PAS DE PAIX SANS JUSTICE

Après vingt mois d’attaques, d’homicides, de viols et de manœuvres de harcèlement à grande échelle, la population du Darfour, dans l’Ouest du Soudan, n’est toujours pas protégée. Justice ne lui a toujours pas été rendue.

Milices Janwawid incorporées à la police ou à l'armée"Je veux être vengée pour ce que les Janjawid m’ont fait, mais je ne fais pas confiance à la police. Pour moi, les policiers sont comme les Janjawid. Je ne peux pas porter plainte auprès de la police, car les policiers s’en prendraient encore plus à moi ; des Janjawid travaillent au sein de la police et certains policiers sont des Janjawid." (Écolière enceinte dans le Darfour septentrional ; elle a été violée par quatre Janjawid, miliciens favorables au gouvernement.)

Les victimes d’atteintes flagrantes aux droits humains sont intimidées, effrayées, poussées à la méfiance pour les dissuader de réclamer justice. Parallèlement, les auteurs présumés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ne sont pas inquiétés.

« [...] J’ai signalé le meurtre de mon frère à la police, mais ils m’ont dit d’aller voir les forces armées.
Je me suis alors rendu à la Sécurité où l’on m’a à nouveau dit de signaler les faits aux forces armées.
À chaque fois, à la police comme à la Sécurité, j’ai dû donner de l’argent ; cela m’a coûté 35 millions [de livres soudanaises] en tout. Ensuite, quelqu’un a dû contacter un membre de l’armée à Saraf Omra et, le 20 août 2003, j’ai été arrêté. Les forces armées m’ont emmené dans un camp militaire près de Kebkabiya. Là, j’ai été passé à tabac, on m’a ligoté les chevilles et les bras et j’ai été suspendu à un arbre du matin au soir. Ils m’ont dit : "Vous soutenez l’opposition armée, toi et ton frère. Où avez-vous trouvé le camion et les marchandises ?".
"J’ai été maintenu en détention pendant douze jours, passé à tabac cinq fois par jour, avant la prière, après le lever du soleil, la nuit... J’ai été libéré grâce à l’un de mes frères, qui a donné sept millions de livres à un homme des services de renseignement de l’armée. [...] Jusqu’ici, je ne suis parvenu à rien, pas même à dénoncer les faits. [...] Même si vous signalez les faits à la police, après on vient vous arrêter. "
(Frère d’une personne qui aurait été exécutée de façon extrajudiciaire par les forces armées du Darfour occidental.)

Policier au camp de Kalma
Ainsi, les victimes ne connaissent pas de répit et les responsables présumés demeurent impunis.

Pour rappel, depuis février 2003, plus de 50.000 civils ont été tués et des milliers de femmes ou enfants ont été violées au Darfour, lors d’attaques imputables au gouvernement soudanais et aux milices nomades alliées aux autorités, connues sous le nom de Janjawid. Un million et demi de personnes ont dû fuir leur habitation et vivent dans des camps précaires aux alentours des villes du Darfour.
Le commissaire européen au Développement et à l’Assistance humanitaire, Louis Michel, en visite fin novembre au Darfour, a dénoncé les violations continues des cessez-le-feu par les différentes parties du conflit. Entre-temps, les attaques contre les civils se poursuivent. Les habitants du Darfour aspirent ardemment à obtenir justice mais il n’y a plus d’Etat de droit au Darfour....

AIDEZ LES VICTIMES DU DARFOUR À OBTENIR JUSTICE !

En envoyant le modèle de lettre ci-dessous :

Monsieur le Vice-Président,

Après plus de vingt mois d’attaques, d’homicides, de viols, et de déplacements forcés à grande échelle, la population du Darfour n’est toujours pas en sécurité.

Auprès de qui pourrait-elle porter plainte ?

Les victimes d’atteintes flagrantes aux droits humains sont intimidées, effrayées, poussées à la méfiance pour les empêcher de prendre la parole et les dissuader de réclamer justice.

Parallèlement, les auteurs présumés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ne sont pas inquiétés.

Monsieur le Vice-Président, face à cette situation dramatique, je vous demande instamment d’agir très concrètement et en urgence afin :
 de permettre à tous les individus citoyens soudanais sont de bénéficier sans aucune discrimination d’une protection égale de devant la loi ;
 de faire en sorte que toutes les allégations ou plaintes concernant de graves atteintes aux droits humains fassent l’objet -dans les meilleurs délais- d’une enquête indépendante et impartiale ;
 de porter devant la justice et juger toutes les personnes ayant tué illégalement ou ordonné ou commis des actes de torture dans le respect des normes internationales d’équité ;
 d’assurer réparations aux victimes, sous forme notamment d’indemnisation et de restitution ;

Ne doutant pas que cet appel saura retenir toute votre attention, je vous prie de recevoir l’expression de ma haute considération.

Signature

Destinataire :
Premier Vice-président :
Mr Ali Osman Mohamed Taha
First Vice-President
People’s Palace
PO Box 281, Khartoum, Soudan
Fax : + 249 183 771025/779977

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