Eswatini - Rapport annuel 2020

carte Eswatini rapport annuel amnesty

Royaume d’Eswatini
Chef de l’État : Mswati III
Chef du gouvernement : Ambrose Mandvulo Dlamini

Plusieurs centaines de familles risquaient d’être expulsées de force. Les personnes LGBTI étaient victimes de harcèlement et de discrimination. Pour la première fois, un homme a été inculpé de viol conjugal. Des lois répressives ont été utilisées pour réduire au silence des opposant·e·s pacifiques, et des journalistes ont été détenus arbitrairement, torturés et autrement maltraités, et poursuivis en justice.

Contexte de la situation des droits humains au Eswatini

En mars, le Premier ministre a décrété l’état d’urgence pour une durée de deux mois afin d’enrayer la propagation de la pandémie de COVID-19. Selon les informations reçues, les forces de sécurité ont harcelé des gens sortis s’approvisionner en nourriture ou se faire soigner.

Expulsions forcées

L’absence de politique ou loi foncière continuait de désavantager des personnes menacées d’expulsion forcée. Des centaines de familles du district de Manzini risquaient d’être expulsées à la suite de procédures engagées par les propriétaires pour récupérer leurs terres agricoles. La Commission des droits humains était intervenue et, dans le cas de plus de 100 personnes menacées d’expulsion à Sigombeni, des négociations étaient en cours avec le propriétaire des terres. En cas de non-respect des garanties légales et de non-dédommagement adéquat, leur évacuation pourrait s’apparenter à une expulsion forcée. En juillet, un recours formé par le Conseil des Églises d’Eswatini auprès du ministère des Ressources naturelles et de l’Énergie a permis d’éviter que 45 familles, dont 38 enfants, ne soient expulsées de leurs terres à Mbondzela (district de Shiselweni).

À Mangwaneni, un township de la capitale du pays, Mbabane, les autorités locales ont démoli une ferme communautaire en février et trois autres en août, ce qui a donné lieu à l’expulsion forcée de 17 personnes appartenant à des foyers à la tête desquels se trouvaient des personnes âgées. Un habitant ayant été blessé par une balle en caoutchouc tirée par la police lors d’affrontements qui ont éclaté pendant les opérations de démolition du mois d’août, le ministère du Logement et du Développement urbain a suspendu ces opérations dans l’attente de la résolution de l’affaire par les autorités traditionnelles locales. Néanmoins, la plupart des habitant·e·s affectés étaient trop pauvres pour reconstruire ou réparer leur logement, et la municipalité leur a interdit de le faire.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexes

Les personnes LGBTI étaient victimes de discrimination, de harcèlement et de stigmatisation. Les relations consenties entre personnes de même sexe constituaient toujours une infraction pénale.

En juillet, le groupe de défense des droits des personnes LGBTI Minorités sexuelles et de genre d’Eswatini a formé un recours contre le rejet par le ministère du Commerce et de l’Industrie de sa demande d’enregistrement. L’affaire a été reportée à deux reprises avant d’être examinée en octobre par la Haute Cour de Mbabane, mais aucun jugement n’avait été prononcé à la fin de l’année.

Violences faites aux femmes et aux filles

En janvier, Nhlanhla Dlamini a été la première personne inculpée de viol conjugal au titre de la Loi de 2018 relative aux infractions à caractère sexuel et aux violences domestiques. Le même mois, la Haute Cour a ordonné sa mise en liberté sous caution.

Dans le cadre des mesures mises en place pour lutter contre la pandémie de COVID-19, les groupes de la société civile ont été classés dans les activités dites non essentielles, privant de fait les victimes de violence d’accès à des services d’aide vitale. En avril, le gouvernement a autorisé ces organisations à reprendre leurs activités du fait des pressions exercées par le Groupe d’action du Swaziland contre les violences et d’autres ONG.

Liberté d’expression et d’association

Au mois de mai, après avoir passé un an en prison pour avoir déclaré que le roi devrait être inculpé de détournement de fonds et de violation des droits humains, Goodwill Sibiya a été relâché et toutes les charges retenues contre lui ont été abandonnées. Il avait également fait l’objet de poursuites judiciaires pour terrorisme et sédition du fait de ses liens avec le Mouvement démocratique populaire uni.

Journalistes

Les autorités se sont servies de lois draconiennes, y compris la Loi relative à la répression du terrorisme et la Loi relative à la sédition et aux activités subversives, pour réduire au silence les médias. Des journalistes ont été arrêtés arbitrairement, torturés et soumis à d’autres mauvais traitements.

En février, Zweli Martin Dlamini, rédacteur en chef du Swaziland News, a été arrêté à son domicile, à Mbabane, pour avoir publié des articles dans lesquels le roi était critiqué. Il a affirmé avoir été torturé, au moyen notamment d’un sac plastique recouvrant sa tête, au siège de la police de la capitale. Relâché sans inculpation six heures plus tard, il s’est enfui en Afrique du Sud le lendemain. En avril, la police a effectué une descente à son domicile et interpellé son épouse, Nompendulo Nokuthula Mkhonta. Lors de sa garde à vue à Mbabane, elle a été victime d’actes de torture pendant qu’on l’interrogeait ; elle a été remise en liberté trois heures plus tard, sans avoir été inculpée.

La Commission des communications d’Eswatini n’a pas accordé les licences de radiodiffusion de courte durée demandées par le Réseau multimédia communautaire du Swaziland pour le compte des radios communautaires du Shiselweni et du Lubombo. Ces licences devaient permettre à ces stations de radio de diffuser des informations destinées à sensibiliser la population au sujet du COVID-19. Le refus opposé par la Commission des communications était conforme aux directives de radiodiffusion, selon lesquelles deux licences ne pouvaient être octroyées à une même entité. Il s’expliquait aussi par des capacités humaines de traitement des demandes réduites pendant le confinement partiel.

La proposition de loi relative à la cybercriminalité et aux infractions informatiques, qui n’avait toujours pas été présentée au Parlement, prévoyait des peines de 10 ans d’emprisonnement et de lourdes amendes pour les journalistes accusés d’avoir publié de « fausses nouvelles » sur des sites d’actualité en ligne.

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