TURKMENISTAN

La liberté d’expression, d’association, de religion et de mouvement restait limitée. Des dizaines de personnes incarcérées à l’issue de procès iniques étaient toujours en prison, souvent au secret. Au moins huit objecteurs de conscience purgeaient également des peines d’emprisonnement.

Turkménistan
CHEF DE L’ÉTAT ET DU GOUVERNEMENT : Gourbangouly
Berdymoukhammedov
PEINE DE MORT : abolie
POPULATION : 5,2 millions
ESPÉRANCE DE VIE : 65,3 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F) : 72 / 56 ‰
TAUX D’ALPHABÉTISATION DES ADULTES : 99,5 %

Répression de la dissidence

Les autorités ont continué de réprimer la dissidence. Les journalistes travaillant avec des organes de presse étrangers connus pour leurs articles critiques envers le régime faisaient l’objet d’actes de harcèlement et d’intimidation. Les groupes de la société civile indépendants ne parvenaient pas à fonctionner au grand jour au Turkménistan. Les craintes pour la sécurité des dissidents se sont encore intensifiées après les déclarations du président Gourbangouly Berdymoukhammedov, qui a demandé en septembre au ministère de la Sûreté nationale de lutter contre tous ceux qui, selon le site Internet du gouvernement, « diffament notre État séculaire, démocratique et fondé sur le respect des lois et tentent de briser l’unité et la solidarité de notre société ».

  • Condamnés en 2006, à l’issue d’un procès non équitable, à des peines d’emprisonnement pour « acquisition, possession ou vente illégales de munitions ou d’armes à feu », deux prisonniers d’opinion proches de la Fondation Helsinki du Turkménistan (une ONG), Annakourban Amanklytchev et Sapardourdy Khadjiev, purgeaient toujours leur peine. Le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a conclu en août, après avoir étudié leur cas, que les deux hommes étaient détenus de manière arbitraire et que les autorités cherchaient ainsi à les punir pour avoir voulu exercer leurs droits à la liberté d’expression et d’association, et en raison de leurs activités en faveur des droits humains. Le Groupe de travail a estimé que ces deux prisonniers n’avaient pas bénéficié d’un procès équitable et a appelé les pouvoirs publics à les remettre en liberté dans les meilleurs délais, en leur accordant une indemnisation satisfaisante.
  • En septembre, la chaîne de télévision par satellite K+, qui émet en Asie centrale, a diffusé une interview de Farid Toukhbatoulline, directeur en exil de l’ONG Initiative turkmène pour les droits humains. Les habitants du Turkménistan ont pu à cette occasion entendre une source autre que gouvernementale commenter la situation des droits humains dans leur pays, ce qui est rare. Peu après la diffusion de cette interview, le site Internet de l’Initiative turkmène pour les droits humains a été mis hors d’usage par des pirates informatiques non identifiés. L’ONG a dû quitter la société qui l’hébergeait à Moscou pour le redémarrer depuis un autre pays. En octobre, Farid Toukhbatoulline a été informé, de source digne de foi, que des responsables du ministère de la Sûreté nationale avaient envisagé de « se débarrasser discrètement » de lui, d’une manière difficile à établir.

Liberté de religion

Les activités religieuses étaient étroitement contrôlées. Dans son rapport remis en janvier au Comité des droits de l’homme [ONU], le Turkménistan indiquait : « Les activités des organisations religieuses non enregistrées sont illégales ». De nombreuses minorités religieuses se voyaient toujours refuser leur enregistrement, souvent sans la moindre explication. Non reconnues, elles étaient d’autant plus exposées aux interventions et autres actes de harcèlement des pouvoirs publics.

  • Le pasteur protestant Ilmourad Nourliev a été condamné en octobre à quatre années d’emprisonnement pour « escroquerie ». Pour ses partisans, il aurait en réalité été pris pour cible en raison de ses activités religieuses et les éléments produits à charge contre lui auraient été forgés de toutes pièces. Le tribunal qui l’a condamné aurait ordonné qu’il soit soumis à un traitement forcé de désintoxication censé le guérir d’une supposée addiction à des stupéfiants, que démentait son entourage.

Le refus d’effectuer le service militaire constituait toujours une infraction pénale. Au moins huit témoins de Jéhovah purgeaient des peines d’emprisonnement pour objection de conscience ; trois autres étaient sous le coup de condamnations avec sursis.

  • Arrêté en août, Dovleïet Byachimov a été condamné à 18 mois d’emprisonnement par le tribunal de la ville de Turkmenabad, parce qu’il refusait d’effectuer son service militaire pour des raisons d’objection de conscience. Après son arrestation, il aurait été placé en détention au secret et passé à tabac.

Disparitions forcées

Les autorités refusaient toujours de donner des informations concernant le sort de plusieurs dizaines de personnes arrêtées et condamnées au lendemain de la tentative d’assassinat dont aurait fait l’objet, en 2002, l’ancien président Saparmourad Niazov. Les appels lancés aux pouvoirs publics pour qu’ils donnent des précisions sur les personnes mortes en détention sont restés sans réponse.

Droit de circuler librement

Inscrits sur une « liste rouge », les dissidents et les croyants faisaient très souvent l’objet d’une interdiction de se rendre à l’étranger.

À partir du mois de juillet, les autorités ont empêché des dizaines de personnes détentrices d’une double nationalité de sortir du Turkménistan, exigeant d’elles qu’elles renoncent à l’un de leurs passeports et que, au cas où elles choisiraient de conserver la nationalité turkmène, elles obtiennent un visa de sortie du territoire. Le fait de priver ainsi une personne d’une nationalité, en dehors de toute procédure juridiquement valable et sans que la personne concernée puisse faire appel ou faire examiner son cas par un tribunal indépendant, est susceptible de constituer une violation du droit fondamental de chacun à ne pas être privé arbitrairement de sa nationalité.
Le système de la « propiska » – l’obligation de déclaration d’un lieu de résidence permanente –, limitait toujours le droit des habitants du Turkménistan de se déplacer librement sur le territoire national, affectant en outre leurs capacités à accéder au logement, à l’emploi, aux avantages sociaux, aux soins et à l’enseignement. La police et les services de sécurité brandissaient souvent la menace du retrait de la « propiska » pour empêcher les gens de se plaindre des mauvais traitements policiers dont ils estimaient avoir été victimes.

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