Guyana

République du Guyana
CAPITALE : Georgetown
SUPERFICIE : 214 969 km²
POPULATION : 0,767 million
CHEF DE L’ÉTAT : Bharrat Jagdeo
CHEF DU GOUVERNEMENT : Samuel Hinds
PEINE DE MORT : maintenue
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome ratifié
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : non signé

Cette année encore, des condamnations à la peine capitale ont été prononcées. Selon les informations recueillies, un escadron de la mort a enlevé, torturé et tué des dizaines de personnes. Des policiers auraient commis des homicides dans des circonstances donnant à penser qu’il s’agissait d’exécutions extrajudiciaires. Des actes de torture, des mauvais traitements et une très forte surpopulation ont été signalés dans les lieux de détention. L’ampleur des violences contre les femmes, y compris de la traite de femmes, était significative.

Contexte
Malgré l’absence de statistiques officielles, les informations reçues indiquaient encore un nombre élevé de crimes violents. Au moins quatre agents de police auraient été tués en service.

Peine de mort
Les tribunaux ont prononcé des condamnations à la peine capitale pour meurtre. À la fin de l’année 2004, au moins 25 personnes, dont deux femmes, se trouvaient dans le quartier des condamnés à mort. Il n’y a eu aucune exécution.
En décembre, les jurés ne sont pas parvenus à l’unanimité dans le jugement de Mark Benschop, accusé de trahison et passible de la peine de mort. Un nouveau procès a été ordonné.

Escadron de la mort
Amnesty International a été informée qu’un escadron de la mort, dont certains membres seraient des policiers en exercice ou d’anciens policiers, avait enlevé, torturé et tué des dizaines de personnes depuis 2002. En mai, le président a annoncé la création d’une commission chargée d’enquêter sur les allégations relatives à l’implication du ministre de l’Intérieur dans les agissements de cet escadron. Les conclusions de ses travaux n’étaient pas encore connues fin 2004, mais Amnesty International s’est dite préoccupée par la portée limitée de cette enquête et par l’absence de garanties pour les témoins. En novembre, la commission d’enquête a annoncé la mise sur pied d’un programme de protection des témoins.
Trois personnes ont été accusées du meurtre de Shafeek Bacchus, commis le 5 janvier. Deux des accusés étaient d’anciens agents de police. George Bacchus, le frère de la victime, qui a déclaré être un « informateur » de l’escadron de la mort, a affirmé que ce dernier avait tué Shafeek par erreur. En février, l’un des accusés, Mark Thomas, est mort en garde à vue dans des circonstances controversées. En juin, George Bacchus a été assassiné, deux jours avant d’aller témoigner. La magistrate chargée de l’affaire a demandé à être dessaisie du dossier, citant des informations selon lesquelles elle figurait sur la liste noire de l’escadron.

Responsables de l’application des lois
En mai, la Disciplined Forces Commission (DFC, Commission relative aux forces de l’ordre), mise en place en 2003 pour enquêter sur le fonctionnement des forces de sécurité, a remis son rapport final au Parlement. Celui-ci contenait 164 propositions de réforme de la police et de l’armée.
Plusieurs policiers ont été inculpés dans des affaires d’homicides par arme à feu mais aucun n’a été condamné. Sur les 29 homicides imputés à la police, chiffre peut-être plus élevé dans la réalité, certains auraient été des exécutions extrajudiciaires. Au moins deux personnes sont mortes en garde à vue. Des suspects de droit commun auraient été torturés ou maltraités juste après leur interpellation.
Le 8 septembre, Kelvin Nero a été abattu par la police. Les policiers ont déclaré qu’il avait été blessé par balle au cours d’un affrontement armé et qu’il était mort pendant son transfert à l’hôpital. D’après des témoins, on a tiré sur lui alors qu’il ne portait pas d’arme et tournait le dos à la police. Ses agresseurs l’auraient ensuite conduit un peu à l’écart avant de tirer sur lui à nouveau. La police a lancé un appel à témoins, mais un journal national a affirmé qu’elle n’a pas interrogé de témoins ni fait le nécessaire pour protéger les éléments médicolégaux.
La procédure pénale ouverte contre un brigadier de police accusé d’homicide involontaire après la mort de Jermaine Wilkinson, tué par balle en 1996, était encore en instance. En mars, les dépositions obtenues dans le cadre de l’information judiciaire de 1996 ont été transmises au procureur général, avec sept ans de retard. Le policier incriminé est resté en liberté sous caution.
En février, deux policiers ont été renvoyés devant un tribunal pour meurtre après le décès de Yohance Douglas, victime de tirs mortels en mars 2003.
Emron Hossein est mort le 10 avril ; il aurait succombé après avoir été passé à tabac par la police au moment de son arrestation. Le procureur général a ordonné l’inculpation pour meurtre de trois policiers.

Conditions de détention
Les conditions de détention étaient toujours aussi éprouvantes et s’apparentaient parfois à un traitement cruel, inhumain et dégradant. Le rapport final de la DFC a formulé des recommandations pour remédier à divers problèmes, notamment le viol et les mauvais traitements en détention.

Violences contre les femmes
En octobre, l’Association guyanienne pour les droits humains s’est déclarée préoccupée par l’ampleur des violences subies par les femmes. Elle a dénoncé le caractère délibérément humiliant de la prise en charge judiciaire des victimes et a appelé les pouvoirs publics ainsi que les organismes religieux et civils à monter une vaste campagne pour que les auteurs de ces violences aient à en répondre devant la justice.

Traite d’êtres humains
Parmi les mesures annoncées figuraient des projets de lois contenant des dispositions relatives aux peines, à la protection des témoins et au droit à réparation des victimes, ainsi que des campagnes de sensibilisation. Les groupes de défense des droits humains ont salué ces mesures, tout en soulignant que leur application exigeait des moyens. L’Association guyanienne pour les droits humains a signalé que des jeunes filles amérindiennes issues de communautés minières étaient victimes de réseaux qui les destinaient à la prostitution forcée.

Autres documents d’Amnesty International
. Guyana. Le gouvernement doit enquêter sans délai sur les meurtres perpétrés par un escadron de la mort (AMR 35/001/2004).

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