Salomon

ÎLES SALOMON
CAPITALE : Honiara
SUPERFICIE : 28 370 km_
POPULATION : 0,48 million
CHEF DE L’ÉTAT : Elizabeth II, représentée par John Ini Lapli
CHEF DU GOUVERNEMENT : Allan Kemakeza
PEINE DE MORT : abolie
CONVENTION SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES : ratifié

En juillet, une force d’intervention régionale a entrepris une vaste opération de restauration de l’ordre, de l’économie et des services publics de base, mettant ainsi fin à cinq années de conflit et de chaos. Cette force sous commandement australien a permis la restitution d’au moins 3 700 armes et l’arrestation de plus de 400 personnes. Ces étapes étaient cruciales pour mettre un terme à la violence et à l’impunité qui régnaient depuis le début des hostilités, en 1998. Des policiers et d’anciens rebelles ont été inculpés d’homicide volontaire, d’actes de torture, de viol et d’autres crimes. Cependant, des témoins hésitaient à comparaître tant que certains responsables présumés étaient encore en liberté. Les prisons et les postes de police ont recommencé à fonctionner et les tribunaux étaient surchargés. Des milliers de personnes déplacées ont reçu une assistance ; certaines ont commencé à rentrer chez elles pour y reconstruire leur village et reprendre une vie normale.

Escalade de la violence
Avant l’intervention armée de la Regional Assistance Mission to Salomon Islands (RAMSI, Mission d’assistance régionale dans les îles Salomon), en juillet, des civils, des fonctionnaires et des représentants de l’État, y compris le Premier ministre et le ministre de la Police et de la Sécurité nationale, ont subi de nombreuses violences et menaces d’extorsion de la part de policiers et d’anciens rebelles.
En janvier, des représentants de la société civile de la région de Weathercoast, à Guadalcanal, l’île principale, ont dénoncé publiquement des actes de torture, des viols, des déplacements forcés et la destruction par le feu de près de 175 habitations ; ces agissements seraient imputables aussi bien à des personnes qui s’opposaient à une opération de police contre le chef rebelle, Harold Keke, qu’à des partisans de cette opération. Le journal Solomon Star a cessé de publier des informations sur la question après que des responsables dont les propos avaient été cités dans ses colonnes eurent été menacés et maltraités. Le Guadalcanal Liberation Front (GLF, Front de libération de Guadalcanal) de Harold Keke, comme d’autres groupes rebelles à l’origine du conflit de 1998, était connu pour avoir terrorisé des villageois et des colons sur l’île.
De hauts responsables de la police ont imputé ces atteintes aux droits humains à d’anciens rebelles recrutés comme agents spéciaux dans les forces de police, mais n’ont fait procéder à aucune arrestation. En février, Fred Soaki, ancien directeur de la police et membre respecté du National Peace Council (NPC, Conseil national pour la paix), une instance nationale regroupant des représentants de la société civile ayant pour mission de veiller au bon déroulement du processus de paix, a été abattu devant le poste de police d’Auki, la capitale de la province de Malaita. Au moment du meurtre, Fred Soaki s’apprêtait à participer à un atelier sur la démobilisation des agents de police spéciaux organisé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Il avait critiqué ouvertement les abus de pouvoir des policiers. En avril, le brigadier de police malaitan qui avait été inculpé de son meurtre s’est évadé ; il n’avait pas été retrouvé fin 2003. Le poste d’Auki avait servi de base au groupe paramilitaire Malaita Eagle Force (MEF, Force de l’aigle de Malaita), responsable, comme ses opposants de Guadalcanal, d’actes de torture et d’homicides délibérés.
Pendant ce temps, la violence armée et les graves atteintes aux droits humains s’intensifiaient dans la région de Weathercoast, à Guadalcanal, où le GLF a tué au moins 19 personnes aux mois de mars et d’avril. Nathaniel Sado, envoyé par l’Église de Mélanésie (anglicane) pour suivre l’évolution du processus de paix, est mort, apparemment après avoir été torturé pendant plusieurs jours. Envoyés sur place au mois d’avril pour enquêter sur la mort de cet homme, sept autres membres de l’Église de Mélanésie, parmi lesquels se trouvaient des défenseurs des droits humains expérimentés et respectés, ont été pris en otage par le GLF. Six ont été tués : Robin Lindsay, Francis Tofi, Alfred Hilly, Patteson Gatu, Ini Partabatu et Tony Sirihi. Retrouvés en septembre, les corps de trois d’entre eux présentaient des traces de coups et de torture.
En juin, à Marasa, des combattants du GLF auraient obligé de très nombreux villageois à assister, terrorisés, au supplice de deux jeunes hommes, dont un étudiant, qui ont été torturés au moyen de bâtons et de pierres. L’un aurait été décapité et l’autre aurait succombé à ses blessures. En outre, plus de 50 maisons ont été brûlées et des jardins potagers détruits.
En juillet, les informations faisant état de telles violences avaient déjà fait fuir le long de la Weathercoast environ un millier de personnes, qui venaient s’ajouter à celles qui avaient dû quitter leur foyer les années précédentes. Quelque 1 300 autres, dont presque la moitié étaient des enfants, ont dû s’installer dans des camps et des villages de fortune sur la côte nord de Guadalcanal, pesant sur les ressources alimentaires locales. À la fin de l’année, des centaines de personnes se trouvaient toujours dans ces camps dépourvus des installations sanitaires les plus élémentaires.
Quelques jours avant l’arrivée des premiers soldats de la RAMSI, en juillet, Harold Keke a annoncé un cessez-le-feu et libéré trois membres de l’Église de Mélanésie qui faisaient partie d’un groupe de sept personnes prises en otages en juin. En août, il était le premier dirigeant, qu’il s’agisse de rebelles ou de la police, à se rendre à la RAMSI. Les procédures judiciaires se poursuivaient fin 2003. Harold Keke a été placé en détention dans un lieu qui, pour des raisons de sécurité, a été tenu secret dans un premier temps.

Opération Aider un ami
Les îles Salomon étaient perçues par la communauté internationale comme un État affaibli ou « défaillant » représentant une menace pour la sécurité de la région. Pour cette raison, l’Australie a fini par accéder, en avril, à la demande du gouvernement salomonais, qui avait réclamé à plusieurs reprises, en vain, l’envoi d’une force armée pour restaurer l’ordre public.
À partir du mois d’avril, forte du mandat d’intervention qui lui avait été confié au titre de la Déclaration de Biketawa, au cours de l’année 2000, l’Australie a appelé les îles Cook, Fidji, Kiribati, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Tonga et Vanuatu à constituer la RAMSI. Première intervention de cette mission dans le Pacifique, l’opération Aider un ami a été considérée comme un modèle possible pour de futures opérations militaires dans la région conduites en dehors d’un mandat de l’ONU.
Quelque 2 500 soldats, policiers et civils, soutenus par des navires et avions de guerre, ont été déployés dans l’archipel à partir du mois de juillet. Tandis que la RAMSI préparait son arrivée, des représentants de villages et des responsables religieux ont demandé qu’une commission de vérité et de réconciliation enquête sur les racines du conflit et sur les atteintes aux droits humains non élucidées. À la fin 2003, les organisations non gouvernementales et les donateurs internationaux envisageaient de reprendre les programmes d’aide interrompus par le conflit ; par ailleurs, l’amélioration des conditions de sécurité contribuait à la remise en état des services publics tels que les tribunaux, les hôpitaux et les écoles.

Lutte contre l’impunité
En janvier, William Morell, le nouveau directeur de la police, s’est engagé à faire des droits humains l’une de ses priorités essentielles. Il a pris en main des services paralysés par la crainte de délinquants influents occupant des postes clés, y compris au sein même de la police. En mars, quelque 800 agents de police spéciaux - pour la plupart d’anciens rebelles - avaient été démobilisés dans le cadre d’un programme mené sous l’égide du PNUD ; 300 autres ont été relevés de leurs fonctions en octobre.
En collaboration avec la police royale des îles Salomon, la RAMSI a arrêté plus de 400 personnes et mis en place ou rouvert des postes de police et des prisons. Au moins 110 policiers ont été renvoyés, ont démissionné ou ont pris leur retraite. Trente-trois autres, dont un commissaire principal, ont été arrêtés pour atteintes graves aux droits humains et inculpés de meurtre, coups et blessures, menaces et divers autres crimes, notamment de violences sexuelles contre des femmes. La plupart des chefs de la MEF qui avaient signé, en 2000, l’accord de paix de Townsville et exerçaient depuis lors leur domination sur le gouvernement ont été arrêtés. Par ailleurs, plus de 660 armes de type militaire, détenues illégalement, et 3 100 autres armes à feu ont été restituées et détruites. La RAMSI a aussi mis en place un programme destiné à améliorer le fonctionnement du parquet, des tribunaux et de l’administration pénitentiaire, afin de leur permettre de faire face à une charge de travail en pleine expansion.
Daniel Fa’afunua, ministre des Communications, a été le plus haut responsable politique à être déféré à la justice. Il aurait donné des coups de pied au visage d’une femme policier de la RAMSI, qui l’avait arrêté pour brutalités perpétrées sur son ex-épouse. Le ministre, qui entretenait des liens étroits avec la MEF, a été placé en détention provisoire.
Bien que la RAMSI soit parvenue à restaurer un minimum de légalité et d’ordre public, on pouvait craindre, lors des enquêtes de police sur les atteintes aux droits humains et les détournements de fonds, que les témoins ou leur famille ne subissent des manœuvres d’intimidation ; en effet, certaines personnalités influentes de la politique ou des affaires, malgré leur implication dans ces crimes, n’avaient toujours pas été inculpées.

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