HONDURAS

Plusieurs personnes ont été tuées dans des conflits fonciers en cours dans la région de l’Aguán. Des expulsions forcées ont laissé sans abri des centaines de familles de petits paysans. L’impunité était toujours la règle pour les militaires et les policiers auteurs de violations des droits humains, y compris celles commises durant le coup d’État de 2009. Les défenseurs des droits humains ont cette année encore fait l’objet de manœuvres d’intimidation.

RÉPUBLIQUE DU HONDURAS
Chef de l’État et du gouvernement : Porfirio Lobo Sosa
Peine de mort : abolie
Population : 7,8 millions
Espérance de vie : 73,1 ans
Mortalité des moins de cinq ans : 29,7 ‰
Taux d’alphabétisation des adultes : 83,6 %

Contexte

En janvier, la Commission interaméricaine des droits de l’homme a exprimé sa profonde inquiétude face aux menaces, aux graves actes de violence et aux homicides auxquels était confrontée la communauté transgenre.
En novembre, 28 Honduriennes dont les enfants, partis pour les États-Unis, avaient disparu au Mexique se sont rendues dans ce pays pour exhorter les autorités à mettre en place un mécanisme de recherche officiel permettant de retrouver leurs enfants et de mieux protéger les dizaines de milliers de migrants originaires d’Amérique centrale qui traversent le Mexique chaque année (voir Mexique).

Impunité – conséquences du coup d’État

En avril, le gouvernement a mis en place une Commission vérité et réconciliation afin d’analyser les événements qui se sont déroulés avant et pendant le coup d’État. Dans son rapport, publié en juillet, la Commission a reconnu que les événements de 2009 constituaient effectivement un coup d’État et que de multiples violations des droits humains avaient été commises ; l’armée et la police avaient notamment eu recours à la force d’une manière excessive. À la fin de l’année, personne n’avait été traduit en justice ou amené à rendre des comptes pour ces atteintes aux droits fondamentaux.
En juin, le Honduras a de nouveau été admis au sein de l’OEA ; le pays en avait été suspendu à la suite du coup d’État de 2009.
Les membres de l’appareil judiciaire démis de leurs fonctions à la suite de procédures iniques sous le gouvernement de facto n’avaient pas retrouvé leurs postes à la fin de l’année.

Défenseurs des droits humains

Des défenseurs des droits humains ont été menacés et harcelés dans l’exercice de leurs activités.
*En janvier et en juin, Alex David Sánchez Álvarez a été menacé et agressé par des personnes non identifiées en raison de son action au sein du collectif Violeta, qui agit en faveur de la protection des droits des membres de la communauté LGBT, et du Centre de prévention, de traitement et de réadaptation pour les victimes de torture et leur famille. Les deux fois, ces faits ont été signalés au Bureau du procureur général, mais les responsables n’avaient toujours pas été traduits en justice à la fin de l’année.
*Fin 2011, personne n’avait encore été traduit en justice pour l’homicide dont a été victime, en 2009, Walter Trochez, militant en faveur des droits des LGBT.

Droits sexuels et reproductifs

Un décret sur la contraception émis par le gouvernement de facto en 2009 était toujours en vigueur. Ce décret érigeait en infraction pénale le recours à une contraception d’urgence par les femmes et les filles dont la méthode de contraception avait échoué, ou qui risquaient d’être enceintes à la suite de relations sexuelles contraintes.

Conflits fonciers et expulsions forcées

Du personnel militaire et d’importants effectifs de police ont été déployés dans la région de l’Aguán, où des conflits fonciers opposant des centaines de petits paysans et plusieurs entreprises et propriétaires privés ont donné lieu à des actes de violence.
Des expulsions forcées ont également eu lieu tout au long de l’année dans la région de l’Aguán et peu d’efforts ont été faits pour résoudre le problème. Les accords établis entre le gouvernement et des organisations de petits paysans n’ont pas été mis en œuvre, laissant des milliers de familles sans abri ou exposées en permanence au risque d’expulsion.
*En juin, la police a expulsé de force une communauté de la ville de Rigores, dans le département de Colón. L’avis d’expulsion a été émis en mai, mais la communauté n’en a pas été informée et n’a reçu aucun avertissement avant l’expulsion. Les familles, dont certaines vivaient là depuis de nombreuses années, ont eu à peine deux heures pour prendre leurs affaires et quitter leurs foyers. Au cours de l’opération, des maisons appartenant à des membres de la communauté, sept salles de classe de l’école primaire et de l’école maternelle locales, ainsi que deux églises ont été détruites et 493 personnes ont perdu leur logement. Aucune solution de relogement, de réinstallation ou d’accès à une terre productive n’a été proposée aux personnes concernées, ni avant ni après l’expulsion. De même, aucun accès sûr à leurs cultures, en grande partie détruites pendant l’expulsion, ne leur a été garanti.

Brutalités policières

De nouvelles allégations ont fait état de violations des droits humains perpétrées par la police.
*En octobre, les corps de deux étudiants tués par balle ont été retrouvés à Tegucigalpa, la capitale du pays. Quatre policiers ont été inculpés de ces homicides, qu’ils auraient commis pendant leur service alors qu’ils patrouillaient en ville. Des informations indiquent que jusqu’à huit policiers pourraient être mêlés à cette affaire. Face à l’indignation générale provoquée par ces deux meurtres, le gouvernement a mis sur pied un comité mixte composé de membres du Congrès et de représentants de l’exécutif et chargé de revoir les politiques en matière de sécurité publique.

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