CUBA

Quarante-trois prisonniers d’opinion ont recouvré la liberté en 2010. Les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion demeuraient restreints et de très nombreux détracteurs du régime à parti unique ont été harcelés. L’embargo des États-Unis était toujours en vigueur.

RÉPUBLIQUE DE CUBA
CHEF DE L’ÉTAT ET DU GOUVERNEMENT : Raúl Castro Ruz
PEINE DE MORT : maintenue
POPULATION : 11,2 millions
ESPÉRANCE DE VIE : 79 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F) : 9 / 6 ‰
TAUX D’ALPHABÉTISATION DES ADULTES : 99,8 %

Contexte

Le prisonnier d’opinion Orlando Zapata Tamayo est mort le 23 février des suites d’une longue grève de la faim. Il faisait partie d’un groupe de 75 hommes arrêtés en mars 2003 lors d’une opération de répression lancée par les autorités. Au moment de son décès, il purgeait une peine de 36 années de réclusion. Le gouvernement cubain a libéré 41 prisonniers d’opinion entre juillet et décembre, à la suite d’un accord conclu avec les autorités espagnoles et d’un dialogue engagé avec l’Église catholique. À l’exception d’un seul, tous les hommes remis en liberté ont quitté Cuba en compagnie de leurs proches.
En octobre, le Conseil de l’Union européenne a décidé de maintenir pour une année supplémentaire sa position commune sur Cuba, laquelle invite le gouvernement cubain à un plus grand respect des droits humains.
La visite du rapporteur spécial des Nations unies sur la torture a de nouveau été repoussée cette année, à deux reprises au moins. Les autorités cubaines lui avaient adressé en 2009 une invitation à se rendre sur l’île.
À la fin de 2010, Cuba n’avait pas encore ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ni le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, alors que le gouvernement s’y était engagé devant le Conseil des droits de l’homme [ONU] en février 2009.
En octobre, Raúl Castro a annoncé qu’un congrès du Parti communiste cubain (PCC) se tiendrait en avril 2011 – le premier du genre depuis 16 ans.

Liberté d’expression – dissidents et journalistes

Tous les médias demeuraient sous contrôle étatique, ce qui empêchait les Cubains d’accéder librement à des sources d’information indépendantes. Le contenu des sites Internet et l’accès au cyberespace étaient surveillés, parfois même bloqués. La police et les services de sécurité ont, cette année encore, intimidé et harcelé des journalistes indépendants. Un grand nombre de ces derniers ont été arrêtés et emprisonnés, avant d’être remis en liberté plusieurs jours ou plusieurs semaines plus tard, sans inculpation ni jugement. Beaucoup parmi les personnes détenues ont déclaré avoir subi des pressions visant à leur faire renoncer à participer à des activités d’opposition, telles que des manifestations antigouvernementales, ou à envoyer des informations à des médias étrangers.

  • Calixto Ramón Martínez, journaliste de l’agence de presse indépendante Hablemos Press, a été arrêté le 23 avril alors qu’il tentait de couvrir une cérémonie privée organisée à La Havane en hommage à Orlando Zapata Tamayo. Il a été remis en liberté le lendemain, puis arrêté de nouveau quelques heures plus tard. Calixto Ramón Martínez a été maintenu en détention dans un poste de police pendant sept jours, puis conduit à la prison de Valle Grande, un établissement de sécurité maximale situé dans les faubourgs de La Havane. Le journaliste a recouvré la liberté le 14 mai mais a été menacé de poursuites pour « outrage aux autorités » et « agression ». Des membres des services de sécurité lui ont également demandé de cesser toute couverture de l’information.

Prisonniers d’opinion

Onze prisonniers d’opinion parmi les 75 hommes arrêtés en mars 2003 demeuraient incarcérés à la fin de 2010.

  • Darsi Ferrer, arrêté en juillet 2009, a finalement été traduit en justice le 22 juin 2010. Reconnu coupable de « recel de biens obtenus de façon illégale » et de « violence ou intimidation envers un représentant de l’État », il a été condamné à un an d’emprisonnement ainsi qu’à trois mois de « travaux d’intérêt général ». Il a recouvré la liberté immédiatement car il se trouvait déjà en détention depuis près d’une année. Amnesty International estimait que Darsi Ferrer était un prisonnier d’opinion détenu par les autorités pour des motifs politiques, en représailles de son activité de défenseur des droits humains.

Détention arbitraire

Cette année encore, des dissidents ont été arrêtés de façon arbitraire, le but étant de les empêcher d’exercer leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion.

  • Le 15 février, Rolando Rodríguez Lobaina, José Cano Fuentes et d’autres membres de l’Alliance démocratique orientale ont été arrêtés dans la province de Guantánamo par des fonctionnaires des services de sécurité. Il s’agissait de les empêcher de participer aux cérémonies d’anniversaire de l’Alliance, et ils ont été placés en détention durant quatre jours, avant d’être remis en liberté sans inculpation.
  • Le 12 août, des agents des services de sécurité de l’État ont interpellé Néstor Rodríguez Lobaina, son frère Rolando et trois autres membres du mouvement Jeunes pour la démocratie au domicile de Néstor Rodríguez, dans la ville de Baracoa (province de Guantánamo). Ils avaient tous les cinq dénoncé l’arrestation de deux autres membres de l’organisation survenue très peu de temps auparavant. Ces deux hommes ont recouvré la liberté le 16 août sans avoir été inculpés. Néstor Rodríguez Lobaina et les quatre autres ont quant à eux été libérés après presque trois semaines de détention, et ont été informés qu’ils seraient inculpés de « troubles à l’ordre public ». Aucun chef d’inculpation ne leur avait toutefois été notifié à la fin de l’année.

Peine de mort

En décembre, la Cour suprême populaire a commué en peines de 30 années de réclusion les condamnations à la sentence capitale qui avaient été prononcées contre Raúl Ernesto Cruz León et Otto René Rodríguez Llerena. Ces deux ressortissants salvadoriens avaient été reconnus coupables d’actes de terrorisme en 1999. Le 28 décembre, Humberto Eladio Real Suárez, un Cubain condamné à mort en 1996 pour l’homicide d’un policier, en 1994, a vu sa sentence commuée en peine de 30 ans d’emprisonnement. Il n’y avait plus de condamné à mort à Cuba à la fin de l’année.

Droit de circuler librement

  • Le dissident politique Guillermo Fariñas, psychologue et journaliste indépendant, n’a pas été autorisé à se rendre à Strasbourg en décembre pour recevoir le Prix Sakharov 2010 de la liberté de pensée, qui lui avait été décerné par le Parlement européen. Depuis 2002, il s’agissait du troisième dissident cubain ainsi récompensé que les autorités empêchaient de sortir du pays. Guillermo Fariñas a observé une grève de la faim pendant plus de quatre mois. Il y a mis fin en juillet lorsque le gouvernement cubain a annoncé la remise en liberté de prisonniers d’opinion.

L’embargo des États-Unis

L’embargo américain avait toujours des effets négatifs sur le développement économique, social et culturel des Cubains, en particulier celui des groupes les plus vulnérables.
D’après le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), les traitements destinés aux enfants et aux jeunes atteints de cancer des os et aux personnes victimes d’un cancer de la rétine n’étaient pas disponibles, car ils étaient sous brevet américain. L’embargo compromettait également l’approvisionnement en médicaments antirétroviraux pour les enfants atteints du VIH/sida. Aux termes de l’embargo, les médicaments et les équipements médicaux dont la fabrication relève d’un brevet américain ne peuvent être vendus au gouvernement cubain.
En septembre, le président américain Barack Obama a reconduit l’application des sanctions économiques et financières contre Cuba, telles qu’elles sont prévues par la Loi relative au commerce avec l’ennemi. En août, il avait assoupli les restrictions en matière de déplacement pour les groupes universitaires, religieux et culturels, au titre de la politique de « peuple à peuple ». Pour la 19e année consécutive, une résolution demandant aux États-Unis de lever l’embargo contre Cuba a été adoptée à une écrasante majorité (187 voix contre deux) par l’Assemblée générale des Nations unies.

Visites d’Amnesty International

  • Les autorités cubaines n’ont pas autorisé Amnesty International à pénétrer sur le territoire cubain depuis 1990.
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