Contexte
Mohamed Laminé Sanhá, ancien chef d’état-major de la marine, a été tué en janvier par des agresseurs inconnus. Il avait été appréhendé et maintenu en détention sans inculpation ni jugement à plusieurs reprises depuis 2000. La dernière fois qu’il avait été arrêté, en août 2006, il avait été accusé de complot en vue d’assassiner le chef d’état-major des forces armées. Il avait été libéré sans inculpation trois jours plus tard. Selon les informations recueillies, une enquête a été ouverte sur sa mort mais, à la fin de l’année, ses résultats n’avaient pas été rendus publics. Un ancien Premier ministre, qui avait accusé le président Vieira et des militaires de haut rang d’être impliqués dans l’assassinat de Mohamed Laminé Sanhá, s’est réfugié durant trois semaines dans les locaux du Bureau d’appui des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (UNOGBIS) après qu’un mandat d’arrêt eut été décerné à son encontre. Il a quitté les lieux lorsque le mandat a été annulé.
En mars, le gouvernement a démissionné après avoir fait l’objet d’une motion de censure. Plus de 1 000 personnes ont manifesté contre les autorités dans la capitale, Bissau, sous la surveillance de policiers et de militaires puissamment armés. En avril, un nouveau Premier ministre a été nommé et un nouveau gouvernement formé.
En mars, le montant nécessaire pour satisfaire les besoins élémentaires du pays a été estimé à 700 millions de dollars des États-Unis (530 millions d’euros environ), mais les donateurs se montraient réticents à accorder des aides en raison de l’instabilité politique, aggravée par la situation économique.
La Guinée-Bissau est devenue un point de transit important du trafic de stupéfiants en provenance d’Amérique du Sud et à destination de l’Europe, ce qui constituait une menace supplémentaire pour la stabilité et la sécurité du pays. Des allégations selon lesquelles des membres des forces armées étaient impliqués dans le trafic de drogue ont circulé, notamment après l’arrestation par la police, en avril, de quatre militaires et deux civils qui transportaient 600 kilos de cocaïne dans leur voiture. En octobre, un ancien ministre de la Sécurité nationale s’est vu interdire de quitter le pays dans l’attente des conclusions d’une enquête sur son implication présumée dans le trafic de stupéfiants.
Liberté d’expression
Des journalistes et des défenseurs des droits humains qui avaient accusé les autorités militaires d’être impliquées dans le trafic de drogue ont été la cible d’arrestations et de menaces de violences. Certains sont entrés dans la clandestinité ou se sont réfugiés dans les locaux de l’UNOGBIS, d’autres ont quitté le pays.
?En juillet, quatre journalistes ont fait l’objet de tentatives d’intimidation. L’un d’eux, Alberto Dabo, correspondant de Rádio Bombolom et de Reuters, s’est caché pendant une semaine après avoir reçu des menaces téléphoniques anonymes. Il avait publié des informations selon lesquelles des fonctionnaires et des militaires étaient impliqués dans le trafic de drogue. En septembre, il a été inculpé de diffamation à l’égard du chef d’état-major de la marine, de violation de secrets d’État et d’abus de la liberté de la presse. Fin 2007, son procès n’avait pas encore commencé.
?Mário Sá Gomes, défenseur des droits humains, est entré dans la clandestinité en juillet puis s’est réfugié dans les locaux de l’UNOGBIS après qu’un mandat d’arrêt eut été décerné à son encontre. Il avait appelé publiquement les autorités à démettre de ses fonctions le chef d’état-major des forces armées afin de résoudre le problème de la drogue. Il a quitté l’enceinte de l’UNOGBIS trois semaines plus tard, le ministre de l’Intérieur lui ayant donné l’assurance que sa sécurité serait garantie et lui ayant fourni des gardes du corps. Il a été interrogé par le procureur général en octobre, mais n’a pas été inculpé.
Traite des enfants
Des enfants étaient toujours victimes de la traite : emmenés hors du pays, ils étaient contraints à travailler dans les champs de coton du sud du Sénégal ou à mendier dans la capitale sénégalaise. En octobre et en novembre, la police a intercepté plusieurs véhicules transportant quelque 200 enfants âgés de cinq à douze ans et a arrêté au moins sept personnes. Ces enfants s’étaient vu promettre une éducation au Sénégal.