Fidji - Rapport annuel 2022

République des Fidji
Chef de l’État : Wiliame Maivalili Katonivere
Chef du gouvernement : Sitiveni Ligamamada Rabuka (a remplacé Frank Bainimarama en décembre)

Le gouvernement a utilisé des lois répressives et des procès en diffamation pour faire taire les critiques. Une loi électorale, discriminatoire à l’égard des femmes mariées, a été promulguée. Des membres des forces de sécurité ont été tenus responsables de mauvais traitements infligés par le passé, mais des cas de recours inutile ou excessif à la force par la police ont encore été signalés.

Contexte

Les élections législatives qui ont eu lieu le 14 décembre ont entraîné le premier changement de gouvernement aux Fidji depuis le coup d’État de 2006, Sitiveni Ligamamada Rabuka, ancien Premier ministre, ayant remporté le soutien de la majorité du nouveau Parlement. L’une de ses premières mesures en tant que chef du gouvernement a été d’abroger les interdictions d’entrer dans le pays prononcées contre le vice-chancelier et président de l’Université du Pacifique Sud, Pal Ahluwalia, et l’universitaire Padma Lal.

Les chef·fe·s de gouvernement présents à la réunion des dirigeant·e·s du Forum des îles du Pacifique, organisée à Fidji en juillet, ont décidé de demander à la Cour internationale de justice un avis consultatif sur les obligations des États, au regard du droit international, concernant la protection des droits des générations actuelles et futures contre les effets néfastes du changement climatique.

Liberté d’expression

La liberté d’expression est restée restreinte du fait de la Loi relative à l’ordre public (modifiée en 2012) et de la Loi relative au développement de l’industrie des médias (2010). Des procès en diffamation et d’autres procédures à motivation politique ont visé des opposants politiques et d’autres critiques du gouvernement.

En novembre, l’avocat Richard Naidu a été déclaré coupable d’outrage à l’autorité de la justice pour avoir signalé sur les réseaux sociaux une faute d’orthographe dans une décision judiciaire. Il prévoyait d’interjeter appel ; Amnesty International et d’autres organisations non gouvernementales et associations de juristes ont engagé les autorités à annuler cette décision1.

En août, l’avocat et homme politique Aman Ravindra Singh a été condamné en son absence à 10 mois de prison pour outrage à l’autorité de la justice, parce qu’il n’aurait pas payé une amende qui lui avait été infligée à l’issue d’une action en diffamation lancée contre lui en 2018 par le Premier ministre de l’époque et le procureur général pour la publication sur Facebook d’un message critique à leur égard.

Les restrictions imposées à la couverture médiatique d’une visite du ministre chinois des Affaires étrangères aux Fidji, en février, ont également donné lieu à des préoccupations.

Violences fondées sur le genre et discrimination

Selon une étude publiée en mai par l’Université du Pacifique Sud, 80 % des femmes journalistes des Fidji étaient victimes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail.

La Haute Cour ne s’est pas prononcée sur un recours contre une nouvelle loi électorale discriminatoire à l’égard des femmes avant la clôture des inscriptions sur les listes électorales pour les élections législatives de décembre. On craignait que cette loi, qui obligeait les femmes souhaitant voter sous leur nom d’épouse à demander un changement de nom sur leur certificat de naissance, crée des obstacles à la participation des femmes au processus politique.

Torture et autres mauvais traitements

En mai, un policier a été suspendu de ses fonctions après que des images vidéo l’ont montré en train d’agresser violemment un conducteur de bus lors d’une arrestation dans la ville de Labasa.
En août, deux militaires et trois policiers ont été condamnés à quatre ans d’emprisonnement chacun pour avoir agressé sexuellement un prisonnier évadé, Iowane Benedito, en 2012. Pour deux des accusés, qui purgeaient déjà des peines de prison pour le viol, en 2014, de Vilikesa Soko (décédé des suites de ses blessures) et d’un autre homme, Senijeli Boila, la nouvelle peine a été prononcée de manière concurrente, ce qui signifie que la durée prévue de leur séjour en prison est restée inchangée.

Responsabilité des entreprises

En avril, à Suva, la Haute Cour a infligé une amende d’un million de dollars des Fidji (environ 433 000 dollars des États-Unis) à une société de développement immobilier liée, selon les médias, à la Chine, pour avoir détruit des mangroves et un récif corallien dans le cadre d’un projet de développement touristique sur l’île de Malolo.

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