MOZAMBIQUE

République du Mozambique
CAPITALE : Maputo
SUPERFICIE : 799 380 km²
POPULATION : 19,8 millions
CHEF DE L’ÉTAT : Joaquim Alberto Chissano, remplacé par Armando Emilio Guebuza le 2 février
CHEF DU GOUVERNEMENT : Luisa Diogo
PEINE DE MORT : abolie
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome signé
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : non signé

Plus de 800 000 personnes ont dû recourir à l’aide alimentaire à la suite d’une longue période de sécheresse. Quelque 200 000 personnes malades du sida ou séropositives n’avaient toujours pas accès aux médicaments antirétroviraux et autres traitements associés à l’infection par le VIH. Le fort taux de mortalité chez celles qui souffraient de maladies liées au sida constituait un véritable obstacle au développement social et économique. Des policiers ont été accusés d’extorsion, d’avoir commis des exécutions extrajudiciaires et d’avoir maltraité des suspects ; ils ont été placés en détention dans l’attente de leur jugement. Cependant, d’autres policiers accusés d’avoir usé d’une force excessive contre des manifestants n’ont pas fait l’objet d’investigations indépendantes ni de poursuites judiciaires. Plusieurs personnes sont mortes et des habitations ont été détruites lors de violences entre sympathisants du parti au pouvoir et de l’opposition. La liberté de la presse demeurait restreinte, et certains journalistes ont été la cible de harcèlement et d’agressions.

Contexte
Armando Guebuza a pris ses fonctions à la présidence en février. Il s’est engagé à renforcer l’unité nationale, à promouvoir les droits humains et la démocratie et à combattre la pauvreté, la corruption et la criminalité. En mars, le nouveau gouvernement a lancé un programme quinquennal visant à l’instauration d’une bonne gouvernance et de la transparence dans la gestion des services publics ainsi qu’au renforcement de la sécurité publique.
Cette année encore, l’appareil judiciaire a considérablement souffert du manque de personnel, avec à peine plus d’un millier de fonctionnaires, dont 184 juges, pour une population de près de 19 millions d’habitants. Par voie de conséquence, les gens se sont souvent rendu justice eux-mêmes.
À partir du mois de juillet, des unités spéciales antiterroristes de la police ont été déployées dans tous les aéroports du pays dans le cadre des mesures de lutte contre le trafic de stupéfiants, le terrorisme et le crime organisé. Néanmoins, les initiatives visant à endiguer la hausse de la criminalité ont été minées par la mort, chaque année, d’environ un millier de policiers emportés par des maladies liées au sida. La lutte contre la corruption a été marquée notamment par la création, au mois de septembre, du Gabinete Central de Combate a Corrupção (Bureau central de lutte contre la corruption), qui est venu remplacer l’ancienne unité anticorruption, avec plus de personnel et plus de ressources. Cette unité, un mécanisme d’enquête indépendant de la police, avait prouvé son efficacité à plusieurs reprises dans le cadre d’investigations sur des affaires retentissantes qui avaient donné lieu à l’ouverture de poursuites.
En décembre le Mozambique a ratifié le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes et le protocole portant création de la Cour africaine de justice.

Pénuries alimentaires et infection par le VIH
La pauvreté touchait toujours une large part de la population, dont plus de la moitié vivrait avec moins d’un dollar par jour. Plus de 800 000 personnes ont souffert de pénuries de nourriture et ont dû recourir à l’aide alimentaire. Dans le centre et le sud du pays, une grave sécheresse a détruit une grande partie des récoltes et provoqué une flambée des prix.
Au mois de juin, l’Institut national de la statistique a annoncé que le taux d’infection au VIH parmi les personnes âgées de quinze à quarante-neuf ans était de 15,6 p. cent. Un p. cent seulement des mineurs porteurs du virus bénéficiaient de traitements antirétroviraux ou autres médicaments.

Brutalités policières
Amnesty International a noté une baisse, par rapport aux années précédentes, du nombre de dénonciations de cas de torture de détenus par des policiers. Certaines mesures ont été adoptées en vue de sanctionner ou de traduire en justice des policiers, en particulier dans la province de Manica. C’est là que, à la suite d’une enquête menée en novembre par le procureur de la province, 14 policiers ont été inculpés d’infractions diverses dont des agressions et des exécutions extrajudiciaires de suspects, des manœuvres d’extorsion et des vols. Au moins cinq exécutions extrajudiciaires ont eu lieu au cours du premier semestre de 2005. Les policiers ont été incarcérés dans l’attente de leur jugement. Selon les informations recueillies, l’un d’eux a été accusé de tentative de meurtre après qu’il eut essayé d’abattre le procureur durant un interrogatoire. Initialement prévu pour le mois de décembre, le procès a été ajourné. Il n’avait pas encore commencé fin 2005.
À la suite d’un cambriolage perpétré dans les locaux de la compagnie nationale d’électricité à Chimoio, en avril, et d’un échange de coups de feu avec la police, deux suspects auraient été captures puis tués en garde à vue. Quatre policiers ont été arrêtés au mois d’août et inculpés d’avoir volé une partie du butin, qui avait été retrouvée pour ensuite disparaître à nouveau. En novembre, deux d’entre eux ont en outre été accusés d’avoir tué les suspects.
En août, des membres de la Force d’intervention rapide (FIR) et de la police chargée de l’ordre public ont harcelé et battu plusieurs personnes dans le quartier de Munhava à Beira, bastion de la Resistência Nacional Moçambicana (RENAMO, Résistance nationale mozambicaine), sous prétexte, semble-t-il, qu’elles n’avaient pas de papiers d’identité sur elles.
Au mois de juin, des agents de la police municipale de Maputo ont frappé et détenu pendant une courte période deux reporters qui avaient photographié pour le journal Zambeze des fonctionnaires en train de courir après des marchands ambulants et de saisir leurs biens. Le chef de la police a par la suite présenté des excuses publiques et promis de sanctionner les responsables.
La police a réprimé des manifestations en faisant usage d’une force manifestement excessive ; cependant, aucune enquête n’a été menée afin de déterminer si la force et les armes à feu avaient été utilisées de manière appropriée.
En juillet, la FIR et d’autres unités de police ont dispersé avec du gaz lacrymogène une manifestation pacifique organisée pour protester contre l’expulsion des commerçants sans licence du marché de Xipamanine, à Maputo.
En septembre, la police a ouvert le feu sur des vendeurs du marché de Limpopo à Xai-Xai, dans la province de Gaza, et les a frappés alors qu’ils avançaient en cortège vers les bureaux de l’administration municipale afin de dénoncer les conditions régnant sur le marché. Deux personnes ont été arrêtées pour avoir jeté des pierres sur des policiers.
Des agents de la FIR auraient frappé des étudiants grévistes qui avaient érigé des barricades à l’université Eduardo Mondlane, à Maputo, pour protester contre de nouveaux règlements concernant les bourses d’études. Selon certaines sources, 11 étudiants ont dû recevoir des soins médicaux à la suite de ces événements, notamment pour des fractures.

Violences politiques
Des violences à caractère politique ont éclaté à Mocimboa da Praia, dans la province de Cabo Delgado, entre des sympathisants du Frente da Libertação de Moçambique (FRELIMO, Front de libération du Mozambique), le parti au pouvoir, et des partisans de la Resistência Nacional Moçambicana-União Eleitoral (RENAMO-UE, Résistance nationale mozambicaine - Union électorale), au sujet d’un scrutin municipal controversé remporté par le FRELIMO en mai. La RENAMO-UE a accusé le FRELIMO d’avoir truqué ces élections ; au mois de septembre, elle a créé un gouvernement local parallèle, une initiative qui a été suivie de trois jours de violences. Douze personnes, dont un policier, ont trouvé la mort, 47 ont été blessées et près de 200 maisons ont été incendiées à Mocimboa da Praia et dans la ville voisine de Muindumbe. Trente-six personnes ont été appréhendées à la suite de ces événements, qui n’ont pas donné lieu à une enquête officielle. La Ligue mozambicaine des droits humains a conclu que la responsabilité de ces violences incombait aux deux camps.

Restrictions à la liberté de la presse
Des journalistes ont été harcelés et ont vu leurs activités entravées par les autorités.
En mars, les médias n’ont pas été autorisés à couvrir un procès en diffamation, infraction pénale passible d’une peine pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement. Les prévenus étaient Teodoro de Abreu, ancien rédacteur en chef du journal Demos, et Momad Assi Satar, emprisonné depuis qu’il a été déclaré coupable de l’assassinat du journaliste Carlos Cardoso et auteur d’une lettre ouverte au procureur général. Carlos Cardoso enquêtait sur des affaires de fraude et de corruption lorsqu’il a été tué en 2000. Dans sa lettre ouverte, publiée en août 2004 par Demos, Momad Assi Satar accusait le procureur général de contribuer intentionnellement à retarder l’enquête sur les allégations mettant en cause le fils de Joaquim Alberto Chissano, l’ancien chef de l’État, dans la mort de Carlos Cardoso. Au mois de mars, le procès en diffamation a été suspendu à la suite d’une requête de la défense, qui se plaignait de ce que le procureur général était représenté au tribunal par l’un de ses subordonnés. La procédure n’avait toujours pas repris à la fin de l’année.
En août, le journaliste Isaías Natal a affirmé avoir été menacé de mort par un responsable du FRELIMO dans la province de Sofala après la parution dans le Zambeze d’un article concernant la défection de deux membres de ce mouvement au profit d’un autre parti.

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