Justice
Plusieurs anciens membres des forces de sécurité accusés de violations des droits humains commises sous le régime militaire (1976-1983) ont été jugés. Des juges, des procureurs, des témoins, mais aussi des organisations non gouvernementales et des proches d’anciennes victimes qui étaient impliqués dans les procès, ont subi des agressions et des menaces au cours des quatre derniers mois de l’année. Ces procès avaient été ouverts à la suite d’un arrêt de 2005 par lequel la Cour suprême déclarait inconstitutionnelles la Loi du « point final » et la Loi sur le devoir d’obéissance.
En septembre, le Sénat a adopté un projet de loi visant la mise en application du Statut de Rome de la Cour pénale internationale. La Chambre des députés a approuvé ce texte en décembre.
En septembre, Miguel Etchecolatz, ancien directeur des enquêtes de la police de la province de Buenos Aires, a été condamné à la réclusion à perpétuité pour enlèvements, actes de torture et homicides commis sous le régime militaire. Les trois juges saisis de cette affaire l’ont déclaré coupable de crimes contre l’humanité commis dans le cadre d’un génocide. Depuis ce même mois de septembre, on est sans nouvelles de Jorge Julio López, l’un des principaux témoins et plaignants dans ce procès. On craignait qu’il n’ait été victime d’une disparition forcée.
Questions foncières et populations indigènes
Dans les provinces du Chaco et de Salta, des indigènes, notamment des Tobas, des Wichis et des Mocovis, ont entamé des grèves de la faim, établi des camps en bordure de route et présenté aux autorités des pétitions leur demandant, en particulier, d’attribuer un budget raisonnable à l’Institut des indigènes du Chaco, de prendre des mesures en matière de santé et de logement et de mettre fin à la vente et à l’attribution illicites de terres propriétés de l’État aux compagnies d’exploitation forestière et aux producteurs de soja.
• En août, des Wichis de la région de General Mosconi (province de Salta) se sont installés en bordure de la route nationale 34 pour demander la restitution de terres communales. Ces terres avaient été exploitées par des compagnies privées, et la compagnie des eaux locale avait coupé l’approvisionnement en eau des communautés.
Conditions carcérales
Les conditions de détention étaient toujours difficiles dans la plupart des prisons et centres de détention, et des détenus ont été maltraités. Certains auraient été grièvement blessés, faute, semble-t-il, d’avoir été secourus lors d’incendies qui se sont déclarés dans divers établissements pénitentiaires ou postes de police.
• En mars, Walter Daniel Lescano est mort des suites des brûlures subies lors de l’incendie de la cellule disciplinaire où il était détenu, dans la prison pour hommes de Santiago del Estero (province de Santiago del Estero). Il s’était plaint d’avoir été maltraité par des surveillants. Une enquête aurait été ouverte sur les circonstances de l’incendie.
• En janvier, trois détenus – Sergio Daniel Romero, Matías Martínez et Ricardo Edgar Pared, ces derniers âgés respectivement de seize et dix-sept ans – sont morts dans l’incendie du poste de police n° 7 de Corrientes (province de Corrientes). Un quatrième, Hugo Ariel Escobar, a été grièvement brûlé. Tous les quatre avaient été menottés aux barreaux de leur cellule après avoir été roués de coups par des policiers. Une enquête aurait été ouverte.
Autres documents d’Amnesty International
– Argentine. « Disparition » présumée / Craintes pour la sécurité. Jorge Julio López (h), ouvrier du bâtiment, 77 ans (AMR 13/004/2006).
– Argentine. Une nouvelle vague de menaces met en péril les poursuites engagées pour violations des droits humains (AMR 13/005/2006).