Écrire Descente dans les locaux d’une organisation de lutte contre l’impunité

Le 21 juin, des hommes armés non identifiés ont mis à sac les locaux de l’organisation Impunity Watch, au Guatemala. Toutes les personnes travaillant pour l’organisation ont besoin d’une protection immédiate.

Le 21 juin, peu après 17 heures, trois hommes armés et masqués ont fait irruption de force dans les locaux de l’organisation internationale Impunity Watch, au Guatemala. D’après des employés de l’organisation, les assaillants ont approché une secrétaire qui sortait et l’ont forcée à ouvrir la porte. Ils lui ont ensuite bandé les yeux, l’ont bâillonnée avec du scotch et ont mis à sac les locaux. Les hommes lui ont hurlé « où sont les fichiers ? », et l’ont questionnée sur « les fichiers du gros avocat » avant de s’enfuir lorsqu’on a sonné à la porte.

Cette descente dans les locaux de l’organisation Impunity Watch a eu lieu deux jours avant l’audience concernant l’affaire de Marco Antonio Molina Theissen, un adolescent qui a disparu en 1981 pendant la guerre civile au Guatemala, lorsqu’il a été enlevé chez lui par des hommes armés. Alejandro Rodríguez, un chercheur travaillant à Impunity Watch, représente la famille de Marco Molina Theissen.

Impunity Watch a indiqué que la secrétaire était indemne et qu’ils n’avaient pas déterminé si des fichiers avaient été volés, mais que les fichiers relatifs à l’affaire Molina Theissen n’étaient pas conservés dans leurs bureaux.

En janvier, quatre anciens militaires ont été arrêtés et inculpés dans le cadre de cette affaire. Une audience concernant la détention provisoire des accusés était prévue pour le 23 juin, mais a été suspendue le jour même pour que l’affaire puisse être déférée devant un Tribunal de Haut Risque. Alejandro Rodríguez a déclaré que des membres de la famille Molina Theissen avaient été victimes de harcèlement sur Internet en raison de l’affaire.

Impunity Watch travaille depuis plusieurs années sur des affaires de violations des droits humains commises au Guatemala pendant le long conflit armé interne (1960-1996).

Une commission vérité soutenue par l’ONU a estimé que quelque 200 000 personnes ont été tuées ou ont disparu pendant la guerre civile au Guatemala. Plus de 80 % des victimes étaient des indigènes mayas. Le procès contre l’ancien dirigeant militaire, José Efraín Ríos Montt, pour des accusations de génocide et de crimes contre l’humanité a été suspendu et repoussé à plusieurs reprises.

Cependant, deux anciens militaires ont été condamnés en février à la suite d’une décision historique, pour leur implication dans des actes de violence sexuelle et d’esclavage domestique dont onze femmes indigènes ont été victimes dans une base militaire pendant le conflit interne. Début juin, le Tribunal de Haut Risque A de la ville de Guatemala a statué que huit anciens militaires devaient être jugés pour des accusations liées à des affaires de disparitions forcées et à des meurtres commis dans une base militaire aujourd’hui connue sous le nom de Creompaz, dans la région d’Alta Verapaz, dans le nord du pays. Ces nouveaux procès, en plus de l’affaire Molina Theissen, représentent un signe encourageant que le pays prend de nouvelles mesures pour que justice soit faite. Impunity Watch a accompagné des victimes dans certaines de ces affaires de premier plan.

Les procès ont divisé une grande partie de la société guatémaltèque et des partisans de l’armée ont organisé des manifestations publiques. D’après des organisations de défense des droits humains locales, ces procès ont également créé un climat de menaces et de harcèlement pour les personnes impliquées dans ces affaires ou les soutenant.

La procureure générale Thelma Aldana, qui a supervisé la plupart de ces affaires très médiatisées et qui est très impliquée dans l’instruction des affaires de corruption à haut niveau dans le pays, a également été soumise à une intense attention publique. Elle a publié un message sur Facebook le 20 juin déclarant que pour la première fois depuis le début de son mandat, elle avait peur.

Action terminée

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit