Corée du Sud

La Loi relative à la sécurité nationale a été de plus en plus souvent invoquée et utilisée de façon arbitraire pour restreindre la liberté d’association et d’expression. Il en allait ainsi y compris sur Internet, où les débats concernant la Corée du Nord étaient étroitement contrôlés. Les professionnels des médias ont entamé une action collective pour protester contre la privation par l’État de leur droit à la liberté d’expression. Les droits des travailleurs demeuraient menacés et des conflits sociaux existant de longue date restaient sans solution. Cette année encore, des travailleurs migrants ont été victimes de discriminations et exploités. Aucune exécution de condamné à mort n’a eu lieu.

RÉPUBLIQUE DE CORÉE
Chef de l’État : Lee Myung-bak
Chef du gouvernement : Kim Hwang-Sik

Contexte

Park Geun-hye a été élue présidente de la Corée du Sud en décembre. Première femme portée à la tête du pays, elle devait prendre ses fonctions en février 2013. Lors des élections législatives d’avril, le Parti Saenuri a remporté 152 des 300 sièges de l’Assemblée nationale, contre 127 pour le Parti démocrate unifié, principale formation d’opposition. En août, Hyun Byung-chul a été reconduit pour un deuxième mandat à la tête de la Commission nationale des droits humains. Cette nomination sans véritable consultation des parties intéressées a fait naître des doutes quant à l’indépendance et à la crédibilité de cette instance. La situation des droits humains en Corée du Sud a été étudiée en octobre dans le cadre de l’Examen périodique universel des Nations unies.

Liberté d’expression

Les forces de l’ordre ont eu recours à des dispositions – aux formulations vagues – de la Loi relative à la sécurité nationale pour arrêter à des fins d’interrogatoire 41 personnes ou pour les inculper. Cette loi continuait d’être invoquée pour contrôler les débats concernant la Corée du Nord sur Internet.
 Kim Myeong-soo a été condamné en appel le 22 février à six mois d’emprisonnement assortis d’un sursis de deux ans. Le parquet s’était pourvu en appel après son acquittement, en mai 2011. Kim Myeong-soo a présenté un recours devant la Cour suprême.
 Le 21 novembre, Park Jeong-geun s’est vu infliger une peine de 10 mois d’emprisonnement avec sursis pendant deux ans pour atteinte à la Loi relative à la sécurité nationale. Cet homme faisait l’objet d’une enquête depuis septembre 2011, après avoir relayé satiriquement sur Twitter des messages extraits d’un site web nord-coréen interdit. Même si, dans le jugement rendu à son encontre, il était admis que certains de ses messages tenaient de la parodie, son action était considérée globalement comme « une marque de soutien et de ralliement à une entité hostile à l’État ».
Plusieurs personnes dont le gouvernement cherchait à étouffer la voix se sont vu opposer un refus d’entrée sur le territoire.
 Six membres au total du personnel de Greenpeace ont été refoulés à l’aéroport international d’Incheon, en avril et en octobre. L’ONG a porté plainte contre le gouvernement sud-coréen en décembre, l’accusant de chercher à « faire taire les critiques contre le nucléaire ».

Journalistes et professionnels des médias

Revendiquant l’indépendance de la ligne éditoriale, le personnel de la chaîne télévisée Munhwa Broadcasting Corporation (MBC) a entamé une grève en janvier. Les salariés de la chaîne Korea Broadcasting System (KBS), de la chaîne d’information en continu sur le câble YTN et de l’agence de presse Yonhap ont rejoint le mouvement. Les salariés de KBS et de Yonhap ont repris le travail en juin, mais la grève s’est poursuivie à MBC jusqu’en juillet. Il s’agissait de l’action revendicative la plus longue qu’ait jamais connue l’entreprise.

Objecteurs de conscience

Au moins 750 objecteurs de conscience étaient toujours derrière les barreaux en décembre.
 Pour avoir refusé d’effectuer son service militaire, le militant des droits humains Yoo Yun-jong a été condamné à une peine de 18 mois d’emprisonnement en avril.

Liberté de réunion

La mobilisation contre la construction d’une base navale à Gangjeong, un village de l’île de Jeju, s’est poursuivie. De nombreux habitants et militants étaient visés par des poursuites, aussi bien au civil qu’au pénal. La police a arrêté 586 manifestants entre juillet 2009 et août 2012. En octobre les travaux de construction ont commencé à être menés 24 heures sur 24. Au moins six protestataires ont depuis été hospitalisés à la suite d’opérations de la police visant à les déloger en pleine nuit. Trois rapporteurs spéciaux des Nations unies ont adressé en mai une lettre conjointe au gouvernement sud-coréen pour exprimer leur vive inquiétude au sujet d’actes de harcèlement, de manœuvres d’intimidation et de mauvais traitements dont auraient été victimes des manifestants pacifiques.

Droits des travailleurs

Des conflits sociaux anciens étaient toujours dans l’impasse. Les autorités continuaient de recourir à des sanctions pénales et intentaient de plus en plus souvent des procès à l’encontre des travailleurs en grève et des syndicats, leur réclamant de lourds dommages et intérêts.
 Le 20 septembre, la Commission parlementaire du travail et de l’environnement a organisé un débat au sujet du long conflit social chez Ssangyong Motors, déclenché par le licenciement de quelque 2 600 salariés. En novembre, trois syndicalistes se sont installés en signe de protestation en haut d’un pylône électrique, à neuf mètres du sol, à proximité de l’usine de Ssangyong Motors à Pyongtaek.
 En juillet, quelque 200 employés de Contactus, une entreprise de sécurité privée, auraient lancé des projectiles tranchants en acier en direction de 150 travailleurs, et auraient frappé ces derniers à coups de matraque. Trente-quatre personnes ont été blessées. La police n’est pas intervenue pour les protéger. Ces travailleurs participaient à un sit-in dans une usine appartenant au fabricant de pièces automobiles SJM, située dans la zone industrielle de Banwol, à Ansan.

Droits des migrants

Cette année encore, des travailleurs migrants sans papiers ont été arrêtés lors d’opérations les visant spécifiquement ; un certain nombre ont été expulsés.
 Suweto, un travailleur migrant clandestin d’origine indonésienne, est mort à l’hôpital en novembre des suites de ses blessures. Il avait fait une chute en tentant d’échapper à une descente effectuée de nuit par des agents des services de l’immigration.
En août, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale [ONU] a noté avec inquiétude que, en Corée du Sud, « les travailleurs migrants [étaient] victimes de discrimination et d’exploitation, [n’étaient] pas toujours rémunérés ou [percevaient] des salaires plus faibles ».

Peine de mort

Des condamnations à mort ont été prononcées cette année encore. Il n’y a pas eu d’exécutions. Au moins 60 personnes étaient sous le coup d’une sentence capitale au mois de décembre. Trois propositions de loi visant à l’abolition de ce châtiment sont devenues caduques à la fin de la législature. Les dernières exécutions dans le pays ont eu lieu en décembre 1997.

Visites et documents d’Amnesty International

 Un délégué d’Amnesty International s’est rendu en Corée du Sud en avril, juin et novembre.

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