Bangladesh

Une trentaine d’exécutions extrajudiciaires ont été signalées. Les forces de sécurité ont été mises en cause dans des actes de torture et d’autres mauvais traitements, ainsi que dans 10 cas au moins de disparition forcée. Les violences politiques ont entraîné la mort de quatre hommes, peut-être plus. Cette année encore, des femmes ont été victimes de différentes formes de violence. Le gouvernement n’a rien fait pour protéger certaines communautés autochtones contre les attaques de colons bengalis. Au moins 111 ouvriers ont trouvé la mort dans l’incendie d’une usine, certains parce que des responsables auraient refusé de les laisser quitter les lieux. Plus de 20 temples et monastères bouddhistes, ainsi qu’un temple hindou et de nombreuses habitations et boutiques appartenant à des bouddhistes, ont été incendiés lors de violences intercommunautaires. Une personne a été exécutée et 45 au moins ont été condamnées à mort.

RÉPUBLIQUE POPULAIRE DU BANGLADESH
Chef de l’État : Zillur Rahman
Chef du gouvernement : Sheikh Hasina

Contexte

En janvier, la Première ministre a affirmé qu’aucune violation des droits humains n’avait été commise dans le pays.
Les violences politiques se sont intensifiées en décembre lorsque les partis d’opposition ont tenté d’imposer des journées de grève générale. Quatre personnes au moins ont été tuées et plusieurs dizaines de grévistes et de policiers ont été blessés. Le Jamaat-e Islami réclamait la remise en liberté de ses dirigeants en cours de jugement pour crimes de guerre tandis que le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) exigeait que les prochaines élections législatives se déroulent sous un gouvernement intérimaire. Des membres d’un groupe affilié au parti au pouvoir ont attaqué des partisans de l’opposition ; une personne qui se trouvait sur les lieux a été battue et poignardée.
En juin, la Banque mondiale a annulé un crédit de 1,2 milliard de dollars des États-Unis destiné à la construction du pont de Padma, dans le centre du pays, se faisant ainsi l’écho de l’inquiétude suscitée sur le plan national et international par une corruption semble-t-il considérable. Cette décision était motivée par le manque de réactivité du gouvernement face aux allégations de corruption. L’enquête ouverte par la Commission anticorruption n’était pas terminée à la fin de l’année.
Cette année encore, les autorités ont fait part au gouvernement de l’Inde de leurs préoccupations à propos de l’homicide de Bangladais par des gardes-frontière indiens. Plus d’une dizaine de Bangladais ont été tués par les forces indiennes alors qu’ils tentaient de franchir la frontière.

Exécutions extrajudiciaires

Trente personnes au moins auraient été victimes d’exécutions extrajudiciaires. La police a affirmé qu’elles avaient trouvé la mort dans des fusillades avec les forces de sécurité. Les familles des victimes ont déclaré que leurs proches étaient morts après avoir été arrêtés par des hommes en civil qui s’étaient présentés comme des agents du Bataillon d’action rapide (RAB) ou d’autres branches des services de police. Personne n’a été traduit en justice pour ces homicides.
 Le 12 septembre, des agents du RAB auraient abattu Mohammad Atear Rahman (également connu sous le nom de Tofa Molla), agriculteur, dans le district de Kushtia. Selon le RAB, cet homme a été tué dans une « fusillade », mais sa famille et d’autres témoins ont affirmé que des agents du RAB l’avaient arrêté la veille au soir à son domicile. Le corps de Mohammad Atear Rahman présentait semble-t-il trois blessures par balle, dont deux dans le dos.

Torture et autres mauvais traitements

Des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements étaient régulièrement infligés par des membres de la police, du RAB, de l’armée et des services de renseignement, et ce dans une quasi-impunité. Parmi les méthodes décrites figuraient les passages à tabac, les coups de pieds, la suspension au plafond, la privation de nourriture et de sommeil et les décharges électriques. Selon certaines informations, la plupart des détenus étaient torturés jusqu’à ce qu’ils « avouent » avoir commis un crime. Les agents de la police et du RAB étaient aussi accusés de falsifier les registres pour dissimuler le recours à la torture, notamment en ne mentionnant pas la date exacte de l’arrestation des détenus.

Disparitions forcées

Dix personnes au moins ont disparu au cours de l’année. Dans la plupart des cas on restait sans nouvelles des victimes. Les corps qui ont été retrouvés présentaient des lésions provoquées, dans certains cas, par des coups.
 Ilias Ali, secrétaire de la division du BNP à Sylhet, a disparu avec son chauffeur Ansar Ali le 17 avril. Le gouvernement a promis d’ouvrir une enquête, mais il n’avait fourni aucune information à la fin de l’année.

Violences faites aux femmes et aux filles

Cette année encore, des femmes ont été victimes de violences sous diverses formes et ont été agressées à l’acide, tuées pour n’avoir pas versé la dot demandée, flagellées pour des infractions religieuses édictées par des conseils d’arbitrage illégaux ou soumises à des violences domestiques, notamment sexuelles.
 Arrêtées sans mandat le 9 septembre, Aleya Begum et sa fille, une étudiante, auraient été torturées au poste de police de Khoksa, dans le district de Kushtia. Elles ont été transférées deux jours plus tard au poste de police de la ville de Kushtia, où elles ont été enfermées dans une cellule obscure. La nuit, la fille était séparée de sa mère et soumise par des policiers à des sévices sexuels. Les deux femmes ont été libérées le 18 septembre après avoir comparu devant un tribunal. Elles ont raconté aux médias ce qui leur était arrivé et ont été de nouveau interpellées et incarcérées le 26 septembre.

Droits des peuples autochtones

Comme les années précédentes, les autorités n’ont rien fait pour régler les différends que des peuples autochtones avaient soulevés à propos des terres confisquées durant le conflit armé interne (1975-1997) ou récemment occupées par un nombre croissant de colons bengalis. Les tensions intercommunautaires et l’incapacité des forces de sécurité à protéger les autochtones contre les attaques des colons ont donné lieu à des affrontements qui ont fait des blessés dans les deux camps.
 Vingt personnes au moins ont été blessées le 22 septembre à Rangamati à la suite de heurts entre des autochtones et des colons bengalis. Selon la population locale, les forces de sécurité sont venues sur les lieux, mais n’ont rien fait pour mettre un terme aux violences.

Droits des travailleurs

Des dirigeants syndicaux qui soutenaient les manifestations des ouvriers du textile contre les bas salaires et les mauvaises conditions de travail ont été la cible de manœuvres de harcèlement et d’intimidation. Un homme a été tué.
 Le dirigeant syndical Aminul Islam a disparu le 4 avril. Il a été retrouvé mort le lendemain à Ghatail, au nord de Dacca. Ses proches ont constaté des traces de torture sur son corps et pensent qu’il a été enlevé par les forces de sécurité. Aminul Islam avait déjà été arrêté et brutalisé par des membres du service national de renseignement en raison de ses activités syndicales.
 En novembre, au moins 111 ouvriers sont morts de brûlures et d’autres lésions à la suite d’un incendie dans l’usine Tazreen Fashion, dans le quartier de Savar Town, au nord de Dacca. Des responsables ont été accusés de n’avoir pas ouvert les grilles pour laisser sortir les employés.

Violences intercommunautaires

Les attaques contre des membres de communautés minoritaires ont pris une nouvelle tournure à la fin de septembre. Des milliers de personnes qui protestaient contre la publication sur Facebook d’une image du Coran jugée offensante ont incendié plus de 20 temples et monastères bouddhistes ainsi qu’un temple hindou et de nombreuses habitations et boutiques dans les villes méridionales de Cox’s Bazar et Chittagong.

Peine de mort

Au moins 45 personnes ont été condamnées à mort. Un homme a été exécuté en avril.

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