Mozambique

Les informations recueillies faisaient état d’une augmentation du nombre de suspects de droit commun exécutés de manière illégale par la police. Des agents de la force publique se sont rendus coupables d’autres atteintes aux droits humains, notamment d’arrestations et de détentions arbitraires, et de recours excessif à la force. En février, on estimait à quelque 120 000 le nombre de personnes déplacées par les inondations qui touchaient le pays depuis décembre 2006. Le passage du cyclone tropical Favio, qui s’est abattu sur la province d’Inhambane, dans le sud du pays, a encore aggravé la situation, provoquant de nouveaux dégâts et des destructions d’habitations.

Contexte
Le Mozambique a ratifié, en mars, la Convention relative aux droits des personnes handicapées [ONU].
En novembre, l’Assemblée de la République (Parlement national) s’est attribuée le pouvoir de modifier la Constitution afin de reporter les toutes premières élections pour désigner les représentants dans les assemblées provinciales, initialement prévues pour le mois de décembre.
L’année a été marquée par une série d’explosions survenues dans un arsenal militaire de la capitale, Maputo, et dans un autre situé dans la ville de Beira. Plus de 100 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées. Des centaines d’habitants se sont retrouvés sans toit. La plus grave de ces explosions a eu lieu en mars au dépôt de munitions de Malhazine, à Maputo, qui avait déjà explosé un mois plus tôt. L’épisode a provoqué la mort de plus de 100 personnes et en a blessé au moins 500. D’autres explosions moins spectaculaires se sont produites au cours de l’année, faisant de nouvelles victimes.


Exécutions extrajudiciaires

Les informations disponibles faisaient état d’une augmentation du nombre d’exécutions de suspects de droit commun commises de manière illégale par des policiers. Ces affaires ne donnaient que très rarement lieu à l’ouverture d’une enquête et aucun policier n’a été poursuivi pour violation des droits humains. En mai, le procureur général a annoncé l’ouverture d’une enquête sur l’éventuelle existence d’escadrons de la mort au sein des unités de police considérées comme responsables des homicides. L’année s’est toutefois achevée sans que les résultats de l’enquête n’aient été rendus publics. Les policiers arrêtés en 2006 pour atteintes aux droits humains n’avaient toujours pas été jugés à la fin de 2007.
 ?En avril, trois policiers ont fait sortir Sousa Carlos Cossa, Mustafa Assane Momede et Francisco Nhantumbo d’un poste de police du quartier de Laulane, à Maputo, et les ont conduits sur un terrain de sport situé dans le quartier de Costa do Sol, où ils les ont abattus. Les fonctionnaires ont affirmé que les trois hommes avaient tenté de s’évader. Les résultats des autopsies ont cependant révélé que tous trois avaient reçu une balle dans la nuque, tirée à faible distance. Les agents ont été mis à pied mais la police a, dans un premier temps, refusé de les arrêter. Finalement appréhendés et placés en détention en mai, ils ont affirmé avoir exécuté des ordres émanant de leurs supérieurs. L’enquête sur cette affaire se poursuivait à la fin de l’année.
 ?En août, après avoir été enlevé et laissé pour mort par des policiers, Abrantes Afonso Penicela a succombé à l’hôpital aux coups, blessures par balle et brûlures qui lui avaient été infligés par ses ravisseurs. Avant de mourir, il a raconté à sa famille et à un agent de police qu’au moins cinq policiers, accompagnés de l’un de ses amis, s’étaient rendus devant son domicile à bord de deux véhicules. Le téléphone de cet ami avait servi à l’appeler. Lorsqu’il est sorti de chez lui, les policiers se sont emparés d’Abrantes Afonso Penicela et l’ont fait monter dans l’une des voitures où ils lui ont injecté une substance toxique. Ils l’ont conduit dans un secteur isolé de Xhinavane, à quelque 120 kilomètres au nord de Maputo, où ils l’ont frappé jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Ils lui ont tiré dans la nuque et ont enflammé son corps avant de quitter les lieux, pensant manifestement qu’il était mort. Abrantes Afonso Penicela est toutefois parvenu à se traîner jusqu’à une route située à proximité, où des habitants l’ont découvert et l’ont conduit à l’hôpital de Xhinavane. Ils ont également pris contact avec sa famille. Abrantes Afonso Penicela a ensuite été transféré à l’hôpital central de Maputo. Après que sa famille eut signalé les faits au poste de police n° 5, un agent s’est rendu à l’hôpital afin de prendre sa déposition. Des fonctionnaires de police ont indiqué à la famille qu’une enquête était en cours, mais aucune arrestation n’avait eu lieu à la fin de l’année.


Arrestations et détentions arbitraires

Des cas d’arrestations et de placement en détention arbitraires par des policiers ont été signalés. La plupart n’ont pas donné lieu à l’ouverture d’une enquête.
 ?En mars, à la suite de la seconde explosion survenue au dépôt d’armes de Malhazine, des manifestations ont été organisées à Maputo pour exiger la démission du ministre de la Défense nationale. Les protestataires reprochaient à l’homme d’État de ne pas avoir déplacé les munitions après la première explosion de février. Six manifestants ont été arrêtés et placés en détention, sans avoir été inculpés, au poste de police d’Alto Mãe, à Maputo. Ils ont recouvré la liberté le lendemain matin. Le journaliste Celso Manguana a été arrêté dans les locaux de ce même poste alors qu’il enquêtait sur l’arrestation des six manifestants. Il y a été retenu durant deux jours, avant d’être inculpé d’outrage à l’autorité publique et transféré à la prison civile de Maputo. D’après les informations reçues, il aurait qualifié d’incompétents des agents de police qui ne répondaient pas à ses questions. Celso Manguana a été remis en liberté trois jours après son arrestation et les charges retenues contre lui ont été abandonnées.

Visites d’Amnesty International
Une délégation d’Amnesty International s’est rendue au Mozambique en septembre.

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