupart ont vu leurs maisons démolies et leurs réserves de nourriture pillées ou détruites, et ce parce qu’elles soutenaient des partis d’opposition. Les personnes déplacées avaient cruellement besoin d’hébergements d’urgence, de nourriture et de soins médicaux. Il leur manquait également les semences et les engrais nécessaires pour pouvoir produire de quoi manger à la saison suivante.

  • Le 25 avril au matin, la police de Harare a fait une descente dans les bureaux du MDC et arrêté des centaines de personnes déplacées, y compris des enfants, qui y avaient trouvé refuge. Environ 215 d’entre elles ont été conduites au poste de police central de Harare. Trente-cinq enfants, dont le plus âgé avait onze ans, se trouvaient parmi elles. Toutes ces personnes ont été remises en liberté après que le MDC eut obtenu, le 28 avril, une décision de la Haute Cour ordonnant leur libération.

Liberté d’expression

Cette année encore, la liberté d’expression a été soumise à des restrictions. Plusieurs professionnels des médias étrangers ou zimbabwéens ont été arrêtés en marge des élections.

  • Le 8 mai, à Harare, Davison Maruziva, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire indépendant The Standard, a été arrêté pour avoir publié une tribune d’Arthur Mutambara, dirigeant d’une des formations du MDC. Il a été inculpé de « publication de fausses informations préjudiciables à l’État » et d’« outrage à l’autorité de la justice ». L’article, paru dans The Standard le 20 avril, critiquait le rejet par la Haute Cour d’une requête du MDC visant à obliger la Commission électorale du Zimbabwe à publier les résultats de l’élection présidentielle du 29 mars, qui se faisaient attendre. La publication de cet article a également entraîné l’arrestation d’Arthur Mutambara, le 1er juin.

Défenseurs des droits humains

Les activités des défenseurs des droits humains continuaient d’être soumises à des restrictions illégales.

  • Le 25 avril, à Harare, des policiers ont effectué une descente dans les locaux du Réseau de soutien aux élections au Zimbabwe (ZESN), une ONG, et ont saisi des fichiers et des documents. Le domicile de Rindai Chipfunde-Vava, la directrice nationale du ZESN, a également été perquisitionné. Le 28 avril, Rindai Chipfunde-Vava et Noel Kututwa, le président de l’organisation, ont été interrogés par la section spéciale de la police nationale chargée de l’ordre public. On leur a ordonné de se présenter tous les jours au poste de police central de Harare jusqu’au 30 avril. La police a également demandé au ZESN de lui communiquer la liste des 11 ?000 observateurs locaux déployés lors de l’élection du 29 mars, les noms des membres de son conseil d’administration, ainsi que ses sources de financement et ses comptes bancaires.
  • Lovemore Matombo et Wellington Chibebe, respectivement président et secrétaire général du Congrès des syndicats du Zimbabwe (ZCTU), ont été arrêtés le 8 mai et accusés d’avoir « communiqué de fausses informations portant préjudice à l’État », après des discours prononcés lors des célébrations du 1er mai à Harare. Le 12 mai, ils ont comparu devant un juge qui a refusé de les libérer sous caution, et ils ont été placés en détention provisoire à la maison d’arrêt centrale de Harare jusqu’au 23 mai. Ils ont cependant fait appel et un juge de la Haute Cour leur a accordé une libération sous caution le 19 mai.
  • Le 28 mai, la police de Harare a arrêté 14 membres de l’association Femmes du Zimbabwe, debout ! (WOZA) qui défilaient pacifiquement pour aller remettre une pétition à l’ambassade de Zambie. La pétition appelait la Zambie, qui présidait alors la SADC, à agir pour mettre fin aux violences encouragées par l’État. Jenni Williams et Magodonga Mahlangu, deux dirigeantes de l’association, ont été maintenues en détention pendant trente-sept jours dans la prison pour femmes de Chikurubi ; les 12 autres militants ont été libérés au bout de dix-sept jours.
  • Le 16 octobre, à Bulawayo, Jenni Williams et Magodonga Mahlangu ont à nouveau été arrêtées après avoir participé à une manifestation dénonçant les souffrances de la population zimbabwéenne. Des manifestants ont été frappés par des policiers qui dispersaient le cortège, pourtant pacifique. Les deux femmes ont été interpellées en même temps que sept autres militants de WOZA, qui ont été remis en liberté le jour même. Jenni Williams et Magodonga Mahlangu n’ont en revanche pas obtenu d’être libérées sous caution, et elles ont été détenues pendant trois semaines à la prison de Mlondolozi. La Haute Cour leur a finalement accordé une libération sous caution et elles ont été relâchées le 6 novembre.
  • Le 27 octobre, à Harare, la police a arrêté 42 femmes qui participaient à une manifestation organisée par la Coalition des femmes du Zimbabwe (WCoZ). Pour disperser cette manifestation pacifique, les policiers ont utilisé du gaz lacrymogène et des matraques. La coordinatrice nationale de WCoZ, Netsai Mushonga, faisait partie des personnes interpellées. Les manifestantes arrêtées ont été remises en liberté après avoir dû acquitter une amende d’aveu de culpabilité. La marche avait été organisée pour attirer l’attention sur le problème de la faim au Zimbabwe, et sur le fait que les dirigeants de la région s’étaient maintes fois montrés incapables d’y remédier.
  • Le 11 novembre, 29 membres de l’Assemblée constitutionnelle nationale (NCA) ont été arrêtés par la police à Bulawayo, Gweru, Harare et Mutare pour avoir participé à une manifestation dénonçant l’aggravation de la situation humanitaire et appelant à la formation d’un gouvernement de transition et à l’adoption d’une nouvelle constitution. Le même jour, le président de la NCA, Lovemore Madhuku, a été placé en détention pendant quatre heures au poste de police central de Harare. Stewart Muzambi, Never Mujokochi, Louis Dzinokuzara, Trust Zamba, Cynthia Chizaza, Catherine Chanza et trois autres personnes détenues au poste de police central de Mutare ont, semble-t-il, été agressés pendant leur garde à vue.
    La police a en outre fait usage d’une force excessive pour disperser les manifestations. L’une des huit personnes placées en détention au poste de police central de Harare n’a pas été autorisée à recevoir des soins pour une plaie au cuir chevelu. Certains détenus ont été libérés après avoir réglé une amende d’aveu de culpabilité, mais ceux qui se trouvaient à Gweru ont été inculpés au titre de la Loi relative à l’ordre public et à la sécurité.

Visites et documents d’Amnesty International

Des délégués d’Amnesty International se sont rendus au Zimbabwe en mars et en juillet-août. La mission qui était prévue en décembre a été limitée à l’Afrique du Sud après les enlèvements, très médiatisés, de défenseurs des droits humains commis par des personnes ayant, semble-t-il, agi pour le compte des autorités zimbabwéennes ou avec leur accord.

  • Zimbabwe. Déchaînement de violence à la suite du scrutin (AFR 46/014/2008).
  • Zimbabwe. Le temps est venu de rendre des comptes (AFR 46/028/2008).
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