MALDIVES

Cette année encore, les progrès en matière de liberté politique ont été hypothéqués par la lenteur des réformes constitutionnelles. Plus d’une centaine de personnes ont été arbitrairement arrêtées avant des rassemblements publics. Selon Amnesty International, la plupart pourraient être prisonnières d’opinion. Au moins six prisonniers politiques ont été condamnés à des peines d’emprisonnement. Des policiers auraient fait un usage non justifié de la force lors de l’interpellation de militants politiques qui n’opposaient pas de résistance. De nouvelles informations ont fait état d’actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements en garde à vue. Plusieurs prisonniers d’opinion qui purgeaient des peines de longue durée ont été libérés.



Contexte
En mars, le président Maumoon Abdul Gayoom a annoncé la feuille de route du gouvernement, axée sur un programme de réformes pour l’avènement d’une démocratie moderne. Ce document promettait l’adoption d’une nouvelle Constitution avant juin 2007 et la tenue des premières élections multipartites en octobre 2008.
En septembre, les Maldives ont adhéré au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et à ses protocoles facultatifs, ainsi qu’au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
La résistance des éléments conservateurs au sein du gouvernement et les tentatives de déstabilisation orchestrées par l’opposition menaçaient de faire dérailler les réformes politiques et judiciaires.

Liberté d’expression
De très nombreux détracteurs du gouvernement ont été accusés de contrevenir à la loi. Ces personnes avaient exprimé leur opinion sans recourir à la violence ni prôner son usage ou avaient participé pacifiquement à des rassemblements.
En avril, le député Ahmed Shafeeq a été brièvement détenu pour avoir assisté à un rassemblement pacifique à Malé. D’après les informations reçues, il a été admis à l’hôpital après avoir été passé à tabac lors de son arrestation. Aucune enquête n’a été effectuée.
Plus de 100 personnes ont été appréhendées avant une manifestation contre le gouvernement prévue le 10 novembre à Malé. La police antiémeutes a aussi empêché des personnes de quitter leur île pour se rendre à la manifestation. La police serait montée à bord d’un bateau transportant des partisans de l’opposition et aurait arrêté tous les passagers. De très nombreuses personnes ont été détenues sans inculpation pendant des semaines. Au moins 22 ont été remises en liberté après qu’on leur eut imputé de façon apparemment gratuite des infractions pénales à caractère politique.
Les médias subissaient toujours de très fortes pressions destinées à les empêcher de publier des articles critiques à l’égard du gouvernement. Les journalistes qui ne tenaient pas compte de ces pressions étaient harcelés, arrêtés ou inculpés d’infractions pénales.
Aminath Najeeb, rédactrice en chef du journal Minivan, a reçu en mai une citation à comparaître devant une juridiction pénale. Cette mesure semble se rattacher aux efforts déployés par les autorités pour faire fermer cette publication. Précédemment, Aminath Najeeb avait été harcelée par des hommes masqués qui avaient encerclé son domicile.
À différentes occasions en 2006, Mohamed Yooshau, Imran Zahir et Ibrahim Manik ont été détenus plusieurs semaines. Abdulla Saeed (Fahala) a été condamné à une peine de vingt ans d’emprisonnement pour possession de stupéfiants. Il semblerait que la drogue ait été placée sur lui par la police après son arrestation.


Procès inéquitables et prisonniers d’opinion

Cette année encore, les tribunaux ont condamné des militants politiques à des peines d’emprisonnement.
Ahmed Abbas, caricaturiste politique qui a dessiné les billets de banque maldiviens et détracteur déclaré du gouvernement, a été condamné en novembre à une peine de six mois d’emprisonnement, sans avoir été informé de la tenue de son procès. Sa condamnation est liée à des déclarations qu’il a faites à un journal en août 2005. Ahmed Abbas a appris sa condamnation par hasard, en consultant le site Internet du gouvernement. Craignant de subir des mauvais traitements, il s’est réfugié dans le bâtiment des Nations unies à Malé, mais a dû le quitter en raison des pressions exercées par les autorités. Il a alors été interpellé par la police et transféré dans l’île-prison de Mafushi. Il est probablement emprisonné pour délit d’opinion.
Plusieurs prisonniers d’opinion ont été libérés. Ahmed Ibrahim Didi et Naushad Waheed ont été libérés en février, et Jennifer Latheef au mois d’août. Mohamed Nasheed, président du Parti démocratique maldivien, a été remis en liberté en septembre.


Torture et mauvais traitements

Des policiers ont infligé des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements à des personnes arrêtées alors qu’elles participaient à des manifestations pacifiques.
En février, Moosa Afaau, seize ans, aurait été saisi au cou par un policier en civil alors qu’il regardait passer des manifestants dans la rue. L’agent l’aurait mis à terre, lui aurait baissé son pantalon et l’aurait frappé à coups de matraque sur les cuisses et les organes génitaux. L’adolescent aurait ensuite été conduit à un poste de police, attaché à une chaise et frappé au visage chaque fois qu’il s’endormait. Personne n’a eu à rendre compte de ces actes.


Autres documents d’Amnesty International


 Maldives. Nouvelles mesures de répression contre l’opposition (ASA 29/010/2006).

2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit