Le mouvement en 2001 (6)

Éducation aux droits humains
L’éducation aux droits humains (EDH) constitue désormais une composante majeure du travail d’un grand nombre de sections et de structures d’Amnesty International dans le monde entier. Lors du Deuxième forum international EDH qui s’est tenu en octobre à Belfast (Irlande de Nord), 70 invités et délégués de l’organisation, originaires de 41 pays, ont pu partager leurs expériences et leurs idées ainsi que des programmes et du matériel d’éducation aux droits humains.
La manifestation s’est déroulée avec comme toile de fond le processus de paix en Irlande du Nord. Le président de la Commission des droits humains pour l’Irlande du Nord a prononcé le discours d’ouverture, et la section du Royaume-Uni et le bureau nord-irlandais ont présenté leur « Initiative transfrontalière d’éducation aux droits humains en faveur de la paix à destination des écoles primaires  ». La secrétaire générale d’Amnesty International, Irene Khan, a affirmé avec force l’importance de l’EDH comme moyen de prévention des atteintes aux droits humains. À la suite des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, l’équipe EDH de la section des États-Unis a élaboré un Guide de réaction à la crise à destination des enseignants.
Le manuel comporte des documents et des activités permettant d’introduire la question des droits humains lorsque l’on évoque les attentats du 11 septembre, et de réaffirmer la primauté des droits fondamentaux de la personne. Le guide est très utilisé dans les écoles, mais aussi par un public plus large.
Des stratégies régionales d’éducation aux droits humains ont été mises en place avec les sections d’Amnesty International. S’inscrivant dans le cadre de la politique internationale de l’organisation en matière d’éducation aux droits humains, elles ont pris en compte les besoins spécifiques et le contexte régional des droits humains. Une consultation régionale a réuni des membres de l’organisation du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord au Maroc en avril. En mars, la Thaïlande a accueilli une consultation régionale pour l’Asie.
En Asie, la section mongole a collaboré avec une organisation locale en vue d’élaborer plusieurs programmes d’éducation à destination des membres d’Amnesty International et de fonctionnaires de l’État. La section philippine a formé de nouveaux membres. La section malaisienne a intégré le théâtre dans ses programmes d’éducation aux droits humains. La section népalaise a poursuivi son travail grâce à son réseau de 25 éducateurs qui ont mis en œuvre des programmes auprès des femmes et des jeunes dans les régions rurales, et qui ont entrepris de réévaluer leurs actions auprès de la police.
Dans le cadre du programme de la section israélienne destiné aux écoles, un conteneur de jouets offerts par les écoliers a été expédié en Sierra Leone. La section palestinienne a conduit des programmes de sensibilisation aux droits des femmes et des enfants auprès de ces publics spécifiques. Au Liban, Amnesty International a organisé, en collaboration avec le ministère de l’Éducation, un atelier d’éducation aux droits humains au cours duquel les participants, qui étaient tous des acteurs clés du système éducatif, ont débattu des méthodes visant à intégrer l’EDH dans les cursus. À Bahreïn, des organisations de défense des droits humains nouvellement autorisées, notamment des ONG de défense des droits des femmes, ont participé à un atelier qui s’est déroulé en novembre.
En mars, le SI et la section slovène ont réuni à Bled, dans le nord de la Slovénie, la conférence annuelle du projet d’EDH pour l’Europe centrale et l’Europe de l’Est. Originaires de 15 pays, les 30 participants, coordonnateurs et autres militants travaillant sur la question de l’éducation aux droits humains, ont abordé les thèmes du développement de programmes, du matériel d’EDH et des techniques de collecte de fonds. Les sections irlandaise et néerlandaise sont intervenues sur le thème de l’éducation aux droits humains et de la police. En Amérique du Nord et du Sud, les sections et les structures d’Amnesty International ont mis en œuvre toute une gamme de projets d’EDH novateurs.
Financé et géré par la section norvégienne, le Programme Droits-Éducation-Action (REAP), qui s’occupe de projets à long terme dans des pays spécifiques, a largement contribué au renforcement de l’action d’Amnesty International en matière d’éducation aux droits humains. Les sections marocaine et mexicaine ont été les premières à recevoir un financement du REAP.

Réfugiés
L’une des conséquences des attentats du 11 septembre aux États-Unis a été une nouvelle remise en cause des principes fondamentaux de protection des réfugiés. Amnesty International et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), entre autres, ont mis en garde contre les déclarations et les pratiques qui assimilent les réfugiés à des criminels ou des « terroristes ». Amnesty International a appelé les gouvernements à protéger les réfugiés et les demandeurs d’asile et à veiller à ce que les mesures en matière de sécurité mises en place après le 11 septembre n’empêchent pas les personnes contraintes à l’exil en raison de conflits ou de persécutions de recevoir une protection.
L’organisation a demandé aux autorités américaines de fournir des informations sur les centaines d’étrangers placés en détention aux États-Unis après le 11 septembre. De nombreuses sections ont effectué un travail de pression contre les nouvelles mesures de lutte contre le terrorisme susceptibles d’avoir des répercussions négatives sur les droits des demandeurs d’asile et des réfugiés. Des membres de la section britannique se sont mobilisés contre les dispositions introduites dans la loi relative à la sécurité et à la lutte contre la criminalité et le terrorisme. Des militants de l’organisation ont fait campagne pour que les États voisins de l’Afghanistan ne ferment pas leurs frontières, et ont demandé que les Afghans vivant dans d’autres pays puissent avoir accès aux procédures d’asile.
Cette année, le 50e anniversaire de la Convention des Nations unies relative au statut des réfugiés a suscité des manifestations diverses un peu partout dans le monde. Mais 2001 a aussi été marquée par des atteintes portées aux principes fondamentaux de la protection des réfugiés. En août, les autorités australiennes ont refusé de laisser débarquer sur leur territoire plus de 400 personnes en quête d’asile recueillies à bord d’un cargo norvégien, le Tampa, après naufrage. Amnesty International et d’autres ONG ont exhorté le gouvernement australien à autoriser ces passagers à déposer une demande d’asile en Australie, mais celui-ci s’y est refusé et les naufragés ont finalement été dirigés vers la République de Nauru, une île du Pacifique, et la Nouvelle-Zélande, où leurs demandes d’asile ont été examinées. La section australienne s’est élevée contre ces décisions et contre un grand nombre d’autres mesures constituant ce que l’on a appelé la « solution Pacifique », qui vise à empêcher les personnes en quête d’asile de parvenir en Australie. La section espagnole a mené une analyse complète du système d’asile national et a publié un rapport détaillé en septembre.
Les sections d’Amnesty International à travers le monde ont continué de se mobiliser contre les interprétations restrictives de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés. La section allemande a mené campagne avec succès afin que les personnes fuyant les persécutions infligées par des agents non gouvernementaux puissent se voir reconnaître la qualité de réfugié lorsque le gouvernement de leur pays d’origine n’a pas pu ou n’a pas voulu assurer leur protection. À la suite du travail mené par la section suédoise, il semblerait que le gouvernement soit prêt à réformer la législation nationale en vigueur qui n’accorde pas une entière protection aux personnes fuyant la persécution pour des motifs liés au sexe ou à l’orientation sexuelle. Les sections japonaise et norvégienne ont également travaillé sur des cas individuels de personnes fuyant les persécutions liées à leur orientation sexuelle.
Cette année encore, la mobilisation d’Amnesty International en faveur de procédures d’asile équitables et satisfaisantes a représenté une part importante du travail de campagne et de pression. L’UE a examiné plusieurs propositions ayant des répercussions sur la protection des réfugiés dans tous les États, notamment sur les procédures de demande d’asile. L’Association d’Amnesty International pour l’UE a attiré l’attention sur un certain nombre de questions connexes, comme le droit des demandeurs d’asile de demeurer dans le pays d’accueil tant que leur recours n’a pas été examiné. Le Conseil européen de décembre a entrepris de dresser un bilan de la mise en œuvre des conclusions du sommet de l’UE de 1999, qui établissaient les fondations de la mise en place d’un système d’asile européen commun. La section néo-zélandaise a fait campagne contre le net accroissement du nombre de demandeurs d’asile placés en détention. La section néerlandaise a mené campagne contre une procédure accélérée d’examen des demandes d’asile qui ne comportait pas de garanties suffisantes. La section ougandaise a veillé à ce qu’un projet de loi en matière d’asile soit conforme aux normes internationales.
Les sections et les structures d’Amnesty International ont poursuivi leur travail d’aide individuelle en fournissant aux demandeurs d’asile, aux juristes et aux organes de décision en matière d’asile des informations relatives aux droits humains dans les pays d’origine des demandeurs. L’organisation s’est également élevée contre le renvoi forcé de nombreux demandeurs d’asile vers des pays où ils risquaient d’être victimes de graves atteintes à leurs droits fondamentaux. En novembre, un responsable de l’opposition ouzbèke, Muhammad Salih, réfugié sous statut en Norvège, a été arrêté en République tchèque et menacé d’extradition en Ouzbékistan, où il aurait été sérieusement menacé d’être soumis à la torture. À la suite de l’intervention d’Amnesty International et d’autres organisations, il a été autorisé à retourner en Norvège. Des membres de l’organisation se sont également mobilisés contre l’expulsion de Bosnie-Herzégovine et de Suède de ressortissants égyptiens soupçonnés d’appartenance à des mouvements islamistes, Amnesty International étant persuadée qu’ils risquaient fort d’être victimes de torture en Égypte.

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