HONDURAS

Des atteintes à la liberté d’expression ont été relevées. Peu de mesures ont été prises pour réparer le préjudice causé à la protection des droits humains et à l’état de droit à la suite du coup d’État de 2009. L’impunité était toujours la règle pour les militaires et les policiers auteurs de violations des droits humains. Les défenseurs de ces droits ont fait l’objet de manœuvres d’intimidation.

RÉPUBLIQUE DU HONDURAS
CHEF DE L’ÉTAT ET DU GOUVERNEMENT : Roberto Micheletti, président par intérim, remplacé par Porfirio Lobo Sosa le 27 janvier
PEINE DE MORT : abolie
POPULATION : 7,6 millions
ESPÉRANCE DE VIE : 72,6 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F) : 44 / 35 ‰
TAUX D’ALPHABÉTISATION DES ADULTES : 83,6 %

Contexte

Porfirio Lobo, membre du Parti national (PN), a accédé à la présidence en janvier. Le nouveau gouvernement a essuyé des critiques pour ne pas avoir amené les auteurs des violations des droits humains perpétrées sous le gouvernement de facto de Roberto Micheletti (juin 2009 – janvier 2010) à répondre de leurs actes. Peu d’enquêtes ont été ouvertes contre les membres de la police et de l’armée qui ont arrêté arbitrairement et maltraité plusieurs centaines de manifestants et de simples passants durant cette période.
À plusieurs occasions cette année, des soldats ont été déployés dans la région de l’Aguán après que des conflits fonciers entre des centaines de petits paysans et différentes entreprises et propriétaires privés eurent dégénéré en affrontements violents. Il était à craindre que les militaires n’aient eu recours à une force excessive.
En mai, quatre juges – Tirza del Carmen Flores Lanza, Ramón Enrique Barrios, Luis Alonso Chévez de la Rocha, Guillermo López Lone – et un avocat général, Osmán Fajardo Morel, ont été démis de leurs fonctions car ils avaient participé, pourtant de façon pacifique, à des manifestations contre le coup d’État de 2009. Ils n’avaient pas été réintégrés dans leurs fonctions à la fin de l’année. Les juges et autres représentants de l’appareil judiciaire qui avaient manifesté en faveur du coup d’État n’ont pas été destitués.
En novembre, la situation des droits humains dans le pays a été évaluée dans le cadre de l’examen périodique universel de l’ONU, et les autorités honduriennes ont adressé une invitation permanente aux experts des Nations unies et des organes interaméricains chargés des droits humains.
Exclu de l’OEA à la suite du coup d’État de juin 2009, le Honduras n’avait toujours pas été réintégré à la fin de l’année.

Justice internationale

En novembre, le procureur de la Cour pénale internationale a annoncé qu’il allait procéder à un examen préliminaire des allégations de violations généralisées et systématiques des droits humains perpétrées sous le gouvernement de facto.

Défenseurs des droits humains

Des représentants d’organisations œuvrant pour la défense des droits humains ont été menacés et harcelés dans l’exercice de leurs activités.

  • En octobre, une avocate travaillant pour l’Association pour une société plus juste (ASJ) a été contrainte de monter dans un taxi par deux hommes non identifiés, dont l’un était armé et l’a interrogée sur son action auprès de l’ASJ. Comme elle refusait de répondre, l’un des deux hommes a dit à l’autre : « Tu sais qu’on a été payés pour l’exécuter [...] il faut suivre les consignes. » Une demi-heure plus tard, ils lui ont ordonné de sortir du véhicule, l’abandonnant dans la rue. Une enquête de police sur cet épisode était en cours à la fin de l’année.

Liberté d’expression et d’association

Au moins 10 journalistes ont été assassinés entre janvier et décembre. Joseph Hernández, David Meza Montesinos, Nahúm Palacios, José Bayardo Mairena et Manuel Juárez ont tous été tués en mars, et Jorge Alberto (Georgino) Orellana, Luis Antonio Chévez, Luis Arturo Mondragón et Israel Zelaya Díaz entre avril et août. Un dixième journaliste hondurien, Henry Suazo Santos, a été assassiné en décembre. À la fin de l’année, aucun suspect n’avait été déféré à la justice pour ces crimes et aucun programme efficace et doté de toutes les ressources nécessaires n’avait été mis en place pour assurer la protection des journalistes en danger.

  • En mars, le journaliste Nahúm Palacios Arteaga (34 ans), directeur de l’information de la chaîne de télévision Canal 5 pour l’Aguán, et animateur d’un programme d’information sur Radio Tocoa, a été assassiné alors qu’il traversait en voiture le secteur de Los Pinos, à Tocoa (département de Colón), pour rentrer chez lui. Deux hommes non identifiés ont positionné leur véhicule à la hauteur du sien et ont ouvert leur feu à l’aide d’armes automatiques AK-47. Nahúm Palacios a reçu 30 balles ; deux personnes qui voyageaient avec lui ont été blessées. Nahúm Palacios avait fait parler de lui par ses critiques ouvertes du coup d’État. En juillet 2009, la Commission interaméricaine des droits de l’homme avait décidé de l’octroi de mesures conservatoires en faveur de cet homme et avait demandé à l’État hondurien d’intervenir sans délai pour assurer sa protection. Ces mesures n’ont jamais été mises en œuvre.

Violences faites aux femmes et aux filles

Selon le bureau du procureur général, 282 femmes ont été tuées entre janvier et octobre. Ce chiffre a été contesté par des organisations de défense des droits des femmes qui ont affirmé qu’il était en deçà de la vérité.
Le décret émis par le gouvernement de facto et érigeant en infraction pénale le recours à une contraception d’urgence était toujours en vigueur, malgré ses conséquences néfastes sur les femmes et les jeunes filles dont la méthode de contraception avait échoué ou qui risquaient d’être enceintes à la suite de relations sexuelles contraintes.

Droits des lesbiennes, des gays, des personnes bisexuelles et des transgenres

En octobre, les lesbiennes, les gays, les personnes bisexuelles et les transgenres ont fait part de leurs inquiétudes à la Commission interaméricaine des droits de l’homme quant aux menaces et aux agressions dont ils continuaient d’être la cible. Ces attaques faisaient rarement l’objet d’une enquête approfondie et le manque de protection accordée à ceux qui signalaient ces agissements demeurait une source de préoccupation.

  • Nohelia Flores Álvarez, une transsexuelle, a porté plainte contre un policier qui l’avait poignardée à 17 reprises en décembre 2008 après qu’elle eut refusé d’accéder à sa demande de services sexuels. Durant les enquêtes et le procès, elle-même ainsi que des témoins, des enquêteurs, des magistrats du parquet et des personnes la soutenant ont été régulièrement harcelés et menacés. Ces violences ont atteint leur paroxysme en août avec le meurtre d’un des amis de Nohelia Flores Álvarez, qui se trouvait avec elle lorsqu’elle a été la cible d’une agression. En septembre, le policier accusé de l’avoir poignardée a été déclaré coupable et condamné à la peine minimale de 10 ans d’emprisonnement. À la fin de l’année, personne n’avait cependant été traduit en justice pour les manœuvres d’intimidation, les menaces et le meurtre dont ont été victimes des personnes de l’entourage de Nohelia Flores Álvarez.
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