Malawi

Les manœuvres de harcèlement et d’intimidation visant les détracteurs du régime se sont poursuivies pendant la première partie de l’année. Après la prestation de serment de Joyce Banda en tant que présidente, en avril, la situation s’est rapidement améliorée sur le plan des droits civils et politiques. Les commissions chargées d’enquêter sur les circonstances de la mort de 20 personnes lors des manifestations nationales de juillet 2011, et sur celle d’un jeune militant étudiant, ont rendu leurs conclusions. Plusieurs lois attentatoires aux droits humains garantis par le droit international ont été abrogées.

RÉPUBLIQUE DU MALAWI
Chef de l’État et du gouvernement : Bingu wa Mutharika, remplacé par Joyce Banda le 7 avril

Contexte

Le président Bingu wa Mutharika, mort subitement le 5 avril, a été remplacé dans ses fonctions par la vice-présidente, Joyce Banda.

En mai, la présidente Joyce Banda a demandé à l’Union africaine (UA) d’annuler l’invitation adressée à l’ex-président soudanais Omar el Béchir, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, pour qu’il assiste au sommet de l’organisation du 9 au 16 juin, à Lilongwe, la capitale malawienne. L’UA ayant refusé, le Malawi a décidé de ne pas accueillir le sommet, qui a été reporté à une date ultérieure et reprogrammé à Addis-Abeba, en Éthiopie. La présidente n’y a pas assisté.

Sensibles aux réformes engagées par Joyce Banda, plusieurs bailleurs de fonds importants, dont la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l’Union européenne, ont repris les versements d’aide au Malawi.

Évolutions législatives

Plusieurs lois adoptées sous la présidence de Bingu wa Mutharika et qui avaient fait l’objet de très nombreuses critiques ont été abrogées en mai. Il s’agissait notamment de l’article 46 du Code pénal, qui conférait au ministre de l’Information le pouvoir discrétionnaire d’interdire une publication s’il avait des motifs raisonnables de croire que celle-ci, ou l’importation de celle-ci, « serait contraire à l’intérêt général ».

Défenseurs des droits humains

Ralph Kasambara, un avocat défendant des militants des droits humains et d’autres voix dissidentes, a été arrêté le 13 février à Blantyre avec ses cinq agents de sécurité. Ces interpellations ont fait suite à un incident intervenu dans les bureaux de Ralph Kasambara : ce dernier et ses agents de sécurité ont été accusés d’avoir agressé un groupe d’hommes apparemment venus pour commettre un attentat au cocktail Molotov. La veille, une déclaration de Ralph Kasambara critique à l’égard de la politique du président Mutharika était parue dans la presse. L’avocat et ses agents de sécurité ont été arrêtés et inculpés d’enlèvement et de coups et blessures, puis transférés à la prison de Chichiri. Ralph Kasambara a été relâché le 15 février, mais de nouveau interpellé quelques heures plus tard. Le 17 février, la Haute Cour a ordonné sa libération immédiate. Ce même jour, il n’avait pas encore été libéré lorsqu’il a dû être hospitalisé. Le 21 février, la police a mis fin à sa garde à vue, mais l’a placé en liberté sous caution. L’affaire n’a pas donné lieu à des poursuites.

Évolutions institutionnelles

La commission chargée d’enquêter sur les manifestations de juillet 2011, au cours desquelles 20 personnes avaient trouvé la mort, a publié son rapport le 10 juillet. Elle a établi que la police avait fait usage d’une force excessive et que les tirs à balles réelles avaient provoqué des blessures et des morts qui auraient pu être évitées. La présidente Joyce Banda a demandé au procureur général de dire si les faits constituaient des motifs suffisants pour engager des poursuites pénales.

En avril, Joyce Banda a chargé une commission d’enquêter sur la mort de Robert Chasowa, un militant étudiant dont le corps avait été découvert le 24 septembre 2011. La commission a établi que le jeune homme avait été tué en toute illégalité et que la police avait délibérément tenté de faire disparaître les éléments éclairant les causes de sa mort. Les 10 personnes arrêtées et inculpées dans cette affaire de meurtre ont obtenu de la Haute Cour leur mise en liberté sous caution.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexuées

Le 18 mai, la présidente Banda a annoncé l’abrogation imminente de certaines lois contraires aux droits humains, en particulier celles qui érigeaient l’homosexualité en infraction. Malgré plusieurs réformes du droit, les dispositions faisant de l’homosexualité une infraction sont demeurées en vigueur.

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