Écrire Un examen médicolegal conclut a une absence de torture, malgré des écchymoses visibles

Le procès du journaliste Bobomourod Abdoullaïev a commencé le 7 mars. Au cours de l’audience, il a retiré son t-shirt pour montrer des ecchymoses sur son corps, dues selon lui à la torture. Le 15 mars, le juge a annoncé que l’examen médicolégal qu’il avait ordonné pour enquêter sur les allégations de torture du journaliste n’avait mis en évidence aucune preuve de torture.
Le procès de Bobomourod Abdoullaïev, journaliste ouzbek, et de trois autres accusés a débuté le 7 mars devant le tribunal de Tachkent. L’audience était ouverte au public. Au cours de l’audience, l’avocat de Bobomourod Abdoullaïev a soumis une requête au juge, lui demandant d’ouvrir une enquête sur les allégations de son client, selon lesquelles il avait été torturé en détention pour l’obliger à « avouer ». Bobomourod Abdoullaïev a retiré son t-shirt dans la salle d’audience pour montrer des ecchymoses sur son corps, dues selon lui à la torture. Le juge a accepté la requête de l’avocat et a ordonné un examen médicolégal, citant le décret présidentiel publié en novembre 2017 sur l’irrecevabilité des preuves obtenues sous la torture. Le procès a repris dans un délai très court, le 15 mars. Bobomourod Abdoullaïev a clamé son innocence et a insisté sans relâche qu’il avait été torturé. Cependant, le juge a annoncé que l’examen médicolégal qu’il avait ordonné pour enquêter sur les allégations de torture n’avait mis en évidence aucune preuve de torture, et les « aveux » de Bobomourod Abdoullaïev ont été retenus à titre de preuve. Des observateurs ont exprimé leur inquiétude que l’examen n’ait pas été approfondi et indépendant, et qu’il n’ait pas pris en compte toutes les informations fournies par la défense.
Quatre autres audiences ont eu lieu depuis – toutes ont été ouvertes au public et le juge a autorisé les prévenus à témoigner longuement. Le 25 mars, Bobomourod Abdoullaïev a été autorisé à témoigner pendant 90 minutes. Il a donné plus de preuves de torture, notamment des menaces de violences sexuelles contre sa femme et sa mère âgée, ainsi que des tentatives du Service de la sécurité nationale de fomenter un coup d’État et d’en accuser Muhammad Salih, le chef exilé du parti d’opposition interdit Erk. Bobomourod Abdoullaïev a également admis avoir écrit sous le pseudonyme « Usman Khaknazarov », mais il a expliqué qu’il s’agissait d’un pseudonyme « générique » également utilisé par d’autres personnes pour publier des articles critiques. Il a cependant nié avoir transmis des informations à Muhammad Salih ou écrit des articles appelant à renverser le régime ouzbek.

Bobomourod Abdoullaïev est journaliste indépendant et commentateur sportif. Le 27 septembre 2017, il a été arrêté par des agents du Service de la sécurité nationale (SSN, renommé par la suite) à Tachkent pour avoir prétendument tenté de renverser l’ordre constitutionnel de la République d’Ouzbékistan. Les agents du SSN l’ont accusé d’avoir écrit des articles appelant à un changement de régime violent, sous le pseudonyme « Usman Khaknazarov », sur ordre de Muhammad Salih, le chef exilé du parti d’opposition interdit Erk. Bobomourod Abdoullaïev a admis en mars 2018 qu’il avait utilisé ce pseudonyme pour publier des articles critiques, mais pas qu’il était l’auteur de ceux appelant à la violence. Ce pseudonyme a été utilisé par d’autres personnes pour publier des articles critiques de manière anonyme. Un des coaccusés de Bobomourod Abdoullaïev a également été accusé d’avoir mis en ligne des articles signés « Usman Khaknazarov ».
Muhammad Salih s’est exilé au début des années 1990 après que les autorités eurent lancé une campagne contre les partis d’opposition en Ouzbékistan. Des centaines de militants de l’opposition, leur famille et leur entourage ont été placés en détention arbitrairement lors des vagues d’arrestations qui ont suivi. En 1999, Muhammad Salih a été inculpé d’organisation d’une attaque terroriste à Tachkent et condamné à 15 ans d’emprisonnement par coutumace. Trois de ses frères, dont le journaliste Muhammad Bekzhanov, et beaucoup de personnes de son entourage et sympathisants du parti Erk ont été placés en détention, torturés pour qu’ils « avouent » des accusations forgées de toutes pièces et condamnés à de longues peines d’emprisonnement, souvent dans des conditions inhumaines de détention. Muhammad Salih vit en exil à Istanbul (Turquie). Il a monté le Mouvement populaire d’Ouzbékistan (Narodnoé Dvijenié Ouzbekistana en russe) afin d’unir les groupes d’opposition exilés en 2011.
Depuis son arrestation, Bobomourod Abdoullaïev est incarcéré dans l’un des centres de détention les plus tristement célèbres du pays, où la torture est couramment pratiquée. Les recherches effectuées par Amnesty International montrent que des prisonniers sont torturés dans ce centre, notamment dans des salles d’interrogatoire, des cellules disciplinaires, les sanitaires et les douches, ainsi que dans des pièces insonorisées prévues à cet effet, aux murs capitonnés de caoutchouc. Les agents du SSN ont mis en garde les proches de Bobomourod Abdoullaïev contre toute tentative d’alerter les organisations de défense des droits humains ou la presse. Ils n’ont autorisé le journaliste à consulter l’avocat de son choix que dix semaines après son arrestation, de manière limitée et sous leur surveillance. Le 26 décembre 2017, le SSN a accusé son avocat de présenter au public une image déformée de l’affaire et a contraint Bobomourod Abdoullaïev à congédier celui-ci au profit d’un avocat commis d’office. Le 10 janvier, Bobomourod Abdoullaïev a confié à sa famille, lors d’une brève visite, que des agents du SSN en civil l’avaient agressé dans la rue près de son domicile le 27 septembre, lui avaient mis une cagoule sur la tête et attaché les mains dans le dos, l’avaient roué de coups, notamment de pied, et l’avaient contraint à monter dans une voiture à l’arrêt.
En mars 2018, un décret présidentiel a changé le nom du Service de la sécurité nationale (SSN) en Service de sécurité de l’État (connu sous son acronyme russe, SGB), modifié certaines de ses fonctions et transféré certains de ses services au bureau du procureur général. L’ancien siège du SSN à Tachkent a été fermé et le personnel a déménagé aux nouveaux bureaux centraux du SGB.
Nom : Bobomourod Abdoullaïev
Homme

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