Gambie

Cette année encore, les défenseurs des droits humains, notamment les journalistes, risquaient d’être placés en détention arbitraire, torturés ou menacés par les forces de sécurité. Des membres du personnel d’Amnesty International et un journaliste gambien ont été détenus pendant une courte période. Des personnes accusées de trahison ont été condamnées à de longues peines d’emprisonnement ; d’autres ont été maintenues en détention sans jugement. Deux condamnations à la peine capitale ont été prononcées.

Système judiciaire
Détention arbitraire
 ?Deux membres du personnel d’Amnesty International et un journaliste gambien, Yahia Dampha, ont été arrêtés par la police le 6 octobre. Les conditions imposées lors de leur remise en liberté, deux jours plus tard, ont été levées le 12 octobre. Peu après le départ du pays des employés d’Amnesty International, Yahia Dampha est passé dans la clandestinité car il craignait pour sa sécurité. Quelque temps plus tard, ses proches ont indiqué que des agents de l’Agence nationale de renseignements (NIA) s’étaient rendus à son domicile pour s’enquérir de lui. À la fin de l’année, Yahia Dampha et sa famille vivaient toujours cachés.
 ?Sept opposants présumés au gouvernement, dont Chief Manneh, Kanyiba Kanyi, Momodou Lamin Nyassi, Mdongo Mboob, Marcie Jammeh et Haruna Jammeh, étaient toujours détenus au secret.
Des personnes ont vu Chief Manneh, ancien reporter au Daily Observer, aux mains de la police en plusieurs lieux du pays, y compris à l’hôpital universitaire Royal Victoria à Banjul, ce qui laissait craindre pour sa santé. Le gouvernement a continué de nier toute implication dans son arrestation et d’affirmer ne rien savoir de son sort. La requête déposée devant la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) pour obtenir la présentation de Chief Manneh a été ignorée à plusieurs reprises par le gouvernement, qui a d’ailleurs refusé de comparaître devant la Cour.
 ?Arrêtés en septembre 2006 parce qu’ils étaient considérés comme des opposants politiques, Jisacha Kujab Ousman « Rambo » Jatta et Tamba Fofana ont été remis en liberté en octobre.

Procès pour trahison devant des juridictions militaire et civile
Trois des quatre personnes accusées de trahison et jugées par une cour civile en relation avec la tentative présumée de coup d’État de mars 2006 ont été condamnées, en août, à une peine de vingt ans d’emprisonnement assortie de travaux forcés. Le quatrième accusé a été acquitté.
Quatre autres suspects arrêtés dans le cadre de la même affaire (Foday Barry, ancien directeur de la NIA, Yaya Bayinka et Baba Saho, deux agents des renseignements, ainsi qu’un étudiant) étaient toujours détenus au secret à la fin de l’année. Ils étaient inculpés de complot en vue de commettre une trahison.
Également appréhendés en 2006, Musa Dibba et Abdoulie Kujabi – ce dernier étant lui aussi un ancien directeur de la NIA – ont été remis en liberté. Selon les informations recueillies, Abdoulie Kujabi a été torturé lors de sa détention et a perdu un œil à la suite des sévices subis. À sa remise en liberté, Musa Dibba s’est vu confisquer son passeport.
Dix anciens militaires ont été condamnés par un tribunal militaire siégeant à la caserne de Yundum à des peines allant de dix ans d’emprisonnement à la détention à perpétuité pour leur rôle dans la tentative présumée de coup d’État. Cinq autres accusés ont été relâchés faute de preuves. Au moins l’une des personnes ayant comparu a déclaré avoir été victime d’actes de torture et de mauvais traitements durant sa détention provisoire.

Liberté d’expression
Après avoir été la cible de manœuvres d’intimidation, d’actes de harcèlement et de menaces de la part d’agents de la NIA et d’autres organes de l’État, un nombre croissant de journalistes ont opté pour la clandestinité. D’autres ont été placés en détention arbitraire pour des durées plus ou moins longues, puis ont bénéficié d’une libération sous caution.
 ?Mai Fatty, un avocat spécialisé dans la défense des droits humains qui représentait souvent les journalistes, est parti se faire soigner à l’étranger après un accident de voiture qui, selon lui, était en réalité une tentative d’assassinat.
 ?En avril, Fatou Jaw Manneh, une journaliste gambienne résidant aux États-Unis, a été arrêtée à l’aéroport international de Gambie et accusée de sédition pour avoir, un an plus tôt, pris des positions antigouvernementales lors d’une interview. En raison de confusions concernant la juridiction compétente, la procédure entamée contre elle a pris beaucoup de retard et son procès n’était pas terminé à la fin de 2007.
 ?Fadzai Gwaradzimba, coordinatrice résidente des Nations unies en Gambie, a été expulsée du pays en mars pour avoir émis des doutes sur la découverte par le président Jammeh d’un traitement contre le VIH. Le chef de l’État avait déclaré devant un groupe de diplomates étrangers, en février, qu’il était en mesure de soigner les personnes atteintes par le virus.
 ?Sal Jahl, responsable de publication à The Daily Observer, Ousman Darboe, reporter et rédacteur, ainsi que trois autres employés de ce journal progouvernemental (Abdoulie John, Seedy Bojang et Lamin Dibba) ont été licenciés en 2007. Deux d’entre eux ont semble-t-il été remerciés en raison d’un article consacré aux déclarations du président sur sa capacité à guérir le VIH/sida.
 ?Les locaux du journal The Independent sont restés sous la surveillance de la police et n’ont pas pu rouvrir de toute l’année.

Peine de mort
Tambara Samba, une ressortissante sénégalaise, et Sulayman Bah, un Guinéen, ont été condamnés à la peine capitale pour meurtre à quelques semaines d’intervalle et par le même tribunal. Les peines ont été prononcées sur fond d’inquiétudes à propos des crimes commis par des étrangers. L’appel interjeté par Tambara Samba était en cours d’examen à la fin de l’année.
La peine de mort est prévue par la Constitution gambienne, mais les condamnations sont rares et doivent être signées de la main du président. Prévu avant janvier 2007 par la Constitution, le réexamen de la question de la peine capitale n’a pas eu lieu.

Impunité
Amnesty International ne disposait d’aucune nouvelle information concernant le cas de l’ancien directeur général de la NIA, Daba Marena, et des quatre soldats (Ebou Lowe, Alieu Cessay, Alpha Bah et Malafi Corr) qui s’étaient, selon les autorités, échappés lors de leur transfert en prison en avril 2006.
L’organisation craignait qu’ils n’aient été exécutés sommairement car leurs proches ne les avaient pas revus et n’avaient aucune nouvelle d’eux à la fin de l’année 2007. Aucune enquête indépendante n’a été ouverte dans cette affaire.
L’Initiative du Commonwealth pour la défense des droits de la personne a déposé plainte contre le gouvernement gambien devant la Commission africaine à propos de la mort de 50 migrants – dont 44 de nationalité ghanéenne – en Gambie en 2005. À la fin de l’année, aucun suspect n’avait été présenté à la justice et les auteurs présumés avaient, selon toute vraisemblance, opté pour l’exil volontaire.

Visites d’Amnesty International
Une délégation d’Amnesty International s’est rendue en Gambie au mois d’octobre.


Autres documents d’Amnesty International

  • Gambia : Amnesty International calls for the reopening of The Independent and the release of Chief Manneh (AFR 27/001/2007).
  • Gambie. Amnesty International demande la libération inconditionnelle de membres de son personnel (AFR 27/003/2007).
  • Gambie. Les délégués d’Amnesty International libérés sans condition (AFR 27/004/2007).
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