L’ÉDITO - LES ARMES CACHÉES DE L’EUROPE

À Madrid, en Espagne, des militants montrent du doigt des leaders mondiaux pour promouvoir un traité sur le commerce des armes et sauver de nombreuses vies (mars 2013). Peu après, l'ONU a adopté un nouveau traité donnant une place centrale aux droits humains. © Amnesty International

Ne boudons pas notre plaisir : l’adoption par l’Assemblée Générale des Nations unies d’un traité sur le commerce de armes constitue un pas en avant important. Vous trouverez dans ce numéro des informations qui rappellent combien ce texte est capital. Il y a encore du travail pour faire en sorte qu’il soit mis en oeuvre (tout le cycle des signatures-ratifications, etc.) par un maximum de pays, et cela va prendre du temps et de l’énergie.

Mais comme tout traité international, il est le résultat d’un compromis et ne recèle pas toutes les avancées que nous souhaitions y voir.

Ce texte est encore en deçà de nos obligations européennes, en ce qui concerne le commerce des armes. Et malgré ces contraintes européennes ou plutôt en les respectant au pied de la lettre, nous pouvons en toute impunité continuer à vendre des armes à l’Arabie saoudite (un des principaux clients de la FN) comme nous l’avons fait avec la Libye de Kadhafi. C’est dire la marge qui reste encore aux marchands d’armes à travers le monde.

Mais ce qui est encore plus hypocrite sans doute, c’est que les populations chassées par les conflits que nos armes contribuent à alimenter sont rejetées à nos frontières. Des milliers de migrants sont morts en essayant de rentrer en Europe ces dernières années. Ces personnes fuyaient les guerres et la misère, et nous les avons littéralement laissées se noyer en Méditerranée. Il est une arme qui tue en silence. Terriblement efficace. Elle s’appelle l’indifférence.

Philippe Hensmans,
directeur d’Amnesty International Belgique francophone

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