Les violations des droits des peuples autochtones et des personnes réfugiées ou demandeuses d’asile restaient préoccupantes. L’application des mesures prises par le gouvernement face à la pandémie de COVID-19 a été marquée par l’absence de transparence et d’obligation de rendre des comptes.
Contexte de la situation des droits humains en Australie
L’année a commencé avec des feux de forêt sans précédent. Trente-quatre personnes sont mortes et des milliers d’autres, contraintes de quitter leur foyer, n’avaient toujours pas pu rentrer chez elles. L’état d’urgence a été décrété en mars. Face à la pandémie de COVID-19, le gouvernement a imposé un confinement sur de vastes portions du territoire national.
Droits des peuples autochtones
Dans un contexte marqué par la tenue dans le monde entier de manifestations liées au mouvement #BlackLivesMatter, l’Australie était confrontée au fait que, depuis la remise des recommandations de la Commission royale d’enquête sur les morts d’Aborigènes en détention, en 1991, plus de 400 Aborigènes étaient morts alors qu’ils étaient aux mains de la police sans qu’aucun des fonctionnaires chargés de la détention n’ait jamais été inculpé.
La presse s’est fait l’écho du problème de la surreprésentation des Aborigènes dans le système carcéral, qui a aussi été pris davantage en considération dans les politiques publiques. Selon un rapport du Bureau australien des statistiques publié en septembre, les Aborigènes et les habitant·e·s des îles du détroit de Torres, qui ne représentaient que 5 % de l’ensemble de la population du pays, constituaient environ 29 % des personnes incarcérées.
La mobilisation en faveur du relèvement à 14 ans de l’âge de la responsabilité pénale (contre 10 actuellement) a recueilli un important soutien dans le grand public, mais le législateur national n’a pas souhaité mettre l’Australie en conformité avec les normes internationales. Près des trois cinquièmes des enfants en détention étaient aborigènes. Le Territoire de la capitale australienne a annoncé en août qu’il serait le premier territoire ou État du pays à porter l’âge de la responsabilité pénale à 14 ans.
Personnes réfugiées ou demandeuses d’asile
Le strict régime de détention des réfugié·e·s et demandeuses et demandeurs d’asile à l’extérieur des frontières a été appliqué pour la septième année. Au moins 241 personnes étaient détenues hors du territoire, bien que la Nouvelle-Zélande ait proposé à plusieurs reprises d’accueillir 150 réfugié·e·s par an au titre de la réinstallation.
Les personnes évacuées depuis des centres de détention de Papouasie-Nouvelle-Guinée, notamment de l’île de Manus, afin de recevoir des soins en Australie étaient toujours placées dans des lieux de détention dits « alternatifs » et ne savaient pas quand elles seraient remises en liberté.
La réouverture du centre de détention de l’île Christmas, en août, a suscité chez les personnes réfugiées ou demandeuses d’asile la crainte de rester privées de liberté pour une durée indéterminée.
En raison de la pandémie de COVID-19, l’Australie a suspendu en mars son programme de réinstallation à titre humanitaire. En revanche, le gouvernement a lancé en juillet la révision de son programme de parrainage citoyen pour les réfugié·e·s.
Droit de circuler librement
Les excès de zèle lors des contrôles de l’application des restrictions imposées face à la pandémie de COVID-19, le manque de transparence des directives données aux fonctionnaires de police en la matière, l’application disproportionnée des nouvelles dispositions aux populations marginalisées et la prorogation de l’état d’urgence ont suscité de vives préoccupations.
Pendant le confinement, les forces de police ont infligé des amendes à des vététistes, à des personnes qui avaient mis en ligne sur les réseaux sociaux d’anciennes photos de vacances ainsi qu’à une adolescente qui prenait une leçon de conduite. Ces amendes ont ensuite été annulées. Des Aborigènes vivant dans une grande promiscuité et des conditions inadéquates ont signalé avoir été harcelés par la police parce qu’il y avait trop de monde dans leur logement.
En juillet, 3 000 personnes de diverses origines ethniques qui vivaient dans des logements sociaux (sept immeubles au total) de Melbourne, dans l’État de Victoria, ont été placées sans préavis en « confinement strict » Ces hommes et ces femmes, dont beaucoup étaient des victimes de guerre ou de persécutions, se sont vu interdire de quitter leur foyer pour quelque raison que ce soit, sans avoir aucune idée de la date à laquelle le confinement serait levé. La médiatrice de l’État de Victoria a estimé que cette mesure était contraire à la législation de l’État relative aux droits humains.
La mise en place des restrictions dans le contexte du COVID-19 a coïncidé avec la tenue, dans tout le pays, de grandes manifestations en faveur des droits des Aborigènes. Certains responsables politiques ont affirmé que des cas de COVID-19 étaient liés aux manifestations, ce que les autorités de santé ont vigoureusement démenti.
Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexes
Plusieurs initiatives visant à modifier la législation de lutte contre la discrimination au niveau fédéral et des États ont été lancées au fil de l’année. Ces modifications feraient prévaloir le droit à la liberté de religion au détriment d’autres droits, notamment ceux des personnes LGBTI. Dans l’État de l’Australie-Méridionale et dans le Territoire de la capitale australienne, des progrès ont été enregistrés en ce qui concerne l’éradication des pratiques de « conversion » des personnes LGBTI.