Écrire Un membre de l’opposition fait l’objet d’accusations forgées de toutes pièces

Adam Azim, un membre de l’opposition politique, a été arrêté et fait l’objet d’accusations forgées de toutes pièces aux Maldives, après avoir critiqué le gouvernement lors d’un entretien à la télévision. Il est actuellement détenu dans une prison sur l’île de Dhoonidhoo. S’il est déclaré coupable, il encourt jusqu’à 17 ans d’emprisonnement.

Adam Azim, 46 ans, est un défenseur de la démocratie connu aux Maldives, et un ministre du cabinet fantôme de l’alliance de l’opposition, Maldives United Opposition (MUO). Le 8 juin, peu après son retour aux Maldives après une visite en Europe, Adam Azim a accordé un entretien à la chaîne de télévision privée Sangu TV. À cette occasion, il a critiqué le manque d’indépendance du système judiciaire, ainsi que la corruption présumée de certains représentants du gouvernement. Quelques heures après cet entretien, il a été arrêté par la police à son domicile, dans la capitale, Malé.

D’après le mandat d’arrêt, Adam Azim est accusé d’incitation à l’émeute et au renversement du gouvernement par la force, ainsi que de résistance à des policiers et d’entrave à l’administration de la loi (au titre des articles 532, 533 et 610 du Code pénal). S’il est déclaré coupable et condamné, il risque jusqu’à 17 ans d’emprisonnement.

Depuis son arrestation, Adam Azim a été déplacé dans une prison sur l’île de Dhoonidhoo, près de Malé, où le tribunal pénal a ordonné son maintien en détention jusqu’au 14 juin, date de son audience. Il peut s’entretenir avec ses avocats, et sa famille a pu lui rendre visite en prison le 13 juin. Amnesty International pense qu’Adam Azim a été pris pour cible uniquement en raison de l’exercice pacifique de son droit à la liberté d’expression, et l’organisation demande aux autorités des Maldives de le libérer immédiatement et sans condition. Son arrestation s’inscrit dans le cadre d’une vaste répression des opposants politiques, des professionnels des médias et des militants aux Maldives qui s’est intensifiée ces derniers mois.

Adam Azim est l’un des militants qui s’est le plus exprimé en faveur de la libération de son frère, le colonel Mohamed Nazim, emprisonné en 2015 après un procès qu’Amnesty International, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire et d’autres organisations ont qualifié de contraire aux règles d’équité les plus élémentaires. En mai 2017, Adam Azim a fait partie d’une délégation de la MUO qui s’est rendue dans quelques pays européens pour souligner la détérioration de la situation des droits humains aux Maldives.

Adam Azim a été nommé directeur général de l’Organisme Commercial d’État quand Abdulla Yameen est devenu président en 2013, mais il a démissionné quand son frère, le colonel Mohamed Nazim, a été arrêté en 2015. En mars 2015, Mohamed Nazim a été condamné à 11 ans de prison à l’issue d’un procès d’une iniquité flagrante pour détention d’une arme sans autorisation.

Adam Azim est depuis l’un des militants qui s’est le plus exprimé en faveur de la libération de son frère. En janvier 2017, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a conclu que Mohamed Nazim était emprisonné arbitrairement, son procès ayant été entaché de graves irrégularités et n’ayant pas respecté les normes internationales en matière d’équité. Bien que le Groupe de travail ait recommandé la libération immédiate de Mohamed Nazim, il est toujours assigné à résidence à Malé.

L’arrestation d’Adam Azim s’inscrit dans le cadre d’une vaste répression des opposants politiques et des militants aux Maldives qui s’est intensifiée ces derniers mois. Les autorités ont en effet recours à des manœuvres de harcèlement et à des accusations forgées de toutes pièces contre un grand nombre de personnes. En avril, par exemple, Gasim Ibrahim, le dirigeant du parti d’opposition Jumhoree, a été arrêté parce qu’il était soupçonné de corruption et d’avoir tenté de renverser le gouvernement. Ses avocats affirment que ces arrestations sont motivées par des considérations politiques.

Au cours de l’année écoulée, les restrictions de la liberté d’expression aux Maldives se sont également accentuées. En août 2016, le Parlement a adopté une loi érigeant en infraction la diffamation, ce qui a été largement critiqué par les groupes de défense des droits humains et les organes de presse car cela pénalisait l’expression pacifique et contribuait à l’auto-censure. En 2016, des organes de presse privés ont fait l’objet de manœuvres de harcèlement sous la forme de plaintes et d’interdictions. Haveeru, DhiTV, AdduLIVE et Channel News Maldives ont notamment été bloqués ou forcés de fermer. Amnesty International a également signalé qu’un grand nombre de professionnels des médias et de militants ont été harcelés et détenus en mars et avril 2017, alors que la critique s’organisait contre le gouvernement au sujet de la proposition d’un projet de développement impliquant l’Arabie saoudite.

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