Darfour : le défenseur des droits humains, Mudawi Ibrahim Adam risque la peine de mort

Mudawi Ibrahim Adam, militant des droits humains et directeur de l’Organisation soudanaise de développement social, a été appréhendé chez lui, à Khartoum (capitale du Soudan), le 28 décembre 2003. Il a tout d’abord été détenu en vertu de l’article 31 de la Loi relative aux forces de sécurité nationales dans le Centre de sécurité nationale, puis dans la section réservée aux prisonniers politiques de la prison de Kober. Il est actuellement détenu par la police avec des prisonniers de droit commun et a été autorisé à recevoir la visite de sa femme et d’un avocat en présence de policiers. Il n’a apparemment droit ni aux livres ni aux journaux mais il est autorisé à regarder la télévision.

Mudawi Ibrahim Adam a entamé une grève de la faim pour obtenir sa libération ou son inculpation. Il y a mis fin au bout de deux jours, lorsqu’il a été conduit devant le procureur général. Le 8 février, il a été inculpé de crimes contre l’État en vertu des articles 50, 51 et 56 du Code pénal ; ces crimes sont passibles de la peine de mort et les auteurs présumés de tels actes ne peuvent être libérés sous caution. Il a également été inculpé d’incitation à la haine envers et entre les sectes, en vertu des articles 63 et 64 du Code pénal. Amnesty International craint que son procès ne soit pas équitable et qu’il ne soit condamné à mort.

L’Organisation soudanaise de développement social, une association bénévole créée pour promouvoir un développement durable et le respect des droits fondamentaux, a organisé un certain nombre d’ateliers sur des sujets liés aux droits humains. Elle mène également des activités humanitaires et a ainsi récemment fourni des biens non alimentaires à des personnes déplacées à l’intérieur du Darfour, dans l’ouest du Soudan. Le Darfour est le théâtre d’un conflit armé interne qui oppose actuellement des groupes d’opposition armés aux forces gouvernementales soudanaises ainsi qu’à des milices arabes favorables au gouvernement. Mudawi Ibrahim Adam s’était récemment rendu dans le Darfour ; l’Organisation soudanaise de développement social est l’une des rares organisations soudanaises qui ont activement participé à des opérations humanitaires et mené des activités en faveur des droits humains dans cette région.

Au Soudan, les défenseurs des droits humains sont fréquemment harcelés par les forces de sécurité. Amnesty International a publié récemment un rapport sur la situation des droits humains dans le Darfour. Les personnes soupçonnées de soutenir l’opposition armée dans le Darfour sont presque systématiquement torturées par les forces de sécurité nationales ou par les services de renseignements militaires. Les forces de sécurité ont également torturé des personnes ayant tenté d’obtenir ou de fournir des informations sur cette région. Ainsi, en mai 2003, le journaliste Yusuf al Bashir Musa a été arrêté et passé à tabac par des membres de ces forces, dans le Darfour. Cet homme attend toujours qu’une enquête soit menée sur les actes de torture qu’il a subis.

Amnesty International demande instamment :

• la libération immédiate et inconditionnelle de Mudawi Ibrahim Adam qu’elle considère comme un prisonnier d’opinion car il a été placé en détention uniquement pour avoir exprimé, de façon pourtant pacifique, ses opinions et pour avoir mené des activités légales de défenseur des droits humains ;

• que Mudawi Ibrahim Adam soit autorisé à recevoir immédiatement et sans restriction la visite de sa famille et à communiquer de manière confidentielle avec son avocat ;

• que les militants des droits humains ne soient plus harcelés et arrêtés.

Passez à l’action ! Vous pouvez envoyer cette lettre en anglais avant le 1 avril 2004.

Mr Ali Mohamed Osman Yassin

Minister of Justice and Attorney General

Ministry of Justice, Khartoum, Sudan

Dear Minister,

As a supporter of Amnesty International Belgium I would like to express my deep concern about the arbitrary arrest of Dr Mudawi Ibrahim Adam, a Sudanese human rights activist and Director of the Sudan Social Development Organization (SUDO), in Khartoum on 28 December 2003.

Amnesty International is calling for his immediate and unconditional release since he is considered as a prisoner of conscience, detained solely for the peaceful expression of his opinions and lawful work.

I am also urging the Sudanese authorities to give Mudawi Ibrahim Adam immediate and unrestricted access to his family and confidential access to his legal counsel.

All human rights defenders throughout the world would highly welcome an end to the harassment and detention of human rights activists.

I thank you for your personal intervention in this case.

Yours faithfully,

(signature)

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