Honduras - Rapport annuel 2021

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République du Honduras
Chef de l’État et du gouvernement : Juan Orlando Hernández

Les défenseur·e·s des droits humains ont continué d’être la cible d’attaques et de poursuites pénales infondées. Les autorités ont bloqué l’accès à l’avortement sécurisé et au mariage entre personnes du même sexe. Les responsables de l’application des lois ayant eu recours à une force excessive bénéficiaient d’une impunité persistante.

Contexte

Des élections générales se sont déroulées le 28 novembre et l’investiture de la présidente nouvellement élue, Xiomara Castro, devait avoir lieu en janvier 2022. La création de Zones d’emploi et de développement économique bénéficiant d’exonérations fiscales et de conditions de sécurité spéciales a déclenché des manifestations contre l’absence de consentement préalable, libre et éclairé des populations indigènes et des communautés afro-honduriennes concernées. Des milliers de Honduriens et Honduriennes ont souffert du passage des ouragans Eta et Iota, ainsi que de la violence et de la pauvreté, et ont été forcés de quitter leur pays, se dirigeant vers des régions plus septentrionales.

Impunité et recours excessif à la force

En février, Keyla Martínez est morte asphyxiée pendant sa détention par la police ; elle avait été arrêtée pour non-respect du couvre-feu imposé afin de juguler la propagation du COVID-19. Selon certaines informations, la police a réprimé les manifestations déclenchées par sa mort1.

Des victimes de la répression des manifestations postélectorales de 2017-2018, telles que Jhony Salgado2, Edwin Espinal et Raúl Álvarez, faisaient l’objet de poursuites judiciaires. Les agents de l’État, en revanche, n’ont pas eu à rendre de comptes pour les violations des droits humains commises par les forces de sécurité au cours de ces manifestations.

Plusieurs juges du parquet spécialisé dans la lutte contre les réseaux de corruption ont été soumis à des procédures pénales et disciplinaires qui pourraient avoir pour objectif de faire obstacle à leur travail.

Défenseur·e·s des droits humains

D’après l’ONG Global Witness, le Honduras occupait la deuxième place au classement mondial des pays comptant le plus grand nombre par habitant d’assassinats de défenseur·e·s des droits relatifs à la terre et à l’environnement. Pourtant, le pays n’avait toujours pas signé l’Accord régional sur l’accès à l’information, la participation publique et l’accès à la justice à propos des questions environnementales en Amérique latine et dans les Caraïbes (Accord d’Escazú).

En juillet, David Castillo, ancien dirigeant de l’entreprise Desarrollos Energéticos et responsable du projet de barrage hydroélectrique d’Agua Zarca, a été déclaré coupable, en tant que coauteur, de l’homicide de la défenseure des droits humains hondurienne Berta Cáceres en 2016. Il attendait toujours à la fin de l’année le prononcé de sa peine3.

On ignorait toujours où se trouvaient les quatre militants garifunas, membres de l’Organisation fraternelle noire du Honduras (OFRANEH), victimes d’une disparition forcée en juillet 20204.

Les défenseur·e·s des droits relatifs à la terre, au territoire et à l’environnement ont continué de faire l’objet de poursuites pénales infondées. Huit membres du Comité municipal de défense des biens publics et communs arrêtés en 2018 et 2019 étaient toujours incarcérés fin 20215.

En octobre, le Congrès a adopté des réformes qui risquaient de restreindre l’exercice des droits à la liberté de réunion et d’association ainsi que les garanties de transparence et l’accès à l’information, et d’entraver la défense des droits humains et les enquêtes et poursuites pour des faits de corruption.

Droits sexuels et reproductifs

En janvier, le Congrès a approuvé une réforme de la Constitution qui rendait plus difficile la suppression de l’interdiction de l’avortement et du mariage entre personnes du même sexe6. Un recours constitutionnel contre l’interdiction totale de l’avortement était en instance devant la Cour suprême à la fin de l’année.

En juin, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a jugé que le Honduras avait violé les droits à la vie et à l’intégrité de la personne de Vicky Hernández, femme transgenre travailleuse du sexe et militante tuée pendant le coup d’État de 2009.

“Honduras : Death of Keyla Martínez demands prompt, exhaustive and impartial investigation”, 9 février

« Honduras. Le parquet général doit abandonner les poursuites visant Jhony Salgado Fuentes », 9 août,

« Honduras. La déclaration de culpabilité de David Castillo est un pas vers la justice, mais l’entière vérité doit être révélée », 5 juillet

Honduras. Des militants indigènes sont toujours portés disparus (AMR 37/4671/2021), 2 septembre

“Honduras : Amnesty International urges authorities to immediately release eight prisoners of conscience”, 9 décembre

Les droits sexuels et reproductifs menacés (AMR 37/3594/2021), 28 janvier

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