VÉNÉZUÉLA

République bolivarienne du Vénézuéla
CAPITALE : Caracas
SUPERFICIE : 912 050 km²
POPULATION : 26,7 millions
CHEF DE L’ÉTAT et du GOUVERNEMENT : Hugo Chávez Frías
PEINE DE MORT : abolie
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome ratifié
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée avec réserves
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifié

Des exécutions illégales de suspects de droit commun par des policiers ont été signalés. La plupart de ces homicides n’ont pas fait l’objet d’une enquête et les auteurs présumés sont restés impunis. Le manqué d’indépendance du pouvoir judiciaire demeurait un motif de préoccupation. Cette année encore, la persistance des disparités économiques et sociales a limité l’accès aux droits économiques et sociaux des Vénézuéliens d’ascendance africaine et des populations autochtones.

Contexte

La radicalisation de la vie politique continuait d’être un facteur de déstabilisation du pays. Des inquiétudes ont de nouveau été exprimées concernant le harcèlement dont étaient victimes les détracteurs du gouvernement, y compris par le biais du système judiciaire. Des affrontements entre opposants et sympathisants du président Chávez ont eu lieu avant les élections municipales d’août. Ces dernières ont été remportées par le Movimiento V República (MVR, Mouvement Ve République), le parti de Hugo Chávez.
Accusant l’organe chargé de l’organisation des élections de parti pris, les formations d’opposition ont refusé de participer aux élections législatives de décembre, qui se sont soldées par un raz-de-marée en faveur du MVR. Les observateurs internationaux ont jugé le déroulement du scrutin globalement satisfaisant.
Sur fond d’accusations persistantes de la part de responsables américains contre le gouvernement du président Chávez, qui menacerait selon eux la stabilité de la région, les relations entre le Vénézuéla et les États-Unis sont demeurées tendues. Hugo Chávez a poursuivi le renforcement de sa coopération avec d’autres pays latino-américains, notamment en resserrant les liens dans les domaines énergétique et commercial.

Brutalités policières

Cette année encore, des informations ont fait état d’atteintes aux droits humains imputables à des policiers. Des exécutions illégales de suspects de droit commun ont notamment été signalées. La plupart de ces cas n’ont pas donné lieu à une enquête et les auteurs présumés n’ont pas été traduits en justice. Selon les statistiques publiées en juillet par les services du ministère public, plus de 6 100 personnes ont été tuées par la police dans 5 500 affaires distinctes entre le début de l’année 2000 et la mi-2005. Près de 6 000 policiers étaient impliqués dans ces atteintes aux droits humains, mais 517 seulement ont été inculpés et moins de 250 ont été mis en état d’arrestation.
La Commission de politique intérieure de l’Assemblée nationale, le médiateur et les services du ministère public ont reçu des informations faisant état d’homicides perpétrés par la police dans les États de Guárico, d’Aragua, de Falcón et de Carabobo. L’Assemblée nationale a affiché sa détermination à conduire des enquêtes sur ces allégations. Dans un rapport publié en juillet, des organisations vénézuéliennes de défense des droits humains ont tiré la sonnette d’alarme à propos de la situation dans six États (Anzoategui, District capitale, Falcón, Miranda, Portuguesa et Yaracuy) où les homicides, les « disparitions » probables et les enlèvements constituaient une pratique bien établie.
Des victimes d’atteintes aux droits humains et leurs proches auraient été menacés par la police et auraient fait l’objet de manœuvres d’intimidation.
En janvier, Rigoberto Barrios, seize ans, est mort à l’hôpital après avoir été atteint de huit balles tirées par la police à Guanayen (État d’Aragua). Il était le troisième membre de sa famille à être tué par des policiers depuis que les Barrios ont dénoncé la mort, en décembre 2003, de Narciso Barrios à la suite d’un différend avec des policiers de l’État d’Aragua. Au mois de juin, Oscar Barrios est sorti indemne d’une tentative d’assassinat. En août, Juan Barrios a été menacé par deux agents en uniforme. À la demande de la Cour interaméricaine des droits de l’homme, une protection policière avait été accordée à la famille Barrios en mai. Fin 2005, cependant, aucun des policiers soupçonnés d’implication dans les menaces et les homicides n’avait été poursuivi.
À Valle de la Pascua (État de Guárico), Carmen Alicia Mota de Hernández et ses proches auraient fait l’objet de nombreuses manœuvres d’intimidation imputables à des policiers après avoir porté plainte pour le meurtre du chef de famille, Arturo Hernández, tué en avril 2004.

Absence d’indépendance du pouvoir judiciaire

La crédibilité de l’appareil judiciaire et du parquet a été affaiblie par leur incapacité à garantir aux victimes des mécanismes de réparation efficaces et impartiaux. Selon les informations reçues, 98 p. cent des violations des droits humains restaient impunies. Seule une faible proportion des juges et des procureurs travailleraient à plein temps.

Défenseurs des droits humains

Cette année encore, des défenseurs des droits humains ont été en butte à des manœuvres de harcèlement et d’intimidation.
Des inquiétudes ont été exprimées concernant la sécurité de membres du Comité de Familiares de las Víctimas de los Sucesos de Febrero-Marzo 1989 (COFAVIC, Comité des parents des victimes des événements de février-mars 1989) à la suite du retrait, en mars, de la protection policière dont ils bénéficiaient. Cette organisation de défense des droits humains avait dénoncé publiquement l’inaction des autorités, qui n’avaient toujours pas traduit en justice les auteurs présumés des violations des droits humains commises en 1989 lors des affrontements entre l’opposition, la police et les militaires. En novembre 2002, la Cour interaméricaine des droits de l’homme avait ordonné au Vénézuéla de protéger les membres du COFAVIC à la suite des menaces et actes d’intimidation dont ces derniers avaient été victimes.

Liberté d’expression

Des procédures administratives ou fiscales auraient été utilisées pour limiter la liberté d’expression. Le Bureau du rapporteur spécial pour la liberté d’expression de la Commission interaméricaine des droits de l’homme a exprimé sa préoccupation à propos d’une décision du service national de l’administration des impôts et des douanes concernant le quotidien régional El Impulso. Pour avoir critique les restrictions imposées à la liberté d’expression au Vénézuéla, celui-ci s’est vu imposer une amende et une suspension de vingt-quatre heures.

Droits économiques, sociaux et culturels

En août, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale [ONU] s’est déclaré préoccupé par la persistance des disparités sociales et économiques qui compromettent l’exercice des droits économiques et sociaux et touchent notamment les populations autochtones et les Vénézuéliens d’ascendance africaine. Il a noté que les terres et les ressources autochtones étaient toujours menacées par des intérêts privés. Le Comité a aussi exprimé ses inquiétudes concernant le travail des enfants ainsi que la prostitution et l’esclavage auxquels ils sont soumis dans des centres de prospection illégale d’or dans le haut Orénoque et les bassins du Casiquiare et du Guainia-Río Negro.

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