Écrire Des militants antiesclavagistes arrêtés arbitrairement

Deux membres de l’organisation antiesclavagiste Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) ont été arrêtés arbitrairement les 7 et 9 août à Nouakchott, dans l’ouest de la Mauritanie. Biram Dah Abeid, président de l’IRA et candidat aux élections parlementaires de septembre, et Abdellahi el Housein Mesoud ont été inculpés et privés d’assistance juridique.
Le 7 août, Biram Dah Abeid, président de l’organisation antiesclavagiste Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) et ancien candidat à l’élection présidentielle, a été arrêté chez lui, le jour de la nomination des candidats aux élections parlementaires, auxquelles il était candidat. Aucun mandat n’a été présenté au moment de son arrestation et il a été informé que cette arrestation faisait suite à « un ordre qui venait d’en haut ». Les élections ont eu lieu le 1er septembre.
Le 9 août, Abdellahi el Housein Mesoud, également membre de l’IRA, a été arrêté à Nouakchott, dans l’ouest de la Mauritanie. L’arrestation des deux membres de l’IRA est liée à une plainte déposée par un journaliste accusant Biram Dah Abeid de l’avoir menacé en raison d’un documentaire télévisé que le journaliste avait réalisé sur lui. Les avocats de Biram Dah Abeid et d’Abdellahi el Housein Mesoud ont été empêchés à plusieurs reprises de voir leurs clients pendant leur détention à la prison civile de Nouakchott. Le 13 août, Biram Dah Abeid a été inculpé d’« atteinte volontaire à la vie et l’intégrité d’autrui », d’« incitation à l’atteinte volontaire à la vie » et de « menaces d’usage de la violence ». Abdellahi el Housein Mesoud a été inculpé de « complicité ». Leurs avocats n’ont pas été autorisés à consulter le rapport de police et les éléments de preuve présentés par l’accusation. Les procédures dont ils ont fait l’objet sont entachées d’irrégularités ; ils ont notamment été détenus sans inculpation pendant six jours sans pouvoir consulter leurs avocats.
Amnesty International considère que le moment de leur arrestation et les fréquentes mesures de harcèlement judiciaire contre des membres de l’IRA laissent penser que les poursuites, engagées à l’approche des élections, sont motivées par des considérations politiques.

Les militants et organisations non gouvernementales faisant campagne contre l’esclavage en Mauritanie voient depuis longtemps leurs tentatives de s’exprimer et de travailler librement réprimées.

Ces dernières années, Biram Dah Abeid a été incarcéré à trois reprises. En janvier 2015, le tribunal de Rosso a condamné deux membres de l’IRA, dont Biram Dah Abeid, à deux ans d’emprisonnement pour « appartenance à une organisation non reconnue », « participation à une réunion non autorisée » et « violences à l’encontre d’agents des forces de sécurité ». Les militants faisaient campagne contre l’esclavage et sensibilisaient la population locale au sujet des droits à la terre des descendants d’esclaves. Leurs peines ont été confirmées en août 2015 par la cour d’appel d’Aleg. Cependant, la Cour suprême a ordonné leur libération le 17 mai 2016, alors qu’ils avaient déjà passé 18 mois derrière les barreaux.
En août 2016, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a conclu que la détention des militants était arbitraire du fait qu’ils avaient été arrêtés pour leur travail en tant que défenseurs des droits humains, qu’ils n’avaient pas eu droit à un procès équitable et, dans le cas de Biram Dah Abeid, qu’il avait été la cible de discrimination en tant que membre de la communauté haratine, car il avait subi une détention plus longue dans des conditions différentes de celles des autres détenus.

En 2012, des chefs d’accusation liés à l’apostasie ont également été portés contre le président de l’IRA, Biram Dah Abeid. Biram Dah Abeid avait été arrêté le 28 avril 2012 avec 11 membres de l’IRA après avoir brûlé plusieurs livres rédigés par des lettrés islamistes qui invoquaient des motifs religieux pour légitimer l’esclavage. Ils étaient poursuivis pour « atteinte à la sécurité nationale », « outrage aux bonnes mœurs », « gestion d’une organisation non autorisée » et « crime d’apostasie ».
En janvier 2011, Biram Dah Abeid et d’autres membres de l’IRA-Mauritanie ont été condamnés à un an d’emprisonnement pour « coups et blessures sur des policiers » et « trouble à l’ordre public », parce qu’ils avaient organisé un rassemblement devant un poste de police de Nouakchott, dans l’ouest de la Mauritanie. Ils ont été graciés en mars 2011.

Nom : Biram Dah Abeid et Abdellahi el Housein Mesoud
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