SINGAPOUR

Les défenseurs des droits humains et les personnes qui critiquaient le gouvernement continuaient d’être sanctionnés pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. Les autorités exerçaient toujours un contrôle étroit sur les médias, en utilisant des lois sur la censure restrictives et des actions en justice contre la presse. Elles continuaient aussi de recourir à la détention arbitraire, à la peine de bastonnade et à la peine de mort.

République de Singapour
CHEF DE L’ÉTAT : Sellapan Rama Nathan
CHEF DU GOUVERNEMENT : Lee Hsien Loong
PEINE DE MORT : maintenue
POPULATION : 4,8 millions
ESPÉRANCE DE VIE : 80,7 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F) : 4 / 4 ‰
TAUX D’ALPHABÉTISATION DES ADULTES : 94,5 %

Liberté d’expression et de réunion

Chee Soon Juan, chef de file d’un parti d’opposition, était toujours en situation de faillite après les poursuites pour diffamation engagés contre lui par d’anciens ministres et par d’autres encore en exercice. Il lui était en conséquence interdit de quitter l’archipel et de briguer des fonctions publiques. Chee Soon Juan et ses collaborateurs étaient passibles d’amendes et de peines d’emprisonnement pour avoir pris la parole en public sans autorisation et pour avoir organisé des réunions illégales. À la fin de l’année, il n’avait pas encore été statué sur les appels interjetés de ces déclarations de culpabilité, et les accusés demeuraient en liberté sous caution.

  • En mars, le quotidien International Herald Tribune a dû présenter des excuses et s’acquitter de plusieurs amendes, à l’issue d’une plainte pour diffamation liée à un article que le journal avait consacré aux dynasties politiques et qui faisait figurer le nom de Lee Kwan Yew (ancien Premier ministre) et de Lee Hsien Loong (le Premier ministre en poste) dans la liste des familles occupant de hautes fonctions en Asie.
  • En juillet, la police a arrêté le journaliste britannique Alan Shadrake à la suite de la parution d’un livre de ce dernier sur les exécutions à Singapour. Le journaliste a été inculpé d’outrage à l’autorité de la justice car il lui était reproché d’avoir mis en doute, dans son ouvrage, l’indépendance du pouvoir judiciaire. Alan Shadrake a été déclaré coupable en novembre. Il a été condamné à six semaines d’emprisonnement et à une amende de 20 000 dollars singapouriens.

Détention sans jugement

Un certain nombre de militants islamistes présumés étaient toujours détenus au titre de la Loi relative à la sécurité intérieure, qui permettait le maintien en détention sans jugement.

Une nouvelle arrestation a semble-t-il été opérée aux termes de ces dispositions. Sept personnes, dont une au moins était détenue depuis neuf années, ont été remises en liberté.

Peine de mort

Huit personnes au moins ont été condamnées à mort. Aucune information officielle n’était disponible sur les exécutions.

  • Plusieurs dizaines de milliers de ressortissants malaisiens ont mené campagne pour que la peine capitale prononcée contre leur concitoyen Yong Vui Kong soit commuée, et le gouvernement malaisien a lancé des appels en faveur de cet homme aux autorités singapouriennes. Yong Vui Kong a été condamné à mort en 2009 pour trafic de stupéfiants, une infraction obligatoirement punie de mort à Singapour. Son avocat a fait appel du jugement au motif que le prononcé obligatoire de la peine capitale était anticonstitutionnel, mais la cour d’appel a rejeté ce recours. Il a également demandé un contrôle de la légalité de la procédure de recours en grâce.

Torture et autres mauvais traitements

La peine de bastonnade était appliquée pour une trentaine d’infractions, notamment pour le vandalisme et pour des violations de la législation relative à l’immigration.

  • Un homme originaire du Cameroun s’est vu infliger, en avril, une peine de bastonnade parce qu’il était resté à Singapour après l’expiration de son visa.
  • En juin, un ressortissant suisse a été condamné à la même peine pour avoir vandalisé un wagon de train.

Surveillance internationale

Le rapporteur spécial des Nations unies sur le racisme s’est rendu à Singapour en avril. Dans ses recommandations, il a notamment insisté sur la nécessité de prendre des mesures afin de protéger les travailleurs migrants et de mettre en place un cadre légal et institutionnel pour combattre le racisme. Le rapporteur a également déclaré qu’il était temps que les Singapouriens soient autorisés à exprimer leurs opinions sur les questions ethniques et à travailler de concert pour trouver des solutions.

Prisonniers d’opinion

Pour la première fois, plusieurs anciens prisonniers d’opinion se sont publiquement exprimés au sujet de ce qu’ils avaient vécu. Teo Soh Lung a ainsi publié un livre relatant les deux périodes de détention qu’elle avait subies au titre de la Loi relative à la sécurité intérieure, en 1987 puis en 1990.

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