Guinée équatoriale - Rapport annuel 2020

carte Guinée équatoriale rapport annuel amnesty

République de Guinée équatoriale
Chef de l’État : Teodoro Obiang Nguema Mbasogo
Chef du gouvernement : Francisco Pascual Obama Asue

Cette année encore, les défenseur·e·s des droits humains ont été victimes de répression, et les ONG se sont heurtées à des obstacles administratifs les empêchant de s’enregistrer. Le droit à un procès équitable n’a pas été respecté. La police a eu recours à une force excessive et le droit à la liberté d’expression, s’agissant en particulier de l’accès à l’information, a été bafoué pendant la pandémie de COVID-19. Un projet de loi risquait d’être discriminatoire à l’encontre des personnes LGBTI et des travailleuses et travailleurs du sexe.

Contexte de la situation des droits humains en Guinée équatoriale

Le gouvernement avait pour ambition d’organiser des événements internationaux afin d’attirer des investissements étrangers, et il a signé de nouveaux contrats de forage avec des entreprises étrangères. Les affaires de corruption et de détournement de fonds ont continué de faire la une des médias. En février, la cour d’appel de Paris a condamné Teodoro Obiang Nguema Mangue, vice-président et fils du président, à trois ans de prison avec sursis et à 30 millions d’euros d’amende pour détournement de fonds.

En réponse à la pandémie de COVID-19, le gouvernement a déclaré en mars l’état d’urgence sanitaire, mesure assortie de dispositions restreignant les droits. Une partie des restrictions a été levée le 15 juin.
Le gouvernement a démissionné en août, après avoir reconnu sa responsabilité dans la crise économique, aggravée par la pandémie. Un nouveau gouvernement a été mis en place.

Liberté d’expression

Les autorités ont bafoué le droit à la liberté d’expression, en particulier en matière d’accès à l’information, pendant la pandémie de COVID-19. En mai, elles ont cessé de publier le nombre de cas de COVID-19, affirmant, pour justifier leur décision, que ces chiffres avaient été utilisés par leurs détracteurs pour discréditer l’action de santé publique qu’elles menaient.

Plus tard en mai, le ministère des Affaires étrangères a demandé à l’OMS de dessaisir sa représentante de ses responsabilités et de s’assurer qu’elle quitte la capitale, Malabo, immédiatement après que le gouvernement l’eut accusée de « falsifier les données » relatives aux contaminations par le coronavirus.
Le 15 avril, Nuria Obono Ndong Andeme, une infirmière, a été convoquée par le ministre de la Santé au sujet d’un message WhatsApp qu’elle avait envoyé à une amie et qui a circulé sur les réseaux sociaux. Elle s’y plaignait du manque d’oxygène à l’hôpital de Sampaka, à Malabo. Le lendemain, elle a comparu devant un juge, qui l’a placée en détention provisoire à la prison de Black Beach de Malabo. Elle a été remise en liberté sans inculpation le 21 avril.

Selon Reporters sans frontières, sept journalistes qui travaillaient pour la chaîne de télévision Asonga ont été suspendus de leurs fonctions en mai, après avoir critiqué publiquement le recours à la violence par les forces de défense et de sécurité pour faire respecter le confinement mis en place en réponse à la pandémie.

Recours excessif à la force

En avril, des vidéos ont été régulièrement publiées sur les réseaux sociaux afin de montrer le recours à la violence par les forces de police qui faisaient respecter le confinement. Nombre de personnes attaquées étaient des vendeurs et surtout des vendeuses de rue, dont les stands ont été détruits.

Droit à un procès équitable

En mars, 10 hommes ont été déclarés coupables par un tribunal militaire siégeant à Oveng Asem (une ville du continent), en lien avec leur appartenance au Mouvement pour la libération de la Troisième République de Guinée équatoriale (MLGE3R), un groupe d’opposition. Ils ont été condamnés, à l’issue d’un procès à huis clos, à un total de 734 ans d’emprisonnement pour trahison, offense au chef de l’État et espionnage. Quatre d’entre eux (deux ressortissants espagnols d’origine équato-guinéenne et deux Équato-Guinéens résidant en Espagne) avaient été enlevés au Soudan du Sud et transférés en Guinée équatoriale en novembre 2019. Pendant plusieurs mois personne n’a su où ils se trouvaient, jusqu’à ce qu’ils soient signalés à la prison de Black Beach puis transférés à celle de Mongomo, sur le continent. Les Espagnols n’ont pas été autorisés à s’entretenir avec les représentant·e·s de leur ambassade.

Défenseures et défenseurs des droits humains

Liberté d’association

Les autorités ont continué de placer des obstacles sur le chemin des ONG qui cherchaient à s’enregistrer. En 2019, dans le cadre de l’EPU des Nations unies, le gouvernement avait accepté les recommandations relatives à la modification de la Loi 1/1999 encadrant l’enregistrement des ONG, mais il ne l’avait toujours pas modifiée fin 2020.

En juin, la plateforme de la société civile Somos+ a déposé une demande d’enregistrement auprès du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales. Quelques jours plus tard, le ministère lui a répondu que cette demande devait être validée par la Direction générale des droits de l’homme, bien que cela ne soit pas requis par la loi. En août, des représentant·e·s de Somos+ ont rencontré le ministre de l’Intérieur, qui leur a posé des questions sur leur action et leur a rappelé que l’organisation devait être enregistrée pour pouvoir mener leurs activités.

Arrestations et détentions arbitraires

Joaquín Elo Ayeto, membre de Somos+, a été relâché sans explications en février. Il était incarcéré à la prison de Black Beach depuis presque un an, après avoir été arrêté arbitrairement en février 2019. Jugé en 2019 pour diffamation et menaces proférées à l’encontre du président, il n’a pourtant pas été informé de sa peine. Il a été libéré sur ordre du président, après une réunion entre ce dernier et le secrétaire général du parti d’opposition Convergence pour la démocratie sociale.

Discrimination

Un projet de loi portant sur le travail du sexe et les droits des personnes LGBTI faisait toujours l’objet de consultations à l’échelon ministériel. Si ce texte portait interdiction de certaines formes de discrimination, il comprenait une disposition visant à protéger « l’intégrité morale de la majorité sociale », ce qui perpétuerait implicitement les discriminations à l’encontre des personnes LGBTI et des travailleuses et travailleurs du sexe, et il interdisait les marches des fiertés. Le projet de loi imposait également au gouvernement d’établir une politique de « réintégration sociale » en faveur des personnes LGBTI qui renonceraient volontairement à leur homosexualité.

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