Fidji - Rapport annuel 2023

Une loi restreignant les activités des médias a été abrogée, mais d’autres textes limitant les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique étaient toujours en vigueur. Les femmes étaient sous-représentées dans la fonction publique. Des obstacles juridiques entravant le droit de vote des femmes mariées ont été supprimés. Les travailleuses et travailleurs migrants demeuraient exposés à l’exploitation.

Contexte

Le nouveau gouvernement élu en décembre 2022 – il s’agissait du premier changement de gouvernement depuis le coup d’État de 2006 – a effectué la première année de son mandat.
Liberté d’expression et de réunion
En avril, le Parlement a abrogé la Loi relative au développement de l’industrie des médias (2010), qui prévoyait des peines d’amende et d’emprisonnement pour les journalistes et les médias en cas de publication d’informations allant « à l’encontre des intérêts nationaux ». Cependant, la Loi relative à l’ordre public, les dispositions sur la sédition de la Loi relative à la criminalité, ainsi que d’autres dispositions restrictives de la législation étaient toujours en vigueur.
La police a adopté une approche restrictive concernant le maintien de l’ordre lors des manifestations, mais le gouvernement a davantage respecté le droit de réunion pacifique. Le 25 août, la police a empêché des membres du parti politique Fidji d’abord de participer à une manifestation pacifique contre le rejet par le Japon, dans l’océan Pacifique, d’eaux usées issues de la centrale nucléaire de Fukushima. En mars, la police a essayé de bloquer une marche « Reclaim the Night » organisée dans le cadre de la lutte contre la violence à l’égard des femmes. Cette manifestation a finalement pu avoir lieu à la suite d’une intervention ministérielle.
En juillet, la Haute Cour a annulé en appel la condamnation de l’avocat Richard Naidu, qui avait été déclaré coupable, en 2022, d’outrage à l’autorité de la justice pour avoir publiquement signalé une faute d’orthographe dans une décision judiciaire.
En février, le chef de l’opposition et ancien Premier ministre Frank Bainimarama s’est retiré du Parlement après en avoir été suspendu pour avoir critiqué le nouveau Premier ministre et le chef de l’État récemment élu. Soupçonnés d’ingérence dans une enquête policière menée en 2020 à la suite de plaintes dénonçant des malversations financières à l’Université du Pacifique Sud, Frank Bainimarama et l’ancien commissaire de police Sitiveni Qiliho ont été poursuivis pour détournement du cours de la justice et abus de pouvoir, respectivement. Ils ont bénéficié d’un non-lieu en octobre.

Discrimination

En mai, le Parlement a abrogé une modification de la Loi électorale, supprimant ainsi l’obligation faite aux femmes mariées souhaitant voter sous leur nom d’épouse de demander au préalable une modification de leur nom sur leur acte de naissance.
Malgré l’engagement pris par le nouveau gouvernement d’accroître la représentation des femmes dans la fonction publique, le Mouvement fidjien des droits des femmes a constaté que, depuis 2020, les postes occupés par des femmes au sein de commissions et conseils d’administration publics stagnaient à 20 %. En 2023, les femmes n’occupaient que 10 % des sièges au Parlement.
Le Centre de crise pour les femmes de Fidji a enregistré un plus grand nombre de signalements de viol qu’en 2022.

Droit à un environnement sain

Dans une affaire engagée par des représentants d’un peuple autochtone de l’île de Malolo, la Haute Cour a jugé en avril que l’entreprise Freesoul Real Estate Development, liée à des intérêts chinois, était civilement responsable de la destruction illégale d’un récif de corail et de mangroves pour laquelle elle avait été condamnée à payer une amende en 2022.

Droits des personnes migrantes

En septembre, les autorités ont abrogé les visas de sept Sud-Coréens occupant des postes de direction au sein de l’entreprise Grace Road Company, entreprise qui faisait depuis 2018 l’objet d’allégations selon lesquelles des travailleuses et travailleurs migrants étaient maltraités. Ce groupe, qui était à la tête d’une église, de plusieurs restaurants et d’autres commerces dans le pays, employait quelque 400 personnes venues de Corée du Sud. Selon les médias, ces travailleuses et travailleurs migrants auraient été brutalisés et exploités : leurs salaires ne leur auraient pas été versés, leurs passeports auraient été confisqués et ils auraient subi des violences physiques, notamment. Deux des sept cadres dirigeants dont les visas avaient été abrogés ont été expulsés.

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