Émirats arabes unis
CAPITALE : Abou Dhabi
SUPERFICIE : 83 600 km²
POPULATION : 3,1 millions
CHEF DE L’ÉTAT : Sheikh Zayed ben Sultan al Nahyan, décédé le 2 novembre, remplacé par Sheikh Khalifa ben Zayed al Nahyan le 3 novembre
CHEF DU GOUVERNEMENT : Sheikh Maktoum ben Rashed al Maktoum
PEINE DE MORT : maintenue
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome signé
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : non signé
Contexte
En juillet, un groupe de défense des droits humains a sollicité du ministère du Travail et des Affaires sociales l’autorisation de créer la première organisation indépendante de défense des droits fondamentaux du pays ; le ministère ne s’était pas prononcé à la fin de l’année. En décembre, un journal de Doubaï a révélé que trois demandes de cette nature avaient été déposées par trois associations différentes.
Droits des femmes
En octobre, les Émirats arabes unis ont adhéré sans réserves à la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
Sheikha Lubna al Qassimi, membre de la famille au pouvoir dans l’émirat de Sharjah, a été nommée ministre de l’Économie et du Plan en novembre, devenant ainsi la première femme ministre du pays. En janvier, l’Union générale des femmes a examiné le texte d’un projet de loi amendé relatif au statut de la personne, présenté par le ministère de la Justice, des Biens religieux et des Affaires islamiques. Cet organisme a réclamé des changements importants, en vue d’une amélioration des droits des femmes. Il a demandé un renforcement de la protection de la première épouse en cas de polygamie, de meilleures conditions financières pour les femmes divorcées ainsi que la modification de la disposition permettant au mari d’interdire à son épouse d’exercer un emploi même lorsqu’un accord intervenu avant le mariage l’y autorisait.
Les employées de maison étrangères ne bénéficiaient toujours pas de la protection de la législation du travail. Des informations non confirmées sur des mauvais traitements ont fait état de violences physiques, notamment d’agressions sexuelles, et du non-paiement de salaires.
Répercussions de la « guerre contre le terrorisme »
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, plus de 250 personnes, parmi lesquelles figurent des militaires et des juges, ont été arrêtées et incarcérées. Le nombre de prisonniers maintenus en détention à la fin de l’année n’était pas connu. Ces personnes étaient, semble-t-il, privées de tout contact avec un avocat et avec leur famille, et on ignorait quelle était leur situation au regard de la loi.
Les dispositions en matière de sécurité ont encore été renforcées par l’adoption, en juillet, de la Loi relative à la lutte contre le terrorisme. Les personnes déclarées coupables d’appartenance à des organisations qualifiées de « terroristes » étaient passibles de la peine capitale ou de la détention à perpétuité.
La « guerre contre le terrorisme » a également été utilisée pour limiter la liberté d’expression, de croyance et d’association. Des restrictions auraient été imposées quant aux perspectives professionnelles et à la participation à la vie publique de certaines personnes considérées comme favorables aux idées « islamistes », notamment des avocats, des juges et des professeurs de l’enseignement secondaire et supérieur. La Loi relative à la lutte contre le terrorisme prévoyait jusqu’à cinq ans d’emprisonnement pour les auteurs de « propagande par la parole, par l’écrit ou par tout autre moyen » en faveur d’un acte ou objectif « terroriste ». Des associations regroupant par exemple des enseignants, des avocats ou des journalistes ont été la cible de manœuvres de harcèlement à cause des opinions « islamistes » de certains membres de leur bureau. Des organisations islamiques de charité auraient vu leurs avoirs confisqués ou gelés et leurs activités entravées.
Renvoi
Abdelaziz Khalid Osman, militant politique soudanais et ancien prisonnier politique au Soudan, a été interpellé à l’aéroport d’Abou Dhabi le 23 septembre, à son arrivée d’Égypte, apparemment à la demande des autorités de son pays d’origine. Le 23 novembre, il a été renvoyé contre son gré au Soudan, où il a été incarcéré pour « crimes contre l’État ». Abdelaziz Khalid Osman a été remis en liberté le 18 décembre.
« Disparition »
Hassan al Zaabi, employé de la compagnie de télécommunications Etisalat, circulait en voiture, le 1er août, à Abou Dhabi, quand il a été interpellé par des membres de la Sûreté de l’État. Cet homme de trente-quatre ans a ensuite « disparu ». On ignorait tout de son sort malgré plusieurs appels lancés par sa famille. Les motifs de son arrestation n’étaient pas évidents, mais semblaient toutefois liés à ses activités politiques.
Châtiments judiciaires cruels
En décembre, un tribunal de la charia (droit musulman) de l’émirat de Ras al Khaimah a condamné deux employées de maison étrangères - Wasini bint Sarjan, de nationalité indonésienne, et Rad Zemah Sinyaj Mohammed, ressortissante indienne - à une peine de flagellation parce qu’elles s’étaient trouvées enceintes hors mariage. Rad Zemah Sinyaj Mohammed a été condamnée à 150 coups de fouet qui devaient être administrés en deux fois, et Wasini bint Sarjan à un an d’emprisonnement et à 100 coups de fouet. Les deux femmes devaient ensuite être expulsées. Les peines devaient être infligées après l’accouchement et une fois les bébés sevrés.
Visites d’Amnesty International
Des délégués d’Amnesty International se sont rendus dans les Émirats arabes unis en janvier pour effectuer des travaux de recherche sur des personnes détenues dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ». En juillet et en août, une délégation y a mené des recherches dans le cadre du projet régional Halte à la violence contre les femmes (voir le résumé sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord au début de cette partie). Des représentants de l’organisation ont également participé, en novembre, à un séminaire de formation de policiers.
Autres documents d’Amnesty International
. Golfe et péninsule arabique. Les droits humains sacrifiés au nom de la « guerre contre le terrorisme » (MDE 04/002/2004).