Détention d’étrangers et mauvais traitements
Des étrangers ont été maintenus en détention administrative prolongée sans aucune possibilité de recours devant une autorité judiciaire ou un autre organe indépendant compétent, en violation du droit de ne pas être arbitrairement privé de sa liberté. Fin septembre et début octobre, des détenus de l’aile 10 de la prison centrale de Nicosie, secteur où la police incarcère les demandeurs d’asile dont la requête a été rejetée et qui sont visés par un arrêté d’expulsion, se sont élevés contre la longueur et les conditions de leur détention. Plusieurs d’entre eux étaient privés de liberté depuis plus de trente mois.
Interrogés, certains ont déclaré que les conditions de détention étaient mauvaises et que des gardiens les avaient soumis à des traitements cruels et dégradants, notamment en refusant de leur donner à manger et à boire durant le mouvement de protestation. Plusieurs ont dit avoir été maltraités par la police au moment de leur arrestation, ou par des gardiens alors qu’ils étaient détenus.
?Les autorités ont tenté d’expulser du pays un Sierra-Léonais qui avait été arrêté en février 2005 parce qu’il était en situation irrégulière. Sa demande d’asile, toujours en instance lors de sa mise en détention, avait été rejetée sans qu’il en soit informé et sans qu’il ait eu la possibilité de contester la décision. À la fin de l’année, il était toujours incarcéré.
?Un ressortissant iranien a déclaré avoir été battu par la police lors de son arrestation, puis à nouveau par des surveillants de la prison centrale alors qu’il participait à une grève de la faim en 2006, et une troisième fois durant les mouvements de protestation de septembre et octobre 2007. Il a précisé qu’à la suite du premier passage à tabac, en août 2005, un médecin avait recommandé une opération en raison d’une tuméfaction à la tête et de problèmes de concentration et d’équilibre, mais que cette intervention lui avait été refusée. Il avait auparavant été détenu pendant neuf mois au poste de police de Lykavitos, où il n’était pas autorisé à sortir dans la cour et où sa cellule était surpeuplée et les installations sanitaires inadéquates.
Fin 2007, Amnesty International n’avait reçu aucune réponse de la part des autorités chypriotes à la lettre dans laquelle elle avait exprimé ses préoccupations.
Défenseurs des droits humains
En avril, le Réseau européen contre le racisme a signalé que des croix gammées et des slogans nationalistes avaient été peints sur les murs des bureaux d’Action pour l’égalité, le soutien et l’antiracisme, une organisation non gouvernementale qui assure la coordination nationale du réseau à Chypre. Cette organisation propose de l’aide et des conseils juridiques aux migrants, réfugiés et demandeurs d’asile dans le pays. En octobre, pour la deuxième fois en cinq ans, son président a fait l’objet de poursuites, inculpé dans une affaire en lien avec des activités de collecte de fonds de l’organisation. Cette mesure semble avoir eu pour but de porter atteinte à son action.
Visites d’Amnesty International
Une délégation d’Amnesty International s’est rendue à Chypre en octobre.