NIGER

Deux dirigeants politiques et 10 militaires ont été maintenus en détention plusieurs mois sans avoir été jugés. Invoquant des « raisons humanitaires », le régime nigérien a accueilli des dignitaires libyens, tout en assurant qu’il respecterait ses engagements vis-à-vis de la Cour pénale internationale si des responsables étrangers faisant l’objet d’un mandat d’arrêt pénétraient sur le territoire national. Al Qaïda au Maghreb islamique détenait toujours des étrangers et a effectué de nouvelles prises d’otages. Deux personnes enlevées ont été tuées lors d’une opération tentée pour les libérer.

RÉPUBLIQUE DU NIGER
Chef de l’État : Salou Djibo, remplacé par Mahamadou Issoufou le 7 avril
Chef du gouvernement : Mahamadou Danda, remplacé par Brigi Rafini le 7 avril
Peine de mort : abolie en pratique
Population : 16,1 millions
Espérance de vie : 54,7 ans
Mortalité des moins de cinq ans : 160,3 ‰
Taux d’alphabétisation des adultes : 28,7 %

Contexte

En mars, l’élection de Mahamadou Issoufou à la présidence a mis fin au gouvernement provisoire que dirigeait la junte militaire responsable de l’éviction du président Mamadou Tandja en 2010.
Les troubles et le conflit armé en Libye ont conduit plus de 200 000 Nigériens présents dans ce pays à rentrer chez eux, créant une situation humanitaire difficile.
Des affrontements opposant les forces de sécurité à des éléments armés d’AQMI dans le nord du Niger ont été signalés tout au long de l’année. Le gouvernement a déclaré qu’AQMI se procurait des armes de contrebande en Libye. En mai, les autorités ont annoncé qu’elles allaient renforcer leur coopération en matière de sécurité avec le Mali, la Mauritanie et l’Algérie. En novembre, les forces armées nigériennes ont détruit un convoi d’armes lourdes qui faisait route de Libye en direction du Mali.

Détention sans jugement

Deux personnalités politiques et 10 officiers de l’armée ont été maintenus en détention durant plusieurs mois. À la fin de l’année, au moins trois d’entre eux demeuraient en détention sans avoir été jugés.
*Placé en résidence surveillée depuis son éviction du pouvoir en 2010, l’ex-président Tandja a été inculpé de détournement de fonds et incarcéré en janvier. Il a été remis en liberté provisoire au mois de mai, mais était toujours dans l’attente de son procès à la fin de l’année. Assigné à domicile depuis février 2010, Albadé Abouba, ancien ministre de l’Intérieur, a été remis en liberté sans inculpation en mars.
*En juillet, 10 militaires ont été arrêtés sous l’accusation de complot contre les autorités. Ils ont été détenus durant plusieurs jours, puis remis en liberté. En septembre, deux officiers de haut rang, le colonel Abdoulaye Badié et le lieutenant-colonel Hamadou Djibo, ont été arrêtés et accusés d’avoir écrit et distribué une brochure dénonçant la promotion de plusieurs officiers. Les deux hommes ont été remis en liberté sans inculpation en novembre.

Exactions perpétrées par des groupes armés

Plusieurs étrangers ont été pris en otage par Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et d’autres, enlevés précédemment, demeuraient aux mains de cette organisation ; deux hommes enlevés ont été tués lors d’une opération tentée pour les libérer.
*En janvier, deux Français ont été enlevés à Niamey, la capitale du pays, et tués le lendemain lors d’une opération conduite à la frontière malienne par des forces françaises et nigériennes. Selon les informations disponibles, trois gendarmes nigériens et plusieurs membres présumés d’AQMI ont été tués pendant l’assaut. L’enlèvement a été revendiqué par AQMI.
*En février, trois des sept personnes kidnappées en septembre 2010 par AQMI dans la ville d’Arlit ont été libérées. Il s’agissait d’une Française, d’un Togolais et d’un Malgache. Les quatre otages toujours retenus à la fin de l’année étaient français.

Justice internationale

En septembre, plusieurs hauts dignitaires du régime libyen du colonel Kadhafi – dont son fils Saadi, qui faisait l’objet de sanctions ordonnées par le Conseil de sécurité des Nations unies – ont été accueillis sur le sol nigérien pour « raisons humanitaires » et placés « sous surveillance ». À la fin de l’année, aucun mandat d’arrêt à leur nom n’avait été émis par la Cour pénale internationale.
Le Niger n’a pas donné satisfaction au Conseil national de transition libyen, qui réclamait leur renvoi en Libye, mais a indiqué qu’il respecterait ses engagements vis-à-vis de la justice internationale si une demande d’extradition venait à être formulée.

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