Libéria

La situation des droits humains s’est améliorée tout au long de l’année, malgré la persistance de certains problèmes d’administration de la justice. Les prisons étaient surpeuplées et la majorité des détenus étaient en attente de leur jugement. Le projet de créer une commission indépendante des droits humains est resté au point mort. Les travaux de la Commission vérité et réconciliation n’ont guère avancé. La violence contre les femmes demeurait endémique. Lors de différents épisodes, des journalistes ont été harcelés par les forces de sécurité. Le procès de l’ancien président libérien Charles Taylor, accusé d’avoir perpétré des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en Sierra Leone, s’est poursuivi à La Haye, aux Pays-Bas (voir Sierra Leone).

Contexte
La lutte contre la corruption est demeurée une priorité du gouvernement d’Ellen Johnson-Sirleaf. Les procès d’anciens membres du gouvernement de transition libérien inculpés de vol se sont poursuivis. Après un vote de défiance de la Chambre des représentants, son président, Edwin Snowe, a démissionné. Il a été remplacé en avril par Alex Tyler, membre du Parti de l’action du Libéria (LAP).
En juillet, George Koukou, ancien président de l’Assemblée législative nationale de transition, le général de division Charles Julu, ancien chef d’état-major de l’armée et commandant de l’Unité de lutte antiterroriste sous la présidence de Samuel Doe, et le colonel Dorbor ont été arrêtés et inculpés de trahison ; leur procès n’était pas terminé à la fin de l’année. Les sanctions relatives aux diamants et au bois d’œuvre ont été levées en avril et le Libéria a été autorisé à participer au processus international de Kimberley, un système de vérification qui est destiné à lutter contre la contrebande en certifiant l’origine des diamants bruts. Un projet de loi controversé sur le gel des avoirs de membres de l’ancien gouvernement a été débattu au Parlement, mais n’a finalement pas été adopté.
Les rapatriements volontaires avec l’assistance du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ont pris fin en juin. Quelque 80 000 Libériens vivaient encore à l’étranger, tandis que 50 000 réfugiés environ, principalement originaires de Côte d’Ivoire, demeuraient sur le territoire libérien.
D’anciens combattants libériens ont été accusés de participation à la crise politique qui a éclaté en Guinée en février. En outre, des informations non confirmées ont fait état de mouvements transfrontaliers d’ex-combattants libériens vers la Côte d’Ivoire.
Une conférence des donateurs organisée en février a évalué les progrès accomplis au Libéria. À cette occasion, les États-Unis ont annulé la dette de 391 millions de dollars qu’ils détenaient sur le pays.
En décembre, la Mission des Nations unies au Libéria (MINUL) a vu son mandat prolongé jusqu’en septembre 2008.

Manifestations violentes
Dans au moins trois villes du Libéria, d’anciens combattants ont manifesté pour dénoncer les retards de versement de leurs indemnités de subsistance. En janvier, une cinquantaine de représentants de l’ethnie mandingue se sont rassemblés devant la résidence présidentielle, exigeant que des mesures soient prises pour régler des litiges fonciers dans le comté de Nimba. Une commission présidentielle chargée d’enquêter sur ces conflits a été créée. Plus tard dans l’année, d’autres manifestations violentes liées à des différends fonciers ont éclaté dans le sud-est.
À la mi-avril, des manifestations violentes d’étudiants se sont produites à Gbarnga. Le premier motif de mécontentement des manifestants était l’insuffisance des structures du campus. En juin, des étudiants de l’université du Libéria ont manifesté par solidarité avec leurs professeurs en grève en raison du non-paiement de leur traitement.
En juillet, une enquête policière concernant des vols et des violences commis dans le principal port maritime de Monrovia a déclenché des affrontements violents au cours desquels 50 personnes ont été blessées. Une commission chargée d’enquêter sur ces faits a été créée. D’autres manifestations violentes ont eu lieu à Bong Mines, une ville située à 70 kilomètres environ de Monrovia. Certains habitants étaient furieux car ils étaient persuadés que des policiers étaient impliqués dans la mort d’un enfant de cinq ans. Lors des troubles qui ont éclaté, un poste de police qui venait d’être construit a été réduit en cendres et les résidences de la police nationale ainsi que la maison du maire ont été vandalisées. La police est intervenue, en décembre, dans la plantation d’hévéas de Firestone, où un mouvement de protestation s’était déclenché. Cinq personnes ont été blessées lors de cet épisode, et les installations de la plantation ont été mises à sac.

Réforme du secteur de la sécurité
Quelque 90 000 anciens combattants étaient inscrits dans des programmes de réintrégration. Toutefois, 9 000 environ étaient toujours en attente d’une possibilité de réinsertion. Certains des bénéficiaires suivaient des formations dans l’armée ou la police. En juillet, une unité exclusivement composée de femmes a réussi la formation de base.
Les dysfonctionnements du système judiciaire constituaient toujours un problème considérable. Les fonctionnaires de justice appliquaient les règles et les procédures de manière incohérente, ne respectaient pas les normes relatives aux droits humains fondamentaux et se laissaient corrompre. Si un procureur était affecté à chaque tribunal itinérant, la majorité de ces petites juridictions n’avaient pas en revanche d’avocat de la défense. L’ordalie, une pratique constituant à établir l’innocence ou la culpabilité d’une personne en la soumettant à une épreuve pénible, restait très courante en milieu rural. Il y a eu très peu d’améliorations apportées au système de la justice pour mineurs.
Un projet de loi visant à la création d’une commission de réforme du droit a été rédigé. Cet organe réexaminera le corpus législatif pour s’assurer de sa conformité avec les normes internationales.
Les conditions de détention étaient toujours mauvaises et les évasions fréquentes. À Monrovia, un des bâtiments de la prison centrale conçu pour 470 détenus en accueillait 780. La majorité des détenus n’avaient pas été jugés. La MINUL a formé 104 agents de sécurité et de nouveaux effectifs devaient être formés en 2008.


Justice transitionnelle

La mise en place d’une commission nationale indépendante des droits humains a peu progressé car la désignation des commissaires a pris du retard.
Les travaux de la Commission vérité et réconciliation se sont poursuivis avec lenteur. En mars, des problèmes de transparence ont conduit à suspendre ces travaux. La constitution d’un groupe de travail réunissant des membres de la Commission et des bailleurs de fonds a débouché sur un certain nombre d’évolutions positives, comme le recrutement de personnel indispensable. La société civile s’est dite préoccupée par le fait que les travaux de la commission n’avançaient pas. Les audiences publiques devaient débuter en janvier 2008.


Procès d’un criminel de guerre présumé

Le procès de Roy M. Belfast Jr (le fils de Charles Taylor, également connu sous les noms de Charles McArthur Emmanuel et Charles « Chuckie » Taylor Jr), accusé d’actes de torture, d’entente en vue de pratiquer des actes de torture et d’utilisation d’une arme à feu pour commettre un crime violent, des faits remontant à l’époque où il était à la tête de l’Unité de lutte antiterroriste, s’est poursuivi.

Droits des femmes
Malgré l’adoption en décembre 2005 d’une loi sur le viol qui définissait plus clairement ce crime et prévoyait des sanctions plus sévères, beaucoup de femmes et de jeunes filles ont été victimes de viols cette année encore. Le nombre d’affaires de viol jugées devant des tribunaux itinérants a augmenté, et 2007 a été l’année de la première condamnation pour viol obtenue depuis la fin du conflit. Toutefois, certaines dispositions de la loi de 2006 n’étaient pas appliquées de manière uniforme par les fonctionnaires de justice et la majorité des affaires se réglaient par des transactions privées.

Liberté de la presse
En février, après avoir publié des photos sur lesquelles on pouvait voir le ministre d’État pour les Affaires présidentielles dans un lit en compagnie de deux femmes, le journal The Independent a été fermé par la police. En mars, la Cour suprême du Libéria a tenté de lever la révocation de sa licence, mais les autorités l’ont maintenue et ont ordonné aux imprimeries de ne pas éditer la publication ; le journal a été de nouveau autorisé en juin.
En février, le journaliste Othello Guzean, du réseau de radio d’obédience gouvernementale Liberia Broadcasting System (LBS), a été suspendu de ses fonctions par son directeur pour une durée indéterminée après avoir diffusé un entretien avec Thomas Fallah, un parlementaire de l’opposition membre du Congrès pour le changement démocratique (CDC). D’après le directeur de LBS, la diffusion de l’interview était inacceptable et contraire à la politique éditoriale de la station.
En juin, durant les affrontements qui ont opposé des étudiants de l’université du Libéria aux forces de sécurité, Daylue Goah et Evan Ballah, respectivement journalistes au New Democrat et au Public Agenda, ont été frappés par des membres des forces de sécurité. Dayluh Goah a été grièvement blessé.
En août, des membres de la police nationale libérienne et de l’agence de lutte contre la drogue ont agressé J. Rufus Paul, journaliste au Daily Observer, et l’ont placé en détention durant une courte période. Le motif invoqué pour justifier son arrestation était qu’il avait tenté de couvrir une opération de police sans s’être muni d’une accréditation.
En septembre, des agents du service spécial de sécurité chargés de la protection rapprochée de la présidente Ellen Johnson-Sirleaf ont intimidé plusieurs journalistes locaux et correspondants de médias internationaux, dont Jonathan Paylelay, de la BBC, Dosso Zoom de Radio France Internationale, et Alphonso Towah, de Reuters, les accusant d’avoir « enfreint le protocole ».

Visites d’Amnesty International
Amnesty International s’est rendue au Libéria en février et en septembre.

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