Nicaragua

Toute forme d’avortement demeurait une infraction pénale. Une nouvelle loi contre les violences faites aux femmes est entrée en vigueur ; la plupart des victimes de viols et autres violences sexuelles étaient des filles âgées de 17 ans ou moins.

RÉPUBLIQUE DU NICARAGUA
Chef de l’État et du gouvernement : Daniel José Ortega Saavedra

Contexte

Trois personnes sont mortes et des dizaines d’autres ont été blessées lors de violences qui ont fait suite aux élections municipales de novembre. Les tensions avaient été exacerbées à l’approche des élections par des accusations de fraude et d’irrégularités portées contre le Front sandiniste de libération nationale (FSLN, parti au pouvoir) et des petits partis qui lui étaient apparemment liés. Des irrégularités avaient été dénoncées aussi le jour du scrutin.

Détention arbitraire, torture et autres mauvais traitements

Une quinzaine de jours après les élections, des allégations persistantes de fraude ont déclenché des affrontements entre partisans du Parti libéral constitutionnaliste (PLC, opposition) et du FSLN à Nueva Guinea, dans la région autonome de l’Atlantique sud.

D’après des organisations de défense des droits humains, des militants du PLC ont été arrêtés par la police et maltraités en détention. Des détenus ont dit avoir été frappés, et des femmes et des filles ont déclaré avoir été contraintes de se dévêtir devant des policiers de sexe masculin qui les ont humiliées et menacées de violences sexuelles.

Violences faites aux femmes et aux filles

Au cours du premier semestre de l’année 2012, le Commissariat de la femme et de l’enfant a reçu 1 862 plaintes pour violences sexuelles ; 1 048 d’entre elles concernaient des enfants de moins de 14 ans, et 80 % des victimes étaient âgées de 17 ans ou moins. Bien que ces statistiques ne précisent pas le sexe des victimes, des données officielles antérieures montrent que la majorité des victimes de violences sexuelles sont des femmes et des filles.
 En octobre, la police de Matagalpa, une ville du nord du pays, a reçu l’ordre d’exécuter un mandat d’arrêt à l’encontre d’un professeur accusé d’avoir agressé sexuellement une élève de 14 ans. Les policiers n’ont cependant pas procédé à l’interpellation, en raison d’une prétendue absence de place dans les prisons et du manque de moyens au sein de la police. Le professeur aurait quitté la ville ; il était toujours en fuite à la fin de l’année.

La Loi intégrale sur les violences faites aux femmes (Loi n° 779) est entrée en vigueur au mois de juin. Cette législation était certes un pas dans la bonne direction, mais le manque de moyens permettant de garantir sa mise en œuvre restait préoccupant.

Droits sexuels et reproductifs

Toute forme d’avortement demeurait illégale.

La rapporteuse sur les droits des femmes de la Commission interaméricaine des droits de l’homme s’est rendue au Nicaragua en mai. Elle a exhorté le gouvernement à abroger l’interdiction totale de l’avortement et à examiner le lien entre violences fondées sur le genre et droits sexuels et reproductifs.

En juillet, le ministère de la Santé a déclaré qu’au cours de la décennie 2000-2009, le nombre de naissances chez les filles âgées de 10 à 14 ans avait augmenté de 47,9 %. Au Nicaragua, toute relation sexuelle avec un enfant de moins de 14 ans est considérée comme un viol sur mineur.

Le 28 septembre, des associations de défense des droits humains et des droits des femmes ont protesté contre le refus du gouvernement d’abroger l’interdiction totale de l’avortement, et contre le fait que la Cour suprême ne s’était toujours pas prononcée sur un recours de 2007 mettant en cause la constitutionnalité de cette interdiction.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit