Communiqué de presse

Gambie : un militant a été libéré mais on reste sans nouvelles d’un journaliste

Un militant gambien placé en détention par les autorités après avoir pacifiquement exprimé son opinion vient d’être libéré, mais on est toujours sans nouvelle d’un journaliste « disparu » depuis sept ans, a déclaré Amnesty International.

L’imam Baba Leigh, dignitaire musulman et militant de premier plan, a été remis en liberté après avoir été incarcéré pendant plus de cinq mois dans un lieu inconnu pour avoir publiquement condamné l’exécution de neuf détenus à la prison Mile 2 en août 2012.

Il a été arrêté le 3 décembre 2012 par deux membres de l’Agence nationale de renseignements, qui lui ont dit qu’ils l’emmenaient à leur quartier général pour l’y interroger.

Dans les faits, l’imam Baba Leigh a été soumis à une disparition forcée. Il n’a jamais été inculpé, ni déféré devant un tribunal, et n’a pas été autorisé à contacter un avocat ou sa famille pendant son incarcération. À l’époque, Amnesty International l’avait adopté comme prisonnier d’opinion.

La raison de sa libération est inconnue, mais selon des informations relayées par les médias, le président l’aurait gracié.

En 2009, la rapporteure spéciale sur la liberté d’expression et l’accès à l’information de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a fait part de son inquiétude concernant les menaces proférées par le président Yayah Jammeh à l’égard de l’imam Leigh, qui avait critiqué le chef d’État.

« C’est tragique, mais ce qui est arrivé à l’imam Baba Leigh n’est pas inhabituel en Gambie, où les autorités semblent mener une campagne prenant la forme d’arrestations illégales, de manœuvres de harcèlement et de menaces de mort contre quiconque ose s’exprimer haut et fort sur les droits humains », a précisé Lisa Sherman-Nikolaus, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

Des journalistes, des avocats et des défenseurs des droits humains ont été la cible d’une nouvelle vague d’arrestations et de manœuvres de harcèlement qui s’est intensifiée après les exécutions d’août l’an dernier.

Les autorités s’en sont notamment prises à ceux qui ont dénoncé l’exécution de neuf détenus à la prison Mile 2 – les premières exécutions dans le pays en 30 ans. D’autres ont été incarcérés après avoir critiqué d’autres politiques gouvernementales ou les autorités elles-mêmes.

Ebrima Manneh, un journaliste travaillant pour le Daily Observer, quotidien d’opposition, a été arrêté par des agents gouvernementaux en 2006. Personne ne l’a revu depuis. On ignore toujours tout de son sort.

Il n’a jamais été inculpé d’une infraction, et le gouvernement assure qu’il ne se trouve pas sous sa garde. Le gouvernement a récemment affirmé qu’il avait été vu aux États-Unis, mais sa famille a nié ces allégations avec véhémence. Il figure toujours sur la liste des personnes disparues publiée sur le site Internet d’Interpol.

« La disparition d’Ebrima Manneh est extrêmement inquiétante. Cela fait des années que personne ne l’a vu ni obtenu de ses nouvelles. Beaucoup craignent qu’il ne soit mort mais nous ne saurons sans doute jamais quel sort lui a été réservé, à moins que le gouvernement ne révèle ce qui est arrivé », a expliqué Lisa Sherman-Nikolaus.

Plusieurs autres personnes connues ont été prises pour cible et arrêtées, souvent sans avoir été inculpées d’infractions reconnues par la loi. Certaines ont été maintenues en détention sans comparaître devant un juge pendant plus de 72 heures – durée maximale fixée par la loi –, ou ont été libérées après avoir versé une caution très élevée et se sont vu ordonner de se présenter quotidiennement devant les forces de sécurité.

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