COREE DU NORD

Les atteintes aux droits humains étaient toujours aussi nombreuses. Les libertés d’association, d’expression et de circulation faisaient notamment l’objet de restrictions draconiennes. Les détentions arbitraires, les actes de torture et les mauvais traitements entraînant la mort des victimes restaient monnaie courante. De nombreuses exécutions ont eu lieu. Les autorités réprimaient toute dissidence et la presse était étroitement contrôlée par le pouvoir. Les détenus étaient soumis aux travaux forcés et à des conditions de vie extrêmement rudes. Sous l’effet conjugué d’une politique et d’une gestion économique déplorables, de mauvaises conditions climatiques et d’une baisse de l’aide internationale, des millions de personnes se sont retrouvées confrontées à des problèmes de pénurie alimentaire. Les médicaments les plus essentiels étaient hors de portée pour des millions d’habitants. Des milliers de personnes ont franchi la frontière chinoise, en quête de nourriture et de travail. Beaucoup ont été arrêtées par les autorités chinoises, qui les ont renvoyées de force en Corée du Nord, où les attendaient détention, interrogatoires et torture.

RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE
CHEF DE L’ÉTAT : Kim Jong-il
CHEF DU GOUVERNEMENT : Kim Yong-il, remplacé par Choe Yong-rim le 7 juin
PEINE DE MORT : maintenue
POPULATION : 24 millions
ESPÉRANCE DE VIE : 67,7 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F) : 63 / 63 ‰

Contexte

La Corée du Nord se préparait apparemment à un changement à la tête de l’État. Kim Jong-un, le troisième fils de Kim Jong-il, l’actuel chef de l’État, a été promu général quatre étoiles en septembre, ce qui semblerait indiquer qu’il a été désigné comme le successeur de son père.
La péninsule coréenne a été le théâtre d’un regain de tension, après que la Corée du Nord eut bombardé, en novembre, l’île de Yeonpyeong, située près de la frontière maritime (contestée) constituée par la « Ligne de limite nord ». Deux soldats et deux civils sud-coréens ont été tués lors de cette action. C’était la première fois que des civils trouvaient la mort dans un incident militaire transfrontalier depuis la guerre de Corée (1950-1953). En mars, la Corée du Sud a accusé la Corée du Nord d’avoir coulé l’un des navires de sa marine nationale, le Cheonan, causant la mort de 46 personnes qui se trouvaient à bord. En décembre, le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire sur des crimes de guerre qu’aurait pu commettre la Corée du Nord à l’occasion des récents accrochages avec la Corée du Sud.

Crise alimentaire, malnutrition et santé publique

Amnesty International a signalé en juillet que la réponse tardive et insuffisante apportée par le gouvernement à la crise alimentaire qui continuait d’affecter le pays avait des conséquences désastreuses pour la santé de la population. L’organisation a appelé les pouvoirs publics à solliciter une assistance humanitaire internationale et à ne pas gêner ensuite son acheminement jusqu’à ses destinataires. Les pays donateurs ont été instamment priés d’apporter leur aide dans le cadre des Nations unies, en fonction des besoins des populations et non de considérations d’ordre politique.
L’UNICEF a déclaré que, chaque année, quelque 40 000 enfants de moins de cinq ans étaient touchés par une « grave malnutrition » en Corée du Nord, l’état de 25 000 d’entre eux nécessitant une hospitalisation. Selon une enquête menée par le gouvernement avec le soutien de l’ONU, le tiers de la population environ souffrait d’un déficit de croissance. La proportion atteignait même 45 % des habitants dans certaines régions.
Au mois d’octobre, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s’est inquiété du sort de plus 3,5 millions de femmes et d’enfants nord-coréens, dont les besoins humanitaires étaient critiques et dont la situation allait se détériorer encore en raison de pénuries alimentaires, a-t-il indiqué.

Conditions de détention

Des milliers de prisonniers politiques étaient incarcérés dans au moins six établissements pénitentiaires. De nombreuses personnes étaient arrêtées arbitrairement ou maintenues en détention pour une durée indéfinie, sans inculpation ni procès. Les détenus étaient victimes de violations graves, systématiques et permanentes de leurs droits fondamentaux (exécutions extrajudiciaires, actes de torture et autres mauvais traitements, travaux forcés, etc.). La torture était une pratique courante dans les camps de détention. Épuisés, mal nourris, laissés sans soins, nombre de détenus soumis aux travaux forcés, dans des conditions très dures, souvent dangereuses, mouraient. Par ailleurs, beaucoup étaient exécutés pour des infractions mineures, sous les yeux de leurs compagnons, contraints d’assister à leur supplice.

  • Âgé de 84 ans, Jeong Sang-un, un ancien prisonnier de guerre ayant combattu pour la Corée du Sud lors de la guerre de 1950-1953, pourrait avoir été interné dans un camp pour prisonniers politiques en Corée du Nord, après avoir été renvoyé de force dans ce pays en février par les autorités chinoises. Comme des milliers d’autres personnes vivant en Corée du Nord, il avait gagné la Chine pour y chercher de quoi se nourrir. Peu après son arrivée en Chine, Jeong Sang-un a été arrêté par les autorités dans la province de Jilin et maintenu en détention jusqu’à son expulsion vers la Corée du Nord, en février 2010. À son retour, il était très faible et avait besoin d’aide pour marcher. En Corée du Nord, Jeong Sang-un n’a pas été traduit en justice et a été envoyé directement au camp pour prisonniers politiques (kwanliso) de Yodok, dans la province du Hamgyong du Sud.
  • Robert Park, un missionnaire américain âgé de 28 ans, a été libéré en février après avoir passé 43 jours dans un centre de détention de Pyongyang. Ce militant des droits humains avait été arrêté le 25 décembre 2009 alors qu’il venait d’arriver en Corée du Nord, avec la volonté manifeste d’attirer l’attention sur le sort des prisonniers politiques dans ce pays.
  • Un autre ressortissant américain, Aijalon Gomes, 31 ans, a été libéré en août, peu après la visite de l’ancien président des États-Unis Jimmy Carter. Cet ami de Robert Park était arrivé illégalement en Corée du Nord au mois de janvier et avait été condamné à huit ans de travaux forcés et à une amende d’environ 600 000 dollars américains.

Liberté d’expression, d’association et de circulation

Les pouvoirs publics imposaient des restrictions draconiennes à la liberté d’expression et de rassemblement, pourtant garantie par la Constitution. Toute critique du gouvernement et de ses dirigeants était totalement interdite et passible d’arrestation et d’internement dans un camp de détention. Téléviseurs et postes de radio étaient exclusivement distribués par le régime et il était strictement interdit de modifier ces appareils pour leur permettre de capter des émissions étrangères. Toute personne surprise en train d’écouter un programme étranger était immédiatement arrêtée et condamnée à une lourde peine d’emprisonnement.
Les Nord-Coréens étaient en outre soumis à des restrictions de leur droit de circuler librement, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Des milliers fuyaient vers la Chine en quête de nourriture et de travail. Nombre d’entre eux étaient renvoyés de force dans leur pays par les autorités chinoises. À leur retour, ils étaient généralement roués de coups et envoyés dans des centres de détention. Les sanctions étaient plus sévères pour ceux qui étaient soupçonnés d’avoir été en contact avec des ONG sud-coréennes ou d’avoir voulu passer en Corée du Sud.

Peine de mort

La Corée du Nord continuait d’exécuter des prisonniers, parfois en public, parfois en secret. Au moins 60 personnes auraient été exécutées en public.

  • Un ouvrier d’une usine d’armement du nom de Chong aurait été exécuté publiquement à Hamhung, une ville de la côte orientale du pays, à la fin du mois de janvier. Il lui était reproché d’avoir divulgué, en se servant d’un téléphone portable chinois illégal, le prix du riz et diverses autres informations concernant les conditions de vie. Il aurait communiqué ces renseignements à l’un de ses amis, qui avait fait défection et s’était installé en Corée du Sud quelques années auparavant.

Surveillance internationale

La Corée du Nord a répondu en mars au rapport publié dans le cadre de la procédure d’examen périodique universel de l’ONU, qui avait fait en 2009 le bilan du pays en matière de droits humains. En se bornant à déclarer qu’elle avait « pris note » des recommandations formulées à l’issue de la procédure, la Corée du Nord est devenue le premier pays à n’accepter expressément aucune des recommandations du mécanisme, une attitude qui contredisait les promesses faites par Pyongyang de coopérer avec lui. Marzuki Darusman, de nationalité indonésienne, a été nommé en juin rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée.

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