LAOS

Des restrictions continuaient de peser sur la liberté d’expression et d’association. Il était difficile d’évaluer avec précision la situation des droits humains, les observateurs indépendants ayant un accès limité au pays. Deux personnes au moins ont été condamnées à mort ; à la connaissance d’Amnesty International, aucune exécution n’a eu lieu. La situation restait critique pour des groupes de Hmongs cachés dans la jungle, et des membres de cette minorité arrivaient régulièrement en Thaïlande, pays frontalier du Laos, pour y chercher refuge.


Contexte
En mars, le VIIIe Congrès du Parti révolutionnaire du peuple laotien a adopté un nouveau plan quinquennal de développement économique et social pour 2006-2010. Ce plan reflétait l’orientation politique du gouvernement. Choummaly Sayasone a été élu à la direction du parti. En juin, il a été officiellement nommé président du pays, et Bouasone Bouphavanh est devenu le nouveau Premier ministre.
Bien que controversée, la politique de réinstallation menée par le gouvernement s’est poursuivie, avec l’objectif affiché de réduire la pauvreté. Des personnes vivant dans les hautes terres rurales, essentiellement des minorités ethniques, ont été déplacées vers des zones plus accessibles, dans les plaines ou à proximité ; les autorités cherchaient en outre à éradiquer leur méthode traditionnelle de culture sur brûlis. Cette politique, en partie appliquée par la force, la menace ou l’intimidation, a eu des conséquences désastreuses pour certaines communautés : perte des moyens de subsistance, insécurité alimentaire accrue et problèmes de santé.
Le projet de barrage hydroélectrique Nam Theun 2 soulevait toujours de vives critiques tandis que quelque 600 familles vivant dans le secteur prévu pour cet ouvrage étaient réinstallées dans de nouveaux villages. Pour la société Nam Theun 2 Power Company, comme pour la Banque de développement asiatique, la Banque mondiale et d’autres investisseurs, les arrangements prévus dans le cadre de ce projet étaient satisfaisants. Les critiques, pour leur part, estimaient que les indemnisations versées aux personnes touchées étaient inégales et insuffisantes.
Au mois de février, le gouvernement a déclaré qu’après une campagne de six ans, la culture du pavot à opium avait été éradiquée au Laos. La communauté internationale a accueilli cette déclaration avec satisfaction, mais certaines voix se sont élevées pour signaler que les anciens cultivateurs d’opium risquaient de devenir encore plus pauvres s’ils ne bénéficiaient pas d’une aide suffisante pour trouver d’autres sources de revenus.
Le gouvernement n’avait toujours pas ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ni le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, deux traités pourtant signés en décembre 2000.


Hmongs vivant dans la clandestinité

Des groupes de Hmongs vivant dans la jungle continuaient d’être exposés à de grandes difficultés, aux maladies et aux attaques. Ces derniers représentants d’un mouvement de résistance anticommuniste des années 1960 vivaient dans une pauvreté extrême et se cachaient pour échapper aux autorités, en particulier à l’armée.
Tout au long de l’année, à mesure que les troupes gouvernementales intensifiaient leurs opérations, de violentes attaques ont été signalées dans les provinces de Bolikhamsai, Luang Prabang, Vientiane et Xieng Khouang.
Le 6 avril, l’armée gouvernementale a attaqué un groupe hmong qui recherchait de la nourriture à une vingtaine de kilomètres de Vang Vieng, une ville touristique. Au moins 26 personnes ont été tuées, pour la plupart des femmes et des enfants. Les autorités ont nié cette attaque.
À la fin du mois d’octobre, des centaines de personnes qui se cachaient dans le même secteur sont sorties de la jungle et ont tenté de se réinsérer dans la société. Certaines ont fui vers la Thaïlande voisine afin de se protéger contre des persécutions présumées. On était depuis sans nouvelles d’elles.
En août, et pour la première fois depuis bien des années, le gouvernement a admis publiquement que de nombreux Hmongs du Laos tentaient de trouver refuge en Thaïlande, où ils étaient près de 7 000 à vivre dans un camp non officiel, dans la province de Phetchabun. Environ 400 demandeurs d’asile et réfugiés reconnus, parmi lesquels se trouvaient des enfants, ont été arrêtés en vertu de la législation thaïlandaise sur l’immigration et risquaient d’être expulsés. Au mois de novembre, 53 personnes ont été renvoyées de force de la Thaïlande vers le Laos.
Vingt-sept Hmongs – dont 22 enfants – renvoyés au Laos par la Thaïlande en décembre 2005 étaient toujours en détention au secret fin 2006. Leur situation n’a pas été confirmée officiellement.

Prisonniers politiques
Le nombre de prisonniers politiques restait inconnu car l’accès aux prisons était limité pour les observateurs indépendants, et il n’existait aucune source d’information indépendante concernant les détenus en général. Il était fréquemment fait état de conditions de détention déplorables.
Thao Moua et Pa Fue Khang étaient toujours emprisonnés. En 2003, ces deux Hmongs avaient servi de guides et de porteurs à deux journalistes européens qui cherchaient à entrer en contact clandestinement avec des groupes hmongs cachés dans la jungle. Ils avaient été condamnés respectivement à douze et quinze ans d’emprisonnement en juin 2003 pour entrave à la justice et possession d’armes et de drogues, à l’issue d’un procès inéquitable.
Quatre prisonniers d’opinion étaient toujours incarcérés à la prison de Samkhe. Parmi eux se trouvaient Thongpaseuth Keuakoun et Seng-aloun Phengphanh, deux membres du Mouvement des étudiants laotiens pour la démocratie, arrêtés en octobre 1999 pour avoir tenté d’organiser une manifestation non violente à Vientiane.

Peine de mort
La peine capitale était maintenue pour un grand nombre d’infractions. Au moins deux personnes ont été condamnées à mort pour infraction à la législation sur les stupéfiants. À la connaissance d’Amnesty International, aucune exécution n’a eu lieu.


Autres documents d’Amnesty International


 Laos. Des femmes et des enfants hmongs ont été massacrés (ASA 26/002/2006).

 Laos. Craintes pour la sécurité / Torture / Mauvais traitements / Détention arbitraire. 53 demandeurs d’asile (ASA 26/005/2006).

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