CHYPRE

Un certain nombre de demandeurs d’asile déboutés ont été renvoyés de force en Syrie. Dans un arrêt sans précédent concernant une affaire de traite d’êtres humains, Chypre a été reconnue coupable d’avoir violé le droit à la vie et le droit de ne pas être soumis au travail forcé.

RÉPUBLIQUE DE CHYPRE
CHEF DE L’ÉTAT ET DU GOUVERNEMENT : Demetris Christofias
PEINE DE MORT : abolie
POPULATION : 0,9 million
ESPÉRANCE DE VIE : 80 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F) : 7 / 6‰
TAUX D’ALPHABÉTISATION DES ADULTES : 97,8 %

Contexte

Les négociations au sommet entre les autorités chypriotes grecques et turques se sont poursuivies tout au long de l’année. Elles ont porté, entre autres, sur la gouvernance et le partage du pouvoir, sur des questions relatives à l’Union européenne, sur certains sujets économiques et sur le droit à la propriété. Les deux parties ont convenu, en novembre, de renforcer leurs relations. Le Comité des personnes disparues à Chypre [ONU] a poursuivi son travail. À la fin de décembre, ses services avaient exhumé les dépouilles de 767 personnes. Plusieurs attaques à mobile raciste ont été signalées au cours de l’année.

Réfugiés et demandeurs d’asile

Fin mai, environ 250 manifestants kurdes de Syrie ont campé devant la Maison de l’Union européenne à Nicosie pour dénoncer le rejet de leurs demandes d’asile et revendiquer leurs droits en matière de séjour. Le 11 juin, 143 de ces manifestants, dont des enfants, auraient été arrêtés lors d’une opération de police effectuée au petit matin. Plusieurs d’entre eux ont aussitôt été remis en liberté mais, d’après les informations recueillies, 23 ont été renvoyés de force en Syrie le jour même. Le 14 juin, la Cour européenne des droits de l’homme a ordonné des mesures provisoires, demandant à Chypre de suspendre le renvoi des 44 personnes qui se trouvaient toujours en détention. Sept d’entre elles ont alors recouvré la liberté, soit parce que leur demande d’asile était en instance, soit parce qu’il s’agissait d’apatrides. D’après les informations disponibles, 32 des personnes restantes ont été renvoyées de force vers la Syrie après que la Cour européenne eut levé, en septembre, les mesures provisoires les concernant. Les cinq dernières se trouvaient toujours en détention à Chypre. Parmi les personnes expulsées, dix-sept auraient été arrêtées et placées en détention dès leur arrivée en Syrie ou peu après celle-ci.

Maintien de l’ordre

  • En novembre, des personnes qui participaient au festival Arc-en-ciel organisé à Larnaka pour promouvoir la lutte contre le racisme auraient été molestées par des individus prenant part, quant à eux, à une manifestation qui s’opposait à la présence de migrants. Les deux événements se tenaient le même jour, au même endroit. On s’interrogeait sur la manière dont les agents de la force publique avaient fait face à ces manifestations. D’après certaines informations, la police a recouru à une force excessive contre les participants au festival, dans le but d’ouvrir la voie aux manifestants hostiles aux migrants. Elle aurait arrêté six festivaliers mais pas un seul manifestant.

Traite d’êtres humains

  • Dans un arrêt appelé à faire date au sujet de la mort d’Oxana Rantseva, une victime de traite, la Cour européenne des droits de l’homme a conclu, en janvier, que Chypre avait violé le droit à la vie en omettant de conduire une enquête effective. Elle a également estimé que les autorités chypriotes avaient transgressé le droit de toute personne à ne pas être soumise à l’esclavage ni au travail forcé, en ne mettant pas en place de dispositif adapté à la lutte contre ce trafic, et du fait que la police n’avait pris aucune mesure concrète pour protéger Oxana Rantseva de la traite. En mars 2001, Oxana Rantseva avait fait chute mortelle, dans des circonstances non élucidées, alors qu’elle tentait de s’enfuir d’un appartement situé au cinquième étage d’un immeuble de la ville de Limassol et appartenant à un employé de son ancien patron.

Droits des lesbiennes, des gays, des personnes bisexuelles et des transgenres

En mars, l’Autorité chargée de la lutte contre le racisme et les discriminations a recommandé que le concubinage entre deux personnes de même sexe soit juridiquement reconnu.

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