Kenya — Un homme abattu par un policier à Nairobi au cours d’une manifestation contre les expulsions forcées

Amnesty International a exhorté les autorités kenyanes à enquêter sur la mort d’un marchand qui aurait été abattu par un policier lors d’une manifestation contre les expulsions forcées dans un bidonville de Nairobi.

Jackson Maina Kihato, 74 ans, a été tué lundi 19 juillet après avoir tenté de protester contre les coups portés par un policier à une femme au cours d’une manifestation à Kabete NITD. Les manifestations se suivent dans ce bidonville depuis qu’environ 1 000 personnes ont perdu leurs habitations et leurs étals de marchés lors d’une expulsion forcée de grande ampleur le 10 juillet.

Environ 1 000 personnes ont perdu leur habitation et leur étal de marché à Kabete NITD©AI« Un homme qui avait perdu son logement et sa source de revenus la semaine dernière lors d’une expulsion forcée a été abattu pour avoir tenté de défendre une habitante de son quartier de la violence policière, a déclaré Justus Nyang’aya, directeur de la section kenyane d’Amnesty International. L’auteur présumé de cette attaque choquante et vraisemblablement injustifiée doit être déféré à la justice immédiatement. »

Les participants de la manifestation de lundi – principalement des marchandes ayant perdu leur étal et leur logement au cours des démolitions de la semaine dernière – avaient barré la route située à côté du site d’expulsion rasé afin de protester.

Des policiers sont arrivés et ont tenté de disperser les manifestants avec du gaz lacrymogène. Cette mesure ne suffisant pas, ils ont commencé à frapper les manifestants à coups de matraque.

Jackson Maina Kihato s’est approché d’un policier pour protester contre les coups portés par l’un de ses collègues à une femme. Le policier lui aurait alors tiré à bout portant dans la poitrine.

Jackson Maina Kihato et son épouse étaient tous deux marchands à Kabete NITD avant que ce bidonville ne soit démoli.

«  Il faut qu’une aide humanitaire soit fournie aux victimes des expulsions forcées à Kabete NITD et que celles-ci soient indemnisées pour les pertes qu’ils ont subies, a souligné Justus Nyang’aya. La force employée par la police kenyane pour disperser les manifestants non armés était excessive et inacceptable. »

Le 10 juillet, des bulldozers envoyés par la municipalité de Nairobi ont démoli une centaine d’habitations et 470 étals de marché à Kabete NITD sans en avoir informé officiellement les habitants au préalable.

Des habitants en colère auraient affronté des policiers armés au cours des jours qui ont suivi, alors que des violences éclataient dans le quartier.

Les expulsions ont laissé sans abri des centaines de personnes, principalement des femmes et des enfants. Nombre d’entre elles dorment dehors, sans couvertures ni vêtements chauds, et sans argent pour se procurer de la nourriture ou d’autres biens de première nécessité. Selon les habitants, un autre secteur du bidonville de Kabete risque également d’être démoli.

Kabete NITD (Native Industrial Training Department) a été fondé en 1974 par des ouvriers qui construisaient une route. Les terres appartiennent au Département vétérinaire du gouvernement du Kenya – même si elles ont fait l’objet d’autres revendications foncières et de menaces répétées d’expulsion.

En mai 2010, les commerçants établis sur la route de Kangemi ont été réinstallés par l’administration provinciale sur des terres inoccupées de Kabete NITD. Cette réinstallation s’est déroulée, sans violence, au terme de plusieurs mois de consultation et de négociation.

En revanche, les expulsions forcées ont été menées à Kabete NITD sans aucune garantie et en négligeant totalement le projet de relogement auparavant accepté par les habitants.

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